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Buzz063
85 abonnés
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5,0
Publiée le 26 décembre 2010
Un des plus grands chef-d'oeuvre du cinéma japonais et un des meilleurs films de Kenji Mizogushi. Le film, un peu plus long qu'à l'accoutumée, suit un personnage masculin qui est le principal protagoniste, fait assez rare chez Mizogushi plus habitué aux portraits de femmes. Bien que profondément pessimiste sur la nature humaine, l'Intendant Sansho n'est pas pour autant dénué d'un certain espoir quand bien même le titre est tiré du nom du personnage secondaire le moins humaniste, propriétaire d'esclaves sans scrupules et sadique, et qui semble être l'opposé du père du héros, dont l'humanité et la bienveillance à l'égard des paysans a causé la déchéance. Formellement, la qualité des images du cinéaste est d'une richesse folle et d'une pertinence totale. Sa façon d'utiliser le hors-champ est ainsi exemplaire, en parliculier lors de la scène du suicide d'Anju. La scène finale, lorsque Zushiô retrouve sa mère au terme de dix années d'épreuves, d'humiliations et de souffrances, est un des plus belles qui soient.
Très bon film, bien que j'ai eu du mal à accrocher tout de suite, ce film s'il n'est pas parfait, a des qualités indéniables et des scènes de toute beauté rattrapant bien volontiers ses défauts. Tout le milieu du film est beau à en pleurer. Le noir et blanc est magnifique ici, vraiment. Même si le début du dernier tiers du film m'a un peu moins intéressé, le résultat global est très bon. Un film riche en émotions.
Une musique qui raisonne comme le tintement de l'âme et un souffle inspiré qui parcourent le film de tout son long. Le film dure deux heures tout de même mais c'est "indolore" tellement on se laisse porter dans cette fable sociale intemporelle . Des problématiques "occidentales " ( lutte des classes, libération des masses, démocratie ... ) croisées avec des idéaux extrêmes orientaux ( boudhisme, shintoisme, réincarnation,...) font de ce film une subtile réalisation qui est aussi bien transposable dans un contexte occidental que dans un contexte japonais. Un maître assurément !
que c'est beau ! J'ai pleuré comme une madelaine devant ce chef d'oeuvre. C'est peut-être le film qui m'a le plus ému au monde. J'ai du mal à trouver les mots qui pourraient exprimer tout ce que ce fil m'a procuré.
Bouleversant! La vision de l’homme que propose Mizoguchi me parait opposée à celle de Kurosawa. Là où l’un projette toute sa foi en la bonté intrinsèque de l’homme dans des personnages capable d’influer sur le cours des choses, des hommes comme Kanji Watanabe et Barberousse qui illuminent leur entourage, apportant leur pierre à un édifice qui s’écroulent sans cesse sous le poids de la misère ; l’autre fait preuve d’un pessimisme absolu. Il dépeint un monde où le bonheur n’a pas sa place, ce n’est pas la bonté de qq’uns qui déteint sur les autres mais la méchanceté. L’homme est faible, peu importe les valeurs qu’on lui a inculquées, confronté aux pires travers de la société, ici l’esclavagisme, son égoisme prend le dessus. Et lorsque enfin il se révolte contre ce qu’il est devenu, il demeure impuissant face à une société indifférente aux malheurs d’autrui. Dans cette vision très sombre de la condition humaine, la place accordée aux femmes tranche avec la bassesse de l’intendant. Elles seules conservent leur humanité et sont capables de sauver l’homme de sa propre déchéance, y compris par leur sacrifice. Très très beau film !
Ce chef d'oeuvre de Mizoguchi est à part dans sa filmographie pour au moins deux raisons. Tout d'abord, la petite soeur est le seul personnage des films de Mizoguchi qu'on peut qualifier sans peine de personnage "positif". Dans le même temps, le destin qui lui est réservé est le plus cruel du cinéma. De plus, le final du film, d'une puissance humaniste rarissime (surtout pour le réalisateur!), voit un personnage lutter non pour s'en sortir mais pour une cause commune, son intérêt personnel étant lié mais passant en second. A part cela, on n'est pas perdu. La construction scénaristique est ce qui se fait de mieux dans l'Histoire du cinéma, une absence de facilités qui choque par rapport à ce qu'on est habitué à voir, l'évolution impitoyable des personnages permettant une plongée vertigineuse dans une humanité qu'on ne souhaite pas forcément voir. La mise en scène de Mizoguchi est royale, toujours cette distance qui laisse les personnages se débattre seuls, pathétiques et impuissants (ce qui est surmonté, donc, à la fin du film). La vision proposée de l'esclavage a un air documentaire. Cependant, il est important de noter que plus encore que ses autres films, celui-ci est d'une dureté difficilement supportable pour peu qu'on s'investisse dans le visionnage. La petite soeur est incroyablement attachante, et en conséquence une succession de scènes vers les 2/3 du film broient les tripes, simultanément bouleversantes ("réveil" de l'humanité du frère) et révoltantes, devant l'Inévitable, que la petite soeur avait prévu et auquel elle s'était résolue. A la fin du film, dont la dernière séquence est également terriblement éprouvante (on est amené à faire un bilan de tout le film), j'ai été saisi d'une envie de pleurer ainsi que de vomir... Pourtant jamais Mizoguchi n'en rajoute, il se contente de ne jamais détourner les yeux et de ne jamais se soucier de préserver le spectateur. Grandiose, essentiel, magnifique.
