Le titre n’indique pas un péplum représentant des légions romaines en vacances je ne sais où. Non, loin de là. Nous avons ici une très bonne petite comédie comme il s’en faisait dans la plus grande simplicité avec un scénario aussi simple que possible. La mouture me fait penser un peu à ces sketches que les humoristes produisent : ils partent d’un tout petit truc, et ensuite ils brodent. Mais une princesse qui se cavale parce qu’elle l’a décidé, tout simplement parce qu’elle en avait plus qu’assez de ces protocoles barbants et imposés, pour réaliser tout ce qu’elle désirait, voilà une idée intéressante, ce qui valut un Oscar à Dalton Trumbo pour la meilleure histoire originale. Dans les faits, je suppose que tout jeune héritier du trône a dû réellement rêver de s’échapper de cette vie forcément officielle et épiée de tous. Pour représenter cela, et Audrey Hepburn a été choisie, ce qui fut un bon choix puisque ni le spectateur ni les professionnels n’ont été déçus, récompensée qu’elle a été par un Oscar pour ce rôle. Mise à son avantage par les costumes (eux aussi récompensés), elle forme avec Gregory Peck un excellent duo. Et il fonctionne bien. Très bien même. Si bien que la rencontre de leur personnage est tout à fait épique et drôle. Gregory Peck est tout en subtilité, balançant habilement entre la prévenance et la goujaterie. Quelques gags sont présents, sans être trop nombreux, mais ils sont efficaces.
Je pense notamment à la scène de l’escalier lorsqu’il amène sa trouvaille chez lui.
Lui est en fait journaliste, et se prend à rêver d’un scoop sans précédent, lui faisant espérer une véritable petite fortune. Pour appuyer ses propos, il lui faut bien entendu des photos comme preuves incontournables. Le 3ème larron (Eddie Albert, délicieux en homme un peu long à la comprenette d’ailleurs nominé à l’occasion de la 26ème cérémonie des Oscars) entre alors en piste et c’est alors que nous visitons la ville éternelle en long, en large, et en travers. Il est presque regrettable que nous ne puissions profiter des innombrables merveilles que comporte la ville de Rome à cause du noir et blanc, mais une version colorisée enlèverait du charme à l’histoire. La crédibilité a été le souci du réalisateur William Wyler, soulignant l’excellent jeu des acteurs, convaincants jusque dans les scènes d’amour où les baisers n’étaient encore qu’une simple pression des lèvres pourtant chargées de passion. Pour autant, le cinéaste n’est pas tombé dans le piège du happy end, cela aurait enlevé de la crédibilité et ruiné tout le film. "Vacances romaines" est une production que je ne connaissais pas, et que je ne regrette pas d’avoir vu, les 113 minutes étant passées très vite. Heureusement qu’il y a des chaînes comme Arte ou France 5 pour nous passer de temps à autres de tels films, faisant découvrir aux générations actuelles pourquoi nous avons hérité du 7ème art, certes aujourd’hui bien différent de celui d’antan. Et il vaut le coup d’œil, d’autant plus qu’être en course pour 10 statuettes, dont celle du meilleur film et du meilleur réalisateur, ce ne fut pas rien. Vous ne pouvez qu’être séduits, surtout avec une si belle photographie proposée (elle aussi nominée), mais à condition de le voir d’un œil pas trop moderne.