Mon compte
    L'Intendant Sansho
    Note moyenne
    4,4
    622 notes En savoir plus sur les notes spectateurs d'AlloCiné
    Votre avis sur L'Intendant Sansho ?

    48 critiques spectateurs

    5
    26 critiques
    4
    18 critiques
    3
    3 critiques
    2
    0 critique
    1
    0 critique
    0
    1 critique
    Trier par :
    Les plus utiles Les plus récentes Membres avec le plus de critiques Membres avec le plus d'abonnés
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 28 janvier 2009
    que c'est beau ! J'ai pleuré comme une madelaine devant ce chef d'oeuvre. C'est peut-être le film qui m'a le plus ému au monde. J'ai du mal à trouver les mots qui pourraient exprimer tout ce que ce fil m'a procuré.
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 12 mai 2012
    Cruel et sans aucun chichi, très japonais dans son rythme et sa réalisation. Un vrai classique asiatique, en somme. Et ce qui est fou, c'est de traiter avec tant de calme et de simplicité la violence et la cruauté "naturelle", inhérente à une certaine démonstration du pouvoir à une certaine époque.
    Musique assez irritante quand on ne baigne pas dans la culture japonaise, une sobriété qu'un occidental doit apprendre à apprivoiser, mais le résultat, c'est un chef-d’œuvre du cinéma asiatique des années 50.
    Andy LEDENT
    Andy LEDENT

    1 critique Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 11 janvier 2023
    « II.1. Le maître dit : celui qui fonde son gouvernement sur la vertu peut se comparer à l’étoile Polaire qui demeure immobile, cependant que les autres étoiles tournent autour d’elle. » Confucius – Les entretiens.

    Cette « étoile Polaire » pourrait bien correspondre à l’image du gouverneur de province exilé en préambule de « L’intendant Sansho » pour avoir pris le parti des paysans contre l’autorité du pouvoir institué tant ce bref portrait irriguera l’ensemble du film et marquera les esprits du spectateur à jamais.
    L’ouverture est poignante, le gouverneur sanctionné pour ses excès de bonté est contraint à l’exil, il laisse sur place sa femme Tamaki, son fils Zushio et sa fille Anju. Avant son départ, il prodigue un ultime enseignement à son fils : « sans compassion, un homme n’est plus humain ».
    Sur le chemin de son exil, une masse constitué des opprimés vient rendre un dernier hommage à son héros. Trait de la cruauté Mizoguchienne, cette masse est rapidement domptée par les serviteurs de l’autorité en présence. Trait également de l’adhésion du réalisateur au marxisme, une certaine représentation de la lutte des classes est discrètement perceptible.
    De ce bref portrait émerge la figure du sage confucéen. Un idéal de compassion et de bonté que Mizoguchi confrontera durant tout son film à l’atrocité du réel. Comme parfois au cinéma japonais, la figure paternelle s’éclipse vite, et ne sera plus que parole, puis souvenir pour ceux qui restent au cœur de l’intrigue. C’est par ce postulat que débute cette histoire inspirée des contes populaires. Nous sommes au 11e siècle…

    À leur tour, femme et enfants doivent prendre la route vers le village natal de la mère. En chemin, la mère déclame : « il faudra marcher sur les traces du père ».
    À partir de ce périple initiatique, une question se pose. À l’instar du père, sauront-ils conserver une vie de rectitude ?
    Les premiers éléments de réponse nous parviennent rapidement, car le périple sera écourté. La contrée est infestée d’esclavagistes dont les rafles sont soudaines et brutales. Nos voyageurs accordent leur confiance à une prêtresse qui propose de les héberger. Cette dernière aura sitôt fait de se corrompre en dénonçant ces proies faciles aux esclavagistes. La situation apporte une première déconstruction dans le film. En effet, un représentant de la religion est l’instigateur d’une trahison. En ce monde où l’institution religieuse vacille, la foi véritable ne peut qu’en pâtir. Cela amène à une séquence de désespoir, celle de la séparation. Un plan attire particulièrement mon attention : la mère est emmenée en pirogue par la force de ceux qui ont fait de l’humain un commerce pendant que les enfants accourent vers elle sur le rivage. Avec l’éloignement progressif de la mère, ce plan utilise habilement la profondeur de champ dans le but de renforcer la dramaturgie de la scène. En élément sonore, les notes d’une flûte se font entendre. Par la force des choses, la mère deviendra courtisane sur une île lointaine, et ses enfants seront vendus comme esclaves.

    Après plusieurs transactions infructueuses, les enfants sont placés sous le joug de l’intendant Sansho. Prêtant son nom au titre du film, ce personnage fait office d’antagoniste moral à la figure du père évoquée précédemment. Ce gestionnaire d’un grand domaine, aussi tyrannique soit-il, deviendra un père de substitution pour Anju et particulièrement Zushio. Cependant, l’intendant Sancho a lui aussi un fils nommé Taro dont la sensibilité s’oppose à celle de son père biologique. À l’instant où Sansho confie à Taro la tâche de molester une esclave « indisciplinée », le fils renie cette petite intronisation à la passation de pouvoir. Cet épisode marque la fin de la première partie du film.

