À vrai dire, je ne m'attendais à rien. Au mieux, un petit film sympa ; au pire… Passons. Eh bien, j'avais TOUT FAUX. "Petit film", certes (cela dit sans le moindre sens péjoratif), mais formidable. Un charme fou. J'ai depuis longtemps renoncé à voir des films avec des stars (françaises ou étrangères). Je ne supporte de moins en moins les acteurs et actrices connu(e)s qu'on voit partout et tout le temps. Pour cette raison, je ne vais voir que des "films d'auteur" étrangers : Iran, Japon, Corée, Argentine, Brésil, Norvège, Afrique, Maghreb, Turquie… tous les pays me vont. Je boude les films français. C'est mal, je sais. Je ne les boude pas tous non plus. Mais, c'est vrai, rien ne me plaît tant que de ne connaître aucun comédien, d'être immergé dans une langue que je ne comprends pas, dans des contrées inconnues, avec une musique jamais entendue : dépaysement garanti. 1 fiction + 1 voyage pour le prix d'un ticket. Si en plus le film est bon, c'est le bonheur. Mais ça ne marche pas à chaque fois ; la pioche n'est pas forcément satisfaisante à tous les coups. Parfois, je me plante. Mais une chose est sûre : plus le pays est éloigné et le dépaysement marqué, plus mon seuil d'exigence baisse. Autrement dit, le film aura beau être médiocre, j'y trouverai mon compte. Tout cela pour dire que j'ai ressenti avec À L'ABORDAGE le même sentiment que je ressens quand je vois ces films d'auteur étrangers : j'ai été emmené ailleurs. Ce ne sont évidemment pas vraiment les paysages qui m'ont fait voyager (bien qu'ils soient magnifiques) mais les comédiens, et cette petite magie qui circule entre les personnages, due à la baguette de l'enchanteur- réalisateur. Bravo à lui ! Oui, les acteurs et les actrices sont vraiment excellents. Forcément, une mention spéciales aux deux "principaux", Eric Nantchouang et Sélif Cissé, drôles et émouvants, et, surtout, d'une justesse rare. Mais je ne veux pas oublier les autres : l'ensemble de la distribution est d'un niveau de jeu très élevé (certaines "stars " qu'on se coltine à longueur d'années devraient retourner prendre des cours). En somme, cette petite histoire de rien du tout – un garçon tombe amoureux d'une fille –, est dotée d'un charme qui nous ensorcelle, et l'on se prend à vibrer avec les personnages, et l'on se surprend d'avoir (presque) les larmes aux yeux quand l'émotion nous gagne. Humour-émotion, ce cocktail si convoité mais si difficile à atteindre est ici atteint, finement et pudiquement. On n'est pas dans l'artillerie lourde. Ce film est un hymne à la vie, à l'amour, aux rencontres fortuites, à l'audace, aux dés qu'on jette, et à cet incompréhensible mais merveilleux labyrinthe qu'est le monde. Non, je ne m'attendais à rien en allant voir ce film en ce dimanche matin 9h00, et certainement pas à en sortir bouleversé.