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Kurosawa
591 abonnés
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5,0
Publiée le 9 novembre 2016
Fable politique et humaniste, "L'Intendant Sansho" est un film déchirant, l'un des plus beaux du monde. Et pourtant, un grand nombre de cinéastes seraient tombés dans le misérabilisme et la cruauté complaisante devant une telle histoire, dont le tragique est annoncé d'emblée, comme pour signaler au spectateur que l'humour n'aura pas sa place lors des deux heures qui vont suivre et que l'issue risque d'être terrible. Mais si "L'Intendant Sansho" est aussi immense, c'est parce que le regard que porte Mizoguchi sur ses personnages est noble et respectueux et parce que le cinéaste leur accorde toujours cette liberté d'espérer et de croire en leurs valeurs, celles d'un père exilé qui aura inculqué à son fils la morale suivante : "Sois dur avec toi même, généreux envers autrui". Ces mots, Zushio et sa sœur Anju ne les oublieront jamais, même si une fois esclaves, l'impitoyable Sansho tentera de les déshumaniser. Le film adopte essentiellement le point de vue des enfants afin de nourrir le hors-champ, qui dit l'incertitude qu'ils ont d'échapper à leur condition et de rejoindre une mère peut-être déjà morte. C'est ce combat-là que le film raconte, de même qu'il affirme sans cesse la nécessité de rester digne et de sauvegarder la morale devant les ignominies politiques (entre le ministre et Sansho); il dit tout cela à travers une mise en scène aérienne qui fait valoir sa pleine maîtrise du montage parallèle et une affolante légèreté des mouvements de caméra. Rageur, insoumis et toujours luttant contre la fatalité, "L'Intendant Sansho" est un moment de cinéma époustouflant, qui échappe au simplisme pour se mettre à la hauteur de la complexité des enjeux politiques et moraux; il nous met enfin dans deux états contradictoires : en effet, on reste inconsolable devant cette histoire d'une tristesse infinie, au bord des larmes et la gorge serrée, et en même temps heureux d'avoir vu un film d'une telle ampleur.
Ce chef d'oeuvre de Mizoguchi est à part dans sa filmographie pour au moins deux raisons. Tout d'abord, la petite soeur est le seul personnage des films de Mizoguchi qu'on peut qualifier sans peine de personnage "positif". Dans le même temps, le destin qui lui est réservé est le plus cruel du cinéma. De plus, le final du film, d'une puissance humaniste rarissime (surtout pour le réalisateur!), voit un personnage lutter non pour s'en sortir mais pour une cause commune, son intérêt personnel étant lié mais passant en second. A part cela, on n'est pas perdu. La construction scénaristique est ce qui se fait de mieux dans l'Histoire du cinéma, une absence de facilités qui choque par rapport à ce qu'on est habitué à voir, l'évolution impitoyable des personnages permettant une plongée vertigineuse dans une humanité qu'on ne souhaite pas forcément voir. La mise en scène de Mizoguchi est royale, toujours cette distance qui laisse les personnages se débattre seuls, pathétiques et impuissants (ce qui est surmonté, donc, à la fin du film). La vision proposée de l'esclavage a un air documentaire. Cependant, il est important de noter que plus encore que ses autres films, celui-ci est d'une dureté difficilement supportable pour peu qu'on s'investisse dans le visionnage. La petite soeur est incroyablement attachante, et en conséquence une succession de scènes vers les 2/3 du film broient les tripes, simultanément bouleversantes ("réveil" de l'humanité du frère) et révoltantes, devant l'Inévitable, que la petite soeur avait prévu et auquel elle s'était résolue. A la fin du film, dont la dernière séquence est également terriblement éprouvante (on est amené à faire un bilan de tout le film), j'ai été saisi d'une envie de pleurer ainsi que de vomir... Pourtant jamais Mizoguchi n'en rajoute, il se contente de ne jamais détourner les yeux et de ne jamais se soucier de préserver le spectateur. Grandiose, essentiel, magnifique.