    Après un bond de dix années dans le temps, l’intrigue reprend sur un plan similaire. Sous les ordres de l’intendant, un fils moleste un esclave fuyard. Cependant, ce fils n’est pas Taro. Il s’agit de Zushio. À ce moment, un basculement a lieu. Les deux fils évoqués se détournent de la voie des pères biologiques. Les années de labeur et de souffrance ont rendu Zushio opportuniste auprès de l’intendant Sansho. À l’inverse, le quotidien de Taro s’est, par l’intermédiaire des restitutions de Zushio et Anju, imprégné de la philosophie du gouverneur exilé. Écœuré par un monde désœuvré, Taro s’est retiré au sein d’un sanctuaire bouddhiste, nous l’apprendrons plus tard. Cette conversion renforce le pouvoir de l’éloquence d’un discours juste sur un être prédisposé. Toutefois, il demeure d’autres pouvoirs, la tyrannie en est un exemple. Elle est soulignée par les actes de l’intendant Sansho et de ses sbires. Une seconde déconstruction s’opère, la gestion tyrannique est célébrée par les plus hautes instances du pouvoir féodal. Lors d’une fastueuse réception, un dignitaire vante les mérites d’un intendant craint et respecté de tous. Au cœur de ce pouvoir vertical, Zushio tient son rang. Le petit garçon pétri d’illusions est désormais un adulte inspirant la peur et le mépris de ses homologues esclaves. Anju semble quant à elle avoir conservé les préceptes de son père.
    Mais quelques temps après, une nouvelle bascule a lieu. Anju en est l’instigatrice.

    Lors d’un enterrement prématuré auquel Anju et Zushio doivent apporter une malheureuse contribution, ces derniers se retrouvent seuls dans les bois avoisinant le domaine. Au cours d’un instant fugace a lieu une réminiscence que seul le 7e art peut offrir : la parfaite union de l’image et du son. En saisissant quelques branchages, Anju et Zushio se remémorent les mots de la mère. Au loin, le chant triste de la mère se fait entendre.
    Il aura suffit de cet instant pour que le cruel jeune homme redevienne l’enfant idéaliste. À partir de ce moment, rien ne sera plus comme avant. Anju aidera son frère à fuir sa condition, elle acceptera un sort funèbre avec stoïcisme, car son nom d’esclave désigne celle qui endure tout. En silence, elle disparaîtra dans l’abîme…
    Cinéaste de la beauté, Mizoguchi atteint la plénitude avec le plan de la mort d’Anju.

    Au cours de sa fuite, Zushio rencontre Taro. Ce dernier contribue à son hébergement et à sa protection chez les moines bouddhistes. Cette aide bienvenue répond directement à la trahison de la prêtresse. Chez Mizoguchi, le mal ne réside pas en le pouvoir ou en la religion, mais en ceux qui en font l’apanage. La destruction par une arme dépend avant du choix de celui qui l’utilise. Le film nous donne à voir deux oppositions caractéristiques : le père contre l’intendant Sansho pour le pouvoir ; la prêtresse contre les moines bouddhistes pour la religion.

    Souhaitant racheter ses fautes, Zushio se rend à Kyoto dans le but de rencontrer les plus hauts représentants du pouvoir. Grâce à son héritage physique (une statue de la déesse de la miséricorde) et moral, Zushio prendra le poste vacant de son père décédé. Un hommage est rendu sur la tombe du père, et la transmission qui a avorté entre Sansho et Taro a bien lieu entre l’ancien gouverneur exilé et son, fils Zushio nommé gouverneur à son tour.

    Par la suite, Zushio se dévoile comme le digne héritier de son père. Il affranchit les esclaves, puis contraint Sansho à l’exil. Mais outrepassant ses droits, il rejette son pouvoir avant que le couperet d’une législation punitive ne s’abatte sur lui.

    L’épilogue du film est le point culminant émotionnel. Zushio part à la recherche de sa mère d’après quelques indications hasardeuses. Sur place, la mère est bien présente. Elle n’a pas encore atteint l’âge de 50 ans, mais elle est déjà une vieillarde rendue aveugle par la compilation des années d’humiliation et les larmes incessante qui inondent chacune de ses complaintes pour ses enfants disparus. La même statue qui permit à Zushio de se faire reconnaître comme le fils de son illustre père permet ici à la mère de reconnaître son fils, malgré la cécité.
    L’air de flûte qui marquait la séparation du rivage accompagne désormais la réunion des êtres. Symboliquement, nous sommes également aux abords d’un rivage.
    Au dernier plan, une mère enlace un fils retrouvé, la caméra exécute un mouvement vers la gauche. Au loin, nous apercevons le labeur d’un paysan, un témoin inépuisable de l’ordre cyclique du monde. Zushio aura brillé par ses exploits politiques et humanistes, mais fondamentalement, rien n’aura changé pour la masse des opprimés.
    L’intendant Sansho est le joyaux au cœur d’une œuvre Mizoguchienne bien garnie.
    Les meilleurs films de tous les temps
    • Meilleurs films
    • Meilleurs films selon la presse
    Back to Top