Après s'être offert une pause super-héroïque avec Aquaman, qu'il a appréhendé avec l'enthousiasme d'un enfant avec ses nouveaux jouets, retour à la case départ avec Malignant ? Eh bien, pas tant que ça. Si vous êtes un fan de ses Conjuring, ses Indidious ou de son Saw, prière de ménager vos attentes. Les conventions (intrigues carrées, sursauts en pagaille) le cinéaste s'en éloigne pas mal.
Les points de repères seront plutôt à chercher du côté de Dario Argento et Stephen King. Le premier pour son esthétique baroque ou son utilisation de la violence et le deuxième pour ses intrigues mêlant traumas et paranormal. On les garde dans un coin de la tête, quoique le nouveau film de Wan ne leur rend pas un bel hommage. Ce n'est pas faute de multiplier les procédés, seulement une grosse partie recycle les motifs déjà aperçus lors de ses précédents longs-métrages. Beaucoup plus grave, Malignant n'affiche aucune sorte de cohésion au niveau artistique. D'une scène à l'autre, on passe d'une photographie austère, gothique ou brumeuse à des couleurs qui pètent de tous les côtés, avec un certain penchant pour les filtres verts et rouges tellement grossiers qu'ils pourraient décaper le cristallin. Quand le numérique s'invite dans la partie, on passe encore dans une autre dimension. Prises séparément, ces directions pourraient être intéressantes. Embrouillées les unes aux autres, elles aboutissent à un résultat criard et harassant.
Et l'histoire ? Le choix d'une structure aussi rudimentaire laisse songeur. Impossible de croire une seule seconde à cette mystérieuse affaire d'esprit diabolique, puisqu'en plus d'être cousue de fils blancs elle est également atone. Les personnages sont ineptes, leurs rapports n'ont aucun sens, la direction d'acteurs vire même au loufoque. Pendant plus d'une heure, les évènements s'enchainent, se répètent, laborieusement et sans inspiration. James Wan y met du sien, mais comme à l'image ce n'est pas loin d'être écœurant, la réaction se traduit par le sourire ou le bâillement...Jusqu'à la demi-heure finale, qui fracasse les portes du nanar au bélier. Ce qui passerait presque pour une réhabilitation au regard de ce qui a précédé. Sans révéler quoi que ce soit, Malignant opte pour la déviance et son entrain à le faire offre un dernier acte entre sidération et éclats de rire.
La paresse, l'inconscience et le mauvais goût chronique font de ce film un objet informe, ridicule mais diablement fendard dans sa dernière ligne droite. Pas sûr que ça corresponde aux attentes, surtout pour les aficionados des sagas horrifiques lancées par James Wan. Si par contre, on aime bien se faire un petite gourmandise mélangeant concept périmé et têtes fracassées, alors le gueuleton proposé devrait faire l'affaire.