Quel film étonnant et sombre ! Une fois de plus on trouve ici un film qui peut être vu à des regards différents : une projection exotique dans l'univers du Japon médiéval, une histoire éprouvante, un hymne à l'humanisme. L'intendant Sansho est un vieux film à la qualité visuelle et sonore un peu dépassée (même pour l'époque) mais son contenu est puissant et captivant. C'est à connaître pour les plus curieux.
«L'Intendant Sansho» est sans conteste l'un des films les plus désespérés qui soient sur la noirceur de l'âme humaine. Le poids terrible de la société japonaise féodale est une fois de plus dénoncé par Mizoguchi, brisant les hommes et les familles, étouffant toute tentative d'émancipation. Les abus de position semblent inévitables tant l'humanité refuse l'idée d'égalité entre les hommes. La preuve nous en est d'ailleurs donnée (pour un temps) avec Zushio : n'importe qui peut devenir un tyran, il suffit de laisser faire le temps et les rancoeurs. Comme si chaque despote qui disparaissait laissait sa place à un autre. Avec «L'Intendant Sansho» Kenji Mizoguchi a donc réalisé un mélodrame poignant, même s'il manque parfois un peu de recul et paraît aujourd'hui relativement désuet. Attention, sur le plan narratif uniquement! Car pour ce qui est de l'esthétique, elle est en tous points admirable. La mise en scène relève de la perfection et une fois de plus l'on ne peut que saluer le talent du maître japonais à créer des oeuvres fortes et d'une grande beauté. Pas grand chose à dire de plus, sinon qu'il s'agit d'un film incontournable dans la carrière de Mizoguchi, et donc dans l'histoire du cinéma mondial. Chef-d'oeuvre, cela va de soit. [4/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/