Milla (Eliza Scanlen) a seize ans. Elle serait presque une collégienne comme les autres si elle n'était pas en phase terminael d'un cancer qui risque de l'achever. Fille unique, elle est choyée par son père (Ben Mendelsohn), un psychiatre, et par sa mère (Essie Davis), une ancienne pianiste professionnelle. Tout va mal dans la vie de Milla quand y déboule un toxicomane, Moses (Toby Wallace), la vingtaine déjà bien entamée, un chien fou, mis à la porte de chez lui par sa mère. Milla en tombe instantanément amoureux et veut installer Moses chez elle au grand dam de ses parents. Moses sauvera-t-il Milla ou précipitera-t-il sa perte ?
La bande-annonce de "Milla" m'avait mis l'eau à la bouche. J'aime ces romances adolescentes follement passionnelles, ces héroïnes entières qui vivent avec une telle intensité leurs premières amours. Je les aime d'autant plus - est-ce le signe d'un sadisme criminel ? - qu'elles se terminent tragiquement comme dans "37°2 le matin", dans "Love Story", dans "West Side Story" ou dans "Nos étoiles contraires" qui, à la plus grande honte de mes enfants, figure au nombre de mes livres et de mes films préférés.
Aussi le personnage de Milla m'apparaissait-il immédiatement intéressant, ses perruques multicolores avec lesquelles elle cachait un crane dénudé par l'effet des chimio et créait un peu de fantaisie dans une vie qui en manquait, son attirance hors de toute raison pour Moses, ce grand garçon dégingandé, maigre comme un clou, couvert de tatouages et de piercings, en un mot ce bad boy terriblement attirant.
J'ai été hélas déçu. Car le film de près de deux heures ne tient pas les promesses de sa bande-annonce. L'histoire de Milla ne révèle aucune surprise. La faute en revient, selon moi, à l'interprétation des deux jeunes acteurs, couverte pourtant d'éloges (Toby Wallace a obtenu le prix Marcello-Mastroianni du meilleur espoir), mais dépourvue à mes yeux de toute profondeur : la maladie de Milla, l'addiction de Moses sont l'un et l'autre jouées avec trop de détachement, trop de coolitude pour qu'on y croie vraiment. En revanche, Ben Mendelsohn et Essie Davis excellent dans les rôles des parents déboussolés.