Chef d'oeuvre du cinéma japonais. Kenji Mizoguchi réalise un film bouleversant humaniste qui combat les minorités et tout un système mettant en danger l'humanité. On est face à une perfection dans la réalisation au niveau de la mise en scène d'une grande pureté esthétique. Cette fable populaire poétique a le courage de défier l'injustice, la domination de certains individus qui abusent de leurs pouvoirs. Cette œuvre humaniste nous permet de faire grandir nos idées et nous conforte dans notre Humanité gardons espoir d'un jour meilleur et avançons ensemble dans ce monde pour le rendre plus solidaire. Merci pour ce chef d'oeuvre. A voir absolument.
La beauté des plans, la musique filmée comme le cri du coeur, une dialectique interessante sur le monde et un scénario très bien écris, que demander de plus ?
Ce film est un vrai chef d'oeuvre du cinéma japonais et mondial. Le film touche au sublime dans sa mise en scène et cette histoire déchirante digne des plus beaux romans est un vrai bijou dramatique. On sent que Mizogushi ne laisse aucun plan au hasard, dans ce film tous les plans sont travaillés, de même que la direction d'acteurs et la reconstitution d'époque. On ne peut que se taire et admirer.
Magistral ! Douloureux et poétique, une volonté d'imposer à tout prix la liberté dans ce japon moyen-âgeux où l'esclavage et les sévices physiques et moraux qui en découlent sont rois ! Une photo extraordinaire, que dire de cette scène où la mère, la servante et les deux enfants en exil, se frayent un chemin, à la tombée de la nuit, à travers de hautes herbes folles qui semblent déjà les dévorer ? Rien ! Juste sublime. A regarder et à dévorer ! Laissons-nous dévorer par ce film, Joyce ! Et soyons durs envers nous-mêmes et généreux avec les autres !
Si « Les amants crucifiés » paraissaient comme assez lourds, ce Mizoguchi subjugue par son incroyable justesse : autant dans ce qu'il a de tragique et romanesque que dans ce qu'il a de plus métaphysique et mystique. Mais c'est surtout une œuvre de pure poésie, construite essentiellement sur les sentiments de ses protagonistes et offrant des moments absolument sidérants de beauté (ah, le chant cette voix intérieure semblant surgir du lointain, ou encore le suicide de Anju …). Grandiose tableau épique et intimiste, magnifique médiation sur la conservation de ses valeurs éthiques et humanistes, « L'intendant Sansho » est un chef-d'œuvre. Kenji Mizoguchi, par une esthétique d'un éclat hallucinant, transcende l'aventure intérieure de ses personnages en une quête universelle profondément spirituelle, évoquant l'œuvre de Tarkovski (lequel était un grand admirateur du cinéaste japonais). Tout simplement l'un des plus beaux films de tous les temps.
Un des plus grands chef-d'oeuvre du cinéma japonais et un des meilleurs films de Kenji Mizogushi. Le film, un peu plus long qu'à l'accoutumée, suit un personnage masculin qui est le principal protagoniste, fait assez rare chez Mizogushi plus habitué aux portraits de femmes. Bien que profondément pessimiste sur la nature humaine, l'Intendant Sansho n'est pas pour autant dénué d'un certain espoir quand bien même le titre est tiré du nom du personnage secondaire le moins humaniste, propriétaire d'esclaves sans scrupules et sadique, et qui semble être l'opposé du père du héros, dont l'humanité et la bienveillance à l'égard des paysans a causé la déchéance. Formellement, la qualité des images du cinéaste est d'une richesse folle et d'une pertinence totale. Sa façon d'utiliser le hors-champ est ainsi exemplaire, en parliculier lors de la scène du suicide d'Anju. La scène finale, lorsque Zushiô retrouve sa mère au terme de dix années d'épreuves, d'humiliations et de souffrances, est un des plus belles qui soient.
Kenji Mizoguchi signe une oeuvre sublime avec une histoire tragique et intéressante. Beaucoup de choses sont critiquées, comme la condition des femmes, l'esclavage, la violence etc. La photographie et la réalisation sont soignées, et le noir et blanc renforce encore plus le propos. Les acteurs sont d'ailleurs excellents et les 30 dernières minutes du film sont déchirantes. Inoubliable!
