Arte diffuse, je regarde, parce que je sais que jamais de la vie je ne ferai l'effort de voir ce film autrement... Tant mieux à la rigueur... Mais Dieu que c'est long, ça dure presque 3h et c'est pas fameux fameux.
En fait dès le début, on voit qu'il y a des très bons trucs dans le film et des très vraiment mauvais. Alors oui, faut remettre dans le contexte, sauf que non, si j'aime un film je n'ai pas besoin de le remettre dans son contexte pour l'apprécier... J'adore des tas de films muets, celui-ci, non.
Alors non, ce n'est pas mauvais... comme je le disais il y a de bonnes idées, j'aime bien l'histoire du hibou à la saint Jean qui porte malheur au début du film et la toute fin, avec quelques fulgurances, genre le fait de se poser la question à la personne à qui on va penser au moment où on mourra et si elle va penser à nous, si elle sera entrain de rire ? de venir accuser ceux qui ont profité de la guerre pour s'enrichir alors que les soldats donnaient leur vie... Ce que fait la guerre aux gens bons... Ce sont de beaux thèmes, de beaux sujets.
Seulement voilà, c'est très manichéen, du moins au départ, on a un triangle amoureux, oarf... je n'aime pas ça... et ce n'était pas novateur non plus à l'époque, des triangles amoureux la littérature et le théâtre en sont remplis... mais celui-là est vraiment costaud, on a le gentil poète pacifiste amoureux de la gentille demoiselle et le méchant alcoolique, violent, revanchard qui veut récupérer l’Alsace-Lorraine ! Niveau subtilité le film se pose là. Heureusement, il va tenter au travers d'une construction très mélodramatique, de déconstruire ces clichés, mais bon... Le mal est fait, il part d'une réalité qui n'existe pas. Alors oui c'est des symboles, mais quand bien même... Je ne peux pas y croire et si je n'y crois pas je ne suis pas ému.
Autre chose, le film est long, atrocement long, alors j'aime la durée, la longueur, voir même la lenteur, mais là, ce film-là il s'amuse avec mes nerfs, surtout dans la dernière heure. Recentrer le truc aurait été mille fois plus pertinent, et puis les plans, coupés par un carton, puis on revient sur le même plan, et ça dure, ça dure. Je sais bien que le cinéma a à peine un quart de siècle, mais quand même...
Après, je trouve que le muet, et j'ai déjà constaté ça chez Griffith qui filme Gish, ça rend magnifiquement bien pour les portraits de femme... ça a une portée et une puissance rare ! Et dans l'introduction, on filme plusieurs visages de femmes, limite j'ai trouvé ça plus beau que tout le reste du film (sauf vers la fin).
Alors tout ça ne me donne pas envie de me faire Napoléon... encore plus long...
Peut-être que Gance sert de modèle à tous ceux qui veulent traiter de la première guerre mondiale, voire de la guerre en général, c'est mal, ça déshumanise, etc. Mais ça je l'ai déjà mille fois et parfois en mieux. Du coup je suis vraiment mitigé, partagé entre les bonnes idées et les trucs parfois vraiment longuets ou poussifs. J'avais déjà un film de Gance : La fin du monde, et j'étais mitigé également... Je vais peut-être en rester là avec lui... Même si paradoxalement son autoremake, sorti avec la seconde guerre mondiale m'intéresse...
Mais comme pamphlet pour la paix, Voyage au bout de la nuit c'est bien plus marquant... plus vrai, plus pur, plus sincère... Même si j'ai aimé dans J'accuse le fait de mettre des extraits de poèmes, d'auteurs connus ou de lettres de poilus...