Difficile de savoir ce qui a poussé Adrian Lyne, 81 ans, à remettre le couvert, deux décennies après son dernier long-métrage, Infidèle (décidément) et à adapter Patricia Highsmith (le film de Michel Deville est loin dans la mémoire, hélas, mais il était forcément meilleur, cela n'est pas difficile, que celui du cinéaste britannique). Lyne n'a pas changé de style depuis les années 80, plat illustrateur dans Eaux profondes, d'une histoire censée troublante qui met aux prises un couple étrangement assorti, à savoir une probable nymphomane et un possible psychopathe. Le second n'a strictement aucun intérêt tandis que son épouse pourrait en avoir, éventuellement, si son comportement avait un minimum de cohérence vis-à-vis de son conjoint, par ailleurs "cultivateur" d'escargots (un détail sans importance, en effet), et s'il n'y avait pas, au fond, de vieux relents de misogynie rance, derrière tout cela.. Il se passe quoi, en fin de compte, dans ce film grotesque avec deux riches oisifs qui passent leurs soirées dans des réceptions arrosées et futiles et s'occupent de leur fillette, quand il leur reste un peu de temps ? Les personnages secondaires sont aussi superficiels que l'intrigue, pour ne pas dire ridicules, et les quelques crudités dans des dialogues ineptes de même que quelques gestes frileusement "osés" tentent de nous faire croire, sans succès, que nous sommes en présence d'un thriller (rires) érotique (nouveaux rires). Ben Affleck, avec sa barbe permanente de 3 jours, semble s'ennuyer fort (au moins, il aura pu faire quelques hectomètres de VTT dans les bois) tandis que la splendide Ana de Armas (que l'on se souvienne de Cuban Network) essaie tant bien que mal de comprendre la psychologie de cette femme fractale. Mais à l'impossible, nul n'est tenu.