Magistral ! Douloureux et poétique, une volonté d'imposer à tout prix la liberté dans ce japon moyen-âgeux où l'esclavage et les sévices physiques et moraux qui en découlent sont rois ! Une photo extraordinaire, que dire de cette scène où la mère, la servante et les deux enfants en exil, se frayent un chemin, à la tombée de la nuit, à travers de hautes herbes folles qui semblent déjà les dévorer ? Rien ! Juste sublime. A regarder et à dévorer ! Laissons-nous dévorer par ce film, Joyce ! Et soyons durs envers nous-mêmes et généreux avec les autres !
Dans le Japon moyenâgeux, les idées trop libérales d'un Gouverneur de province provoquent la dislocation et la destinée malheureuse de sa famille. "Un homme fermé à la pitié n'est pas humain. Sois dur pour toi-même et généreux pour les autres. Tous sont égaux et ont droit au bonheur." Telles sont les dernières paroles promulguées par le père avant la séparation de la famille. Paroles que le fils, devenu adulte et passant de la passivité à la combativité, s'efforcera d'appliquer dans ses actes. Pamphlet contre l'esclavagisme, film initiatique, "L'Intendant Sanshô", magnifié par sa photo en noir et blanc, est un film majeur.
Quel beau film! A tous les niveaux, "L'intendant Sansho" est une oeuvre remarquable. La première partie du film est la description de l'effondrement social d'une famille de sang noble qui va progressivement sombrer dans la déshumanisation la plus totale: le père est forcé à s'exiler en raison de ses idées trop libérales (il a soutenu et pris le parti de paysans), la mère est chassée par sa propre famille et doit fuir avec ses deux enfants. Ceux-ci seront enlevés et réduits à l'esclavage; quant à la mère, elle sera envoyée sur une île où elle deviendra "la dame", une prostituée très convoitée qui passera tout le reste de sa vie à pleurer ses enfants. Cette première partie du film se révèle donc émotionnellement très éprouvante, mais littéralement sublimée par la caméra de Mizoguchi. Celui-ci parvient à retranscrire merveilleusement le calvaire de cette famille, à nous faire ressentir profondément leur drame intérieur. La suite du film constitue la lutte du jeune fils Zushio pour quitter sa condition d'esclave et retrouver sa famille. Fidèle aux enseignements de son père qu'il avait recu tout petit ("Un homme sans pitié n'est pas humain. Sois dur avec toi-même, généreux avec autrui"), Zushio va gravir les échelons sociaux afin d'abolir l'esclavagisme. Véritable hymne à la révolte et à la lutte sociale, le film est une immense leçon de morale et une critique sévère des pouvoirs politiques. Il est aussi, en dehors de son profond message humaniste, d'une beauté visuelle extraordinaire, pleine de poésie, prouvant une fois de plus l'immense talent de Mizoguchi. Je vous invite donc vivement à découvrir (ou redécouvrir) la filmographie de ce maître incontesté du cinéma japonais.
Tout en retravaillant ses thèmes de prédilection (l'oppression, la cruauté des puissants, la prostitution, la noblesse de la femme), Mizoguchi en offre dans "l'Intendant Sansho" une lecture plus radicalement politique, qui culmine pendant les dernières 45 minutes, d'une grande tension et d'une profonde émotion. On comprend alors la raison de la construction très linéaire d'un récit, qui a pu sembler jusque là très appliqué, voire fastidieux : en arriver exactement là où le grand maitre voulait nous emmener, après avoir été témoins de cruautés et de déchirements interminables, c'est-à-dire à la révolte, puis à la plus profonde humanité.