À éviter. Le film se découpe en deux espace-temps distincts : une plantation de coton à l'ère de l'esclavagisme, et une ville moderne.
Le premier tiers du film, dans la plantation, est magnifique, tant au niveau du scénario et de la construction des personnages et de l'intrigue, qu'au niveau de la mise en scène, sublimée par la lumière. Le plan séquence de la scène d'exposition est impressionnant de fluidité, de chorégraphie, l'oeil de la caméra nous transportant parmi les rouages de l'inéluctable tragédie que l'on devine conclure la scène.
POUR AUTANT, le deux derniers tiers du film sont proprement abjects. On a l'impression d'être face à un nouveau scénariste, et un nouveau réalisateur, à partir du moment où l'on se situe dans la ville moderne. Après quelques recherches, il s'avère qu'il y a effectivement deux scénaristes/réalisateurs, mais je n'ai pas trouvé d'information sur des conflits lors de la production.
Dans le second tiers donc, la mise en scène est des plus basique, fade, prévisible. Si le dernier tiers retrouve quelques jolies séquences, il est néanmoins lui aussi empli de plans affreusement clichés, et D'ÉNORMES erreurs et faiblesses d'écriture (comportement absolument incohérent des personnages, présence ou absence des antagonistes complètement au service de la narration...)
Enfin, le réel problème est le message du film, qui va de contre-sens en contre-sens.
Tout d'abord, avec un message féministe martelé sans aucune espèce de travail de conviction (un personnage féminin martelle littéralement un autre de coups de poings en hurlant "quel genre de femme es-tu"), ce qui n'a jamais rendu service à aucun propos. Par ailleurs, le film effectue deux énormes contre-sens : l'un des personnages ouvertement féministe exprime constamment un désir de "baiser", d'être "une chiennasse de première classe".... Maladroit. Tandis qu'un autre demande "un homme pour la tenir dans ses bras toute la nuit durant".
Enfin, le film fait l'apologie de la vengeance. L'une des esclaves échappées fait LITTÉRALEMENT, et ouvertement (dans le sens qu'il est impossible pour le spectateur de ne pas voir l'écho des scènes), subir aux esclavagistes blancs ce qu'ils ont fait subir aux esclaves noirs.
Le vengeance, si elle est un désir de l'âme humaine, et qu'elle apporte satisfaction, ne doit pour autant pas être encouragée. Elle est de ces passions que l'on doit réfréner, et ne saurait décemment être sublimée à l'écran, encore moins lors d'une sortie en salle industrielle avec un énorme budget de communication afin d'attirer le plus de spectateurs possible.
Pour finir, je ne ferai qu'évoquer le mauvais jeu d'acteur, le doublage ridicule, les dialogues mal écrits à l'origine, les plans si clichés qu'ils en deviennent drôle au milieu d'une scène "d'horreur", on a parfois l'impression de contempler un magnifique nanar. Deux étoiles pour le premier tiers, qui mérite d'être vu, l'on peut quitter la salle une fois dans la ville moderne.