Conte fadasse
Pour son 3ème film en tant que réalisateur Clovