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Moorhuhn
146 abonnés
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5,0
Publiée le 8 octobre 2011
Ouah… Et moi qui m’attendais à un Bergman mineur ! L’Heure du loup est un film vraiment étonnant et, qui plus est, d’une grande puissance. Une plongée cauchemardesque dans l’inconscient qui ronge l’artiste, un inconscient mêlant fantasmes et tourments. J’aborderais d’abord l’exceptionnel travail sur l’image qui a été titanesque. La photographie du film est juste magnifique, l’Heure du loup présente sûrement l’un des plus beaux Noir & Blanc de l’histoire du Cinéma, Nykvist a fait un boulot du tonnerre pour sublimer déjà l’excellente mise en scène d’un Bergman des grands jours. Certains plans sont tout bonnement magnifiques et le mot est faible ! (La séquence sur la falaise, le couple enlacé au milieu du linge…) De plus le film n’est pas avare en passages marquants avec cette intro et ce monologue de Liv Ullman, la scène avec l’enfant, les séquences dans le château… Certaines scènes sont vraiment d’une puissance suggestive effarante, on sent encore chez Bergman cette influence tout droit sortie du cinéma muet avec ces séquences sans dialogues, avec seulement l’action sous nos yeux. Le film offre également une structure narrative assez originale, le film semble s’éloigner de toute structure banale pour offrir un montage final pour le moins épatant. Bergman nous perd entre réalité et rêve de par son scenario mais aussi grâce à son excellent travail de réalisation, pour moi ce film est l’illustration-même que Bergman était un des plus grands cinéastes au monde, un grand artiste. Quand on regarde l’Heure du loup, il est impossible de ne pas penser à ce chef d’œuvre qu’est Huit et Demi de Federico Fellini. Les deux œuvres abordent les doutes de l’artiste face aux nombreux tourments qui l’habitent même si le Fellini souligne davantage une pression extérieure qui appuie les délires de son personnage principal tandis qu’ici on parle plutôt d’une douleur interne. On pense également à Persona, sorti quelques années avant, qui semble être le contraire de l’Heure du loup, ce dernier contant plus une rupture tandis que Persona expose une fusion. Le scenario du film est d’un génie fou tant il nous perd habilement et ça, Bergman le fait avec une facilité déconcertante ! Nous sommes sans cesse perdus, j’ai cru ressentir les mêmes tourments que le personnage interprété par Max Von Sydow qui, au passage, prouve une nouvelle fois qu’il est un grand grand acteur. Une performance époustouflante à laquelle s’ajoute celle de la non moins géniale Liv Ullman. En fin de compte, l’Heure du Loup est une œuvre d’une beauté saisissante qui sublime cette atmosphère glaciale et cauchemardesque. Une œuvre majeure de Bergman, l’un de ses meilleurs films à mes yeux du moins, un véritable chef d’œuvre !
Un Bergman comme je les aime! Sacrée introspection pour représenter les démons qui l'habitent, Ingmar nous sort un film fantastique à la mise en scène magistrale, au noir et blanc somptueux et des scènes d'une grande intensité sans oublier un casting exceptionnel filmé au plus près...
Scénario moins impressionnant que d'autres films de l'époque du cinéaste mais cette oeuvre reste fascinante. La manière de filmé est incroyable, folie et hallucinations multiples émaillent le film. La dernière demi heure est particulièrement étrange quasi horrifique.
C’est dans la veine la plus expérimentale et la plus psychanalysante du cinéma de Bergman, et, dans cette veine-là, ce que j’ai vu de plus réussi jusqu'à présent (c’est même supérieur à mon avis à « Persona »). On passe avec un naturel confondant du quotidien à de l’irréel fait de remémorations, de simples apparitions ou de séquences oniriques. Le réalisateur se joue des conventions dramatiques avec une extrême virtuosité. On approche au plus près de la cruauté feutrée et sans limite des pulsions refoulées, et, ce qu’il y a de plus terrifiant, sans une once de complaisance ou de gratuité (comme dans un quelconque film d’épouvante), avec une totale authenticité. Il n’y a peut-être que David Lynch dans ses meilleurs moments qui ait su aussi bien restituer la logique onirique. Un diamant noir du maître suédois, au plus profond de sa part d‘ombre...
C'est pas la peine d'avoir fait plusieurs années de psychanalyse et d'avoir lu tout Freud pour deviner très vite que le personnage de Max Von Sydow n'a pas toute sa tête (et c'est un bel euphémisme!!!). Et le spectateur qui pense qu'il va avoir droit à son lot de scènes bien anxiogènes aura totalement raison. A noter aussi que thème majeur du grand cinéaste suédois oblige, on assiste aussi à la destruction d'abord progressive puis brutale d'un couple. Quelques scènes mémorables dans un film composé principalement des visions d'un schizophrène, allez le meurtre de l'enfant volontairement filmé avec une photo bien sombre très surexposée mais ce sont surtout celles qui se "déroulent" dans le manoir qui marquent, jouant beaucoup sur la claustrophobie du pauvre spectateur et aussi parfois sur l'effet de surprise (la scène des yeux, ouah!!!). Atteignant parfois les sommets de "Persona", "L'Heure du loup" est ce que l'on peut appeler un film d'horreur psychanalytique.