Bouleversant! La vision de l’homme que propose Mizoguchi me parait opposée à celle de Kurosawa. Là où l’un projette toute sa foi en la bonté intrinsèque de l’homme dans des personnages capable d’influer sur le cours des choses, des hommes comme Kanji Watanabe et Barberousse qui illuminent leur entourage, apportant leur pierre à un édifice qui s’écroulent sans cesse sous le poids de la misère ; l’autre fait preuve d’un pessimisme absolu. Il dépeint un monde où le bonheur n’a pas sa place, ce n’est pas la bonté de qq’uns qui déteint sur les autres mais la méchanceté. L’homme est faible, peu importe les valeurs qu’on lui a inculquées, confronté aux pires travers de la société, ici l’esclavagisme, son égoisme prend le dessus. Et lorsque enfin il se révolte contre ce qu’il est devenu, il demeure impuissant face à une société indifférente aux malheurs d’autrui. Dans cette vision très sombre de la condition humaine, la place accordée aux femmes tranche avec la bassesse de l’intendant. Elles seules conservent leur humanité et sont capables de sauver l’homme de sa propre déchéance, y compris par leur sacrifice. Très très beau film !
Quel beau film! A tous les niveaux, "L'intendant Sansho" est une oeuvre remarquable. La première partie du film est la description de l'effondrement social d'une famille de sang noble qui va progressivement sombrer dans la déshumanisation la plus totale: le père est forcé à s'exiler en raison de ses idées trop libérales (il a soutenu et pris le parti de paysans), la mère est chassée par sa propre famille et doit fuir avec ses deux enfants. Ceux-ci seront enlevés et réduits à l'esclavage; quant à la mère, elle sera envoyée sur une île où elle deviendra "la dame", une prostituée très convoitée qui passera tout le reste de sa vie à pleurer ses enfants. Cette première partie du film se révèle donc émotionnellement très éprouvante, mais littéralement sublimée par la caméra de Mizoguchi. Celui-ci parvient à retranscrire merveilleusement le calvaire de cette famille, à nous faire ressentir profondément leur drame intérieur. La suite du film constitue la lutte du jeune fils Zushio pour quitter sa condition d'esclave et retrouver sa famille. Fidèle aux enseignements de son père qu'il avait recu tout petit ("Un homme sans pitié n'est pas humain. Sois dur avec toi-même, généreux avec autrui"), Zushio va gravir les échelons sociaux afin d'abolir l'esclavagisme. Véritable hymne à la révolte et à la lutte sociale, le film est une immense leçon de morale et une critique sévère des pouvoirs politiques. Il est aussi, en dehors de son profond message humaniste, d'une beauté visuelle extraordinaire, pleine de poésie, prouvant une fois de plus l'immense talent de Mizoguchi. Je vous invite donc vivement à découvrir (ou redécouvrir) la filmographie de ce maître incontesté du cinéma japonais.
Ce film est un chef d’œuvre absolu. Kenji Mizoguchi est un immense cinéaste dont un des mérites, et pas des moindres, est d'avoir sans relâche dénoncé la condition des femmes. Injustice, violence, pouvoir…Il y a beaucoup d'humanité chez ce cinéaste, et ce film est l'un des plus bouleversants qui nous soit parvenu. Et d'une beauté formelle incroyable.
Très bon film, bien que j'ai eu du mal à accrocher tout de suite, ce film s'il n'est pas parfait, a des qualités indéniables et des scènes de toute beauté rattrapant bien volontiers ses défauts. Tout le milieu du film est beau à en pleurer. Le noir et blanc est magnifique ici, vraiment. Même si le début du dernier tiers du film m'a un peu moins intéressé, le résultat global est très bon. Un film riche en émotions.
Une musique qui raisonne comme le tintement de l'âme et un souffle inspiré qui parcourent le film de tout son long. Le film dure deux heures tout de même mais c'est "indolore" tellement on se laisse porter dans cette fable sociale intemporelle . Des problématiques "occidentales " ( lutte des classes, libération des masses, démocratie ... ) croisées avec des idéaux extrêmes orientaux ( boudhisme, shintoisme, réincarnation,...) font de ce film une subtile réalisation qui est aussi bien transposable dans un contexte occidental que dans un contexte japonais. Un maître assurément !