Après «BOOKSMART» une comédie adolescente quasi-inaperçu : l’actrice et désormais réalisatrice Olivia Wilde [dont je ne connaissais pas le travail avant] est de retour avec un nouveau film plus audacieux. Dans «Don’t Worry Darling», elle nous raconte le quotidien d’un couple de jeune mariés : Alice et Jack Chambers qui vivent dans une espèce de banlieu à l’américaine dans les années 50. Madame passe son temps à la maison, fumer avec ses amies ou faire du shopping. Quand Monsieur travail pour le mystérieux projet «Victory». Un jour un évènement tragique vient tout remettre en doute...La frontière entre réalité et fiction deviens
Déjà ce qui nous épate dans le film que ce soit dans l’écriture et surtout la mise en scène, c’est cette envie d’Olivia Wilde d’à la fois nous rappeler certains codes mais aussi de nous surprendre. Car quand on voit «Don’t Worry Darling» il y a réellement cette impression de déjà vu mais aussi de découvrir quand même quelques choses. Le film se situe d’ailleurs à mi-chemin entre le thriller du type «Big Little Lies», «Black Swan» avec cette ambiance stylisée mais très anxyongène. Puis cette inspiration très distopique presque de science-fiction comme dans «Inception» pour nous, ou «Matrix» selon la principale concernée. Pour cela elle instaure une ambiance très confortable que ce soit certes dans son aspect visuel, dont nous parlerons plus loin, mais surtout par sa bande son qui n’hésite pas à écumer toute les standarts américains de la période 50’s. Dont étrangement la plupart ne sont pas si connus, à l’exception du «Who Sorry Now» que Craig Gillespie utilisait déjà comme outil promotionel de son «Cruella» il y a deux ans. A l’instar d’Emerald Fennell dans «Promising Young Woman», elle brise parfois ce climat avec des musiques plus anxyogène qui nous rappelle que nous aurions tord de nous satisfaire de cette ambiance. Et que même lorsqu’une musique douce apparaît, souvent c’est qu’il y aura une musique plus sombre par la suite, pour une scène plus inconfortable que la précèdente. C’est un procédé que je trouve intéressant mais si on pouvait être magnanime concernant «Promising Young Woman», là je pense honnêtemen qu’Olivia Wilde aurait du plus pousser la chose. Après il y a d’autre choix de mises en scène que j’ai beaucoup apprécier. Notament les scènes psychadéliques en noir et blanc avec toute ces danseuses qui rappellent les chorégraphies de Busby Berkeley dans nombreux de ses films dont «Footlight Parade» (1933). C’est un spectacle à part entièrre - toujours très impressionant à voir et très à propos aussi, qui ne sert pas à faire du remplissage mais réellement illustrer le propos. Globalement, je n’ai rien à redire ni sur le jeu comme actrice ni sur le talent de réalisatrice d’Olivia Wilde. Que ce soit l’une ou l’autre casquette : elle se débrouille très bien. Après, c’est vraiment entant que cinéaste qu’elle s’épanouie dans son film. Sa réalisation est ambitieuse, très maitrisée, envoutante. Elle pourrais devenir l’un des grands talents de demain avec plus d’expérience.
Visuellement le film est une réussite. Que ce soit dans ses décors ou ses costumes, «Don’t Worry Darling» nous restitue parfaitement cette idéalisation que nous pouvons avoir pour les années 50. Ce qui renforce ce sentiment d’attachement au film. Bizzarement, on a l’impression d’être basculer à nouveau dans une époque et que les vêtements des personnages que ce soit les tenues du quotidien ou celle des soirées sont des originaux. Une scène en est d’ailleurs la quintessence, c’est celle de la soirée. Les hommes sont tous très chics et propres sur eux comme dans «Mad Men». Et ces dames rappellent les profils des héroïnes de «La Couleur des sentiments» ou «Velvet». Le visuel du long-métrage et ce côté superficiel est d’ailleurs ce qui rends le film intéressant sur la forme comme sur le fond. De toute façon le film est un hommage aux codes des œuvres cinématographiques de ces années là.
L’autre exemple probant qui corrobore cette idée, est évidemment la scène de course poursuite en voiture dans le désert ou Florence Pugh qui incarne l’héroïne est poursuivit par les squid games, rappelle évidemment celle du culte «La Mort aux Trousse».
Ce n’est donc pas là qu’il faut trouver des noises au film.
Mais réellement dans son scénario. L’idée est très bonne même si on sent le réchauffer. Pourtant, il manque de véritables développements sur pas mal d’aspect : le personnage de Bunny, celui de Shelley, la fin et le twist assez grossier, les messages féministes pas toujours bien aborder. Bref dans l’ensemble hormis le personnage d’Alice, ou de Frank, le gourou...il y a un manque de travail évident . J’en attendais beaucoup plus et à ce niveau là je suis pas mal déçu. D’ailleurs, c’est en général très stéréotypés et pour un film qui devez révolutionner le genre, à part se reposer sur des acquis pré-établis, il ne fais pas grand-chose. C’est ronronnant au possible. Le montage n’aide pas d’ailleurs, ni la musique. Donc cela je trouve ça dommage. Côté casting, on reste sur du très bons. Hormis Harry Styles dont le personnage n’est nullement développer et qui en plus joue comme un pied et livre une performance désastreuse, on reste sur du très bons. Olivia Wilde est très bien dans ce rôle qui lui va comme un gant. Chris Pine a un rôle totalement à contre-emploi et est juste incroyable. Il apporte beaucoup de nuances et de profondeur à un personnage pas évident et parfois maladroit dans l’écriture. Gemma Chan est peu présente dans le film, mais à nouveau, elle dévoile une nouvelle palettes d’émotions très intéressantes. C’est une excellente actrice, et j’espère qu’elle aura droit à être mis sur le devant de la scène dans des rôles principaux, prochainement. Après le gros nom du film, c’est Florence Pugh – toujours au plus haut niveau. C’est peu de dire qu’elle porte le film sur ses épaules. Elle est le meilleur atout de «Don’t Worry Darling». Son personnage est bien écrit, il est vrai, mais en plus elle joue extrèmement bien. Son jeu est fouillé, rechercher et jamais manichéen. Elle est flamboyante, attachante. Si «The Young Lady», «Midsommar», «Les Filles du Docteur» nous la révéler : «Don’t Worry Darling» lui permets véritablement de voler de ses propres ailes. Son interprétation pourrait sans doutes lui valoir sa seconde nomination à l’Oscar cette fois comme meilleure actrice. La prochaine «Meryl Streep» c’est elle. Et «Don’t Worry Darling» n’est qu’un autre morceau de choix dans une filmographie qui s’annonce passionnante et déjà très diverses.
En conclusion, même si «Don’t Worry Darling» n’est pas le chef d’œuvre attendue, il n’en reste pas moins un excellent divertissement. C’est un thriller tout de même audacieux qui bénéficie d’une belle ambition, et qui est visuellement éclatante. Maladroit dans son propos, il a permis deux talents prometteurs d’atteindre de nouveaux sommets et de totalement se révéler. D’un côté Olivia Wilde qui s’épanouie entant que réalisatrice prometteuse. De l’autre miss Florence Pugh qui confirme qu’elle est l’une des plus brillantes actrices américaines à l’heure actuelle.
NB : il sera tout de même dans mon TOP 10 - des films de l'année 2022.