Après Un peu, beaucoup, aveuglément, qui avait réalisé 532 000 entrées en France, Clovis Cornillac et ses deux coauteurs, Lilou Fogli et Tristan Schulmann, voulaient se trouver sur un nouveau projet. Le cinéaste se rappelle :
"Je leur ai soumis une idée : une histoire qui me permettait de parler de l’identité et d’un personnage-caméléon qui pourrait se fondre dans n’importe quelle communauté de manière totalement instinctive, sans jamais savoir qui il est."
"Ce qui le constitue, c’est sa bienveillance et sa simplicité : il rend les êtres et les situations meilleurs par sa seule présence, il apporte un éclairage positif par son attitude. Au départ, j’avais imaginé un personnage dont on ne sait pas s’il est noir, blanc, arabe ou asiatique."
"Quelqu’un, aux multiples cultures, capable d’intégrer n’importe quel groupe. Tout est donc parti de cette idée de quête, de bienveillance, d’identité."
Clovis Cornillac, Lilou Fogli et Tristan Schulmann sont partis sur l'histoire de cet homme qui ne s'est jamais confronté à la société moderne. Tout au long de l'écriture, ils voulaient se focaliser sur le regard de ce dernier sur le monde, pour permettre au spectateur de s'interroger sur notre propre société. Le metteur en scène se rappelle :
"Qu’est-ce que lui voit de ce monde ? Qu’est-ce qui lui semble absurde ? Ensuite, Lilou et Tristan ont eu l’idée qu’il perde ses couleurs. J’ai été emballé ! Ce qui m’a frappé, c’est que je trouvais que cela avait un lien avec l’histoire du cinéma, presque l’histoire de la photographie à l’envers – il devient sépia, puis noir et blanc, et enfin translucide."
"Il y avait cette idée sous-jacente que l’important n’est pas ce qu’on est, mais ce qu’on devient. Et comme c’est un film organique, et pas psychanalytique, je trouvais cela intéressant, car cela répondait à ce que je voulais explorer au départ."
Clovis Cornillac a opté pour une histoire très proche du conte. Un choix difficile à assumer à l'heure actuelle selon le réalisateur : "Etrangement, le film, à notre époque, me semble provocateur, alors qu’il y a 30 ou 40 ans, il aurait semblé plus opportuniste. Pour moi, contrairement à une narration de genre ou purement sociale, le conte offre la possibilité de laisser la place à des choses de l’ordre de la poésie."
"C’est une forme de cinéma qui me séduit parce qu’elle n’a pas d’âge, qu’elle peut attirer des gens de toutes générations. Je pourrais y emmener ma mère ou un ado de 13 ans. Je voulais donc que le protagoniste, qui fait pousser des fleurs hallucinantes dans un climat surréaliste, indique qu’il est possible de faire des choses impossibles !"
Clovis Cornillac a choisi de situer l'intrigue du film à Lyon, sa ville natale, dont l'architecture rappelle l'Italie du nord. Le cinéaste précise : "Je me suis toujours senti lyonnais, et quand je suis à Lyon, je suis chez moi. Je voulais donc idéaliser Lyon : la manière dont j’ai rapproché les lieux est fictive. Je ne voulais pas être dans la véracité mais dans l’essence. Pour moi, l’esprit lyonnais ressemble à une traboule : une ville, où on s’engouffre par une rue et dont on sort quatre rues plus loin, impose un mode de pensée."
Clovis Cornillac a découvert Alice Pol dans Une folle envie, où elle avait un petit rôle. La comédienne se rappelle avoir été séduite par le côté hors normes du personnage d'Anna dans C'est magnifique ! : "C'est toujours agréable de se voir raconter une histoire qu’on n’a pas l’impression d’avoir vue cent fois."
