Ce film mérite ses deux étoiles uniquement par la qualité artistique du film. Drake Doremus nous livre un film axé sur des belles couleurs, des beaux plans, le plaisir visuel est au rendez-vous.
Cependant malgré un casting cinq étoiles, le récit en lui même est frustrant et long. À travers l'intention évidente du réalisateur d'explorer l'introspection personnelle et les difficultés amoureuses, il laisse un goût amer au spectateur tant le personnage principal interprété par Shailene Woodley paraît détestable et égocentrique, rentrant dans un schéma classique d'hésitation entre le "bad boy" instable (Sebastian Stan) avec qui il semble impossible de construire la relation qu'elle souhaite et le meilleur ami de celui-ci, un intellectuel charmant et posé qui est, il faut le souligner, interprété à la perfection par Jamie Dornan (qu'il est plaisant de retrouver dans un rôle plus profond que celui d'un milliardaire avec des penchants sado-masochistes).
Sa liaison avec le premier est un amour passionné, déchirant et épisodique., tandis que sa relation avec le second lui apporte confort et stimulation intellectuelle. C'est ainsi à la suite d'une rupture qui lui revient dans le film en flashbacks (procédé intéressant puisqu'il est vrai que dans la réalité, les souvenirs ne se manifestent que de manière occasionnelle à des moments clefs ou complètement aléatoires) que la protagoniste se retrouve déchirée entre ces deux personnages diamétralement opposés.
La jeune femme promet entre autres d'arrêter l'alcool et paraît rencontrer des difficultés
puisqu'elle replonge rapidement en craquant pour un verre d'absinthe avec le "bad-boy"
. Néanmoins,
quand elle voit celui-ci s'éclipser d'une fête lorsqu'elle livre une performance de chant tout en le fixant de manière plus dérangeante que sexy, et qu'elle le trouve en train de consommer de la drogue, elle paraît complètement horrifiée et sous le choc, c'est son monde qui s'effondre totalement alors qu'elle vient littéralement seulement de passer une journée avec lui
. Non, on ne connait pas quelqu'un après une journée ensemble, et en général il ne faut pas s'attendre à construire quelque chose de sain avec une personne que l'on nomme
"suffering buddy"
dans son téléphone. Donc malgré sa préférence évidente pour le personnage interprété par Sebastian Stan, elle se rabat sur celui de Jamie Dornan, lui apportant stabilité et soutien, et finalement ce qu'elle laisse penser qu'elle recherche. Et là, le film continue dans sa longueur tant il est frustrant, et s'ensuivent une série d'évènements plus inutiles qu'autres choses.
Et la fin, parlons de la fin.
La jeune femme tombe enceinte.
Elle décide de garder l'enfant seule. Attention, aucune critique sur ce fait si la mère s'assume déjà elle même tant financièrement qu'émotionnellement, mais ici l'arrivée de l'enfant est davantage présentée comme celle d'un "bébé-pansement" dont elle attend plus qu'il lui offre les solutions à sa débauche qu'autre chose, ce qui est déjà très dérangeant
. De plus, le réalisateur parait avoir voulu donner une fin plutôt agréable à sa protagoniste, alors que dès le départ il montre l'incapacité du personnage à assurer dans sa vie et assumer ses choix. Ce qui ressort d'ailleurs lorsqu'elle se rend compte qu'elle a fait le mauvais choix
quand elle voit le "bad-boy" dans une relation stable avec une autre femme
. Bon. Il serait temps qu'elle se demande si ce n'est pas elle le problème plus que les autres.
En bref, on trouve dans ce film qui pourrait s'appeler "Comment j'ai décidé d'ignorer que j'étais le problème" deux personnages masculins très attachants face à une protagoniste détestable et ingrate, la fin est longue et désagréable, mais l'esthétique du film est cependant très belle, et le réalisateur livre des procédés cinématographiques très intéressants, notamment au cours des dialogues, qui semblent quadriller le film, et au cours desquels il est possible de capturer l'essence même du film, qui se concentre autour de la perdition d'une jeune femme qui ne sait pas ce qu'elle veut et attend tout des autres.