Le gros point de ce film est sa photographie. Son sublime noir et blanc et sa magnifique réalisation. De grands travelling (que j'adore) et de très beau plans en arrière (que j'adore aussi). Par contre le scénario est compliqué. Une histoire d'amour, un homme complexe, qui ne parle pas, qui garde tout pour lui, qui dessine, juste. Et une femme, sans grand caractère. Alma (la femme), se demande si la névrose de son mari ne va pas empiéter sur son moral, deux êtres unis pour ne faire qu'un ("comme le dit la bible"), et donc ressentir les mêmes choses, penser les même choses et avoir les même traits. Leur amour va se transformer en peur. La musique utilisé est aussi très spéciale, mais va bien avec le reste. Deux grands moments: l'heure du loup et lorsque Johan explique à Alma comment il a eu se morsure (cette scène est parfaite. Musique, plan choisis, réalisation). Quelques incompréhensions. L'homme dit ne pas savoir si, lorsqu'il est dans la réalité, il n'est pas dans un rêve. Alors les personnages secondaires, réal ou irréel ?
Assez particulier, il n'y a plus de frontière entre le rêve (cauchemar) et la réalité pour les personnages donc on manque de repères. L'élément qui reste constant par contre c'est la qualité des images, presque hypnotique par moments et évidemment celle des acteurs, Liv Ullmann une nouvelle fois superbe.
Un peintre suédois paumé sur une île déserte avec sa femme essaye de comprendre pourquoi il se réveille tous les jours à 5 heures du matin ("l'heure du loup" dans les ballades scandinaves) et fait des rêves angoissants. Essai de comprehension onirique. Les films de Bergman sont toujours très intelligents. Ce film devrait plaire à tous les fans de David Lynch.
«Alma, en lisant le journal intime de Johan, découvre les fantasmes de son mari qui sont la base de ce film». Voici le carton d’introduction du film qui ne ment pas sur ce que nous allons voir : une mise en images (et quelles images!) des fantasmes d’un artiste en proie à ses obsessions. L’heure du loup est un véritable cauchemar éveillé, d’une terrible noirceur, dont on distingue mal les passages «réels» de ceux fantasmés. Johan est-il sujet à de constantes hallucinations? Les autres habitants de l’île existent-ils vraiment ou sont-ils le fruit de ses visions et de celles de sa femme, contaminée par les angoisses de son mari? Johan est-il la victime d’une revanche machiavélique suite au meurtre d’un jeune enfant? A-t’il réellement commis ce crime?... Autant de questions qui peuvent donner lieu à de multiples interprétations. Mais l’intérêt du film n’est pas là. Ce qui importe, c’est la manière avec laquelle Bergman sonde l’inconscient de ses personnages et nous rend tangibles leurs terreurs. La scène du meurtre de l’enfant, le retour de Johan au château de Von Merkens,… sont autant de moments d’anthologie parmi les scènes les plus étranges, les plus anxiogènes et en même temps d’une considérable richesse du point de vue de l’analyse psychologique et thématique, que Bergman, et donc que le cinéma, nous ait offerts. On ne sait que vanter le plus dans ce film: l’extraordinaire qualité de la mise en scène, notamment dans les passages fantastico-oniriques, la perfection du jeu des acteurs, la richesse psychologique du propos,… Difficile de sortir totalement indemnes d’une telle expérience dont on peut aisément appréhender l’influence considérable qu’elle a laissée au cinéma, enfantant de nombreux rejetons (on peut notamment penser à Lynch) qui ne parviendront cependant jamais à retrouver toute la force d’une telle œuvre. Film un peu trop oublié de Bergman, L’heure du loup est pourtant l’un de ses plus grands chefs d’œuvre et il va s’en dire, l’un de mes films préférés.
«L'heure du loup» est un film curieusement méconnu, et pourtant l'un des quatre ou cinq plus grands chefs-d'oeuvre de Bergman. Film fantastique assez hermétique, il présente une réflexion sur le processus de la création artistique (cfr la scène centrale de la représentation de «Die Zauberflöte» de Mozart) et sur l'art comme sublimation du monde intérieur de l'artiste. Il déroule par ailleurs le fil d'un récit profondément pessimiste qui nous montre un peintre schizophrène en lutte avec ses fantasmes et qui est finalement anéanti par les chimères issues de son imagination. L'interprétation qui peut en être donnée ne coule pas de source tant le propos est délibérément équivoque. Mais, tout comme pour «Persona» dans la descendance duquel «L'heure du loup» se situe immédiatement, l'essentiel n'est pas là. Bergman vise ici la perfection intrinsèque de l'objet cinématographique et le contenu du film n'est en définitive qu'une métaphore du processus qui mène à sa production. Comme pour «Persona», la réussite est totale. Le réalisateur suédois nous offre par ailleurs ici son film le plus puissamment onirique, au point que le spectateur éprouve quelque peine à discerner immédiatement ce qui relève du réel et du cauchemar. Les images sont bien évidemment, on s'en doute, d'une beauté inoubliable et la musique, répondant, comme dans «Persona», à une syntaxe délibérément avant-gardiste, est remarquable. Max von Sydow est au-dessus de tout éloge dans le rôle du peintre et Liv Ullmann lui donne une réplique parfaite dans le rôle de l'épouse. «L'heure du loup» est une nouvelle fois l'un de ces joyaux que j'emporte sur mon île. J'invite, si ce n'est déjà fait, à le découvrir d'urgence!
Un Bergman qui ne figure quasiment jamais sur la liste de ses chefs d'oeuvre avérés. Et pourtant! Plongée foudroyante dans le processus de la création, de la mémoire, de l'intimité du couple, et de la culpabilité, "L'Heure du Loup" peut bien manquer d'une certaine cohérence, ou bien montrer un certain hermétisme, mais rarement le vertige n'aura été aussi tangible, charnelle et l'unité du physique et de la métaphysique plus totale. De plus, c'est d'une audacité visuelle que seuls "Un Chien Andalou" ou "Huit et Demie" ont atteint. Bergman encore et toujours.