"Par ailleurs, j’avais très envie de travailler avec Clovis Cornillac comme metteur en scène, que j’avais déjà côtoyé comme partenaire. Je crois avoir bien compris son projet, mélange de féerie et d’émotion. Les sentiments évoqués par ce scénario sont ceux que je cherche à apprécier dans l’art en général et au cinéma en particulier."
Pour obtenir le plan de la grotte fleurie, qui a nécessité un travail de deux mois, Clovis Cornillac, le chef décorateur Sébastian Birchler et l'artiste multimédia Antoine Vienne sont partis de l’ensemble des photos prises sur le tournage, pour ensuite les transformer en modèle 3D :
"On a commencé à mettre en place des branchages et à modéliser des fleurs spécifiques pour la grotte et, à partir de là, on a composé le plan. C’est un vrai travail d’équipe : une personne s’est chargée de modéliser les fleurs, une autre a nettoyé la grotte et, de mon côté, je me suis occupé de la texture, des couleurs et du rendu visuel des fleurs."
"L’enjeu consistait à harmoniser la 3D et les plans tournés. On a ensuite confié les images au département compositing qui a effectué les finitions", se rappelle Sébastian Birchler.
Pour la musique, Clovis Cornillac a travaillé avec Guillaume Roussel qui s’est formé aux côtés de Hans Zimmer. Le metteur en scène se souvient : "En montage, on lui envoyait des séquences, même non finalisées. Il enregistrait chez lui, à Los Angeles, et nous faisait des propositions incroyables. On échangeait constamment et les séances d’enregistrement ont été jubilatoires."
"Depuis que je suis gamin, je suis bouleversé par Dario Moreno. Je trouve qu’il y a quelque chose de Demy dans les orchestrations de Moreno – quelque chose de joyeusement triste. Je pense que cela vient aussi de John Berry qui l’a dirigé dans Oh ! Qué Mambo : Moreno ne joue pas bien, mais il est d’une candeur jubilatoire. C’est un film qui m’a profondément marqué et que j’adore."
C'est magnifique ! a fait partie de la Sélection Officielle de l'Alpe d'Huez 2021 et a été présenté au Festival d’Angoulême 2021.
Avec C'est magnifique !, Clovis Cornillac retrouve Lilou Fogli, une comédienne avec laquelle il a joué dans Les Vétos, Un peu, beaucoup, aveuglément, Belle et Sébastien 3, Brice 3 et la série Chefs. Il confie : "C'est une femme très belle, graphique, qui peut être très sophistiquée malgré elle."
"Et l’amener dans un petit pavillon pour en faire une nana sans relief, c’était intéressant. C’est pour moi un rôle 'en creux', qui n’est pas nécessairement gratifiant, mais nécessaire à la narration. Autant elle était exubérante dans Un peu, beaucoup, aveuglément en soeur extravertie, autant ici elle est introvertie."
Pour la séquence où la petite fille s’évade du foyer et semble voler dans les airs, le superviseur des effets visuels Alain Carsoux et le compositeur VFX Etienne Allard ont dû masquer certains éléments, puis les recréer :
"Comme Pierre est transparent, on est censé les voir à l’image. C’est le cas, par exemple, du bas-ventre de la petite fille, caché par la tête de celui qui la porte sur ses épaules. Le story-board était donc essentiel car, en fonction des mouvements des acteurs, on pouvait mettre en place des techniques qui n’étaient pas forcément les mêmes sur chaque plan."
"La première étape consistait à effacer le personnage invisible et puis, au fur et à mesure, il s’agissait de ramener les éléments qui nous manquaient. C’est à ce moment-là qu’on s’est rendu compte que la jambe de la fillette était totalement masquée par le comédien, si bien qu’il fallait la recréer. Il en allait de même de son t-shirt qui était assez technique à reconstituer."
A noter la présence de Myriam Boyer, mère de Clovis Cornillac, avec lequel elle a déjà joué dans Monsieur Papa (2011), Il y a maldonne (1988) et le téléfilm Gris blanc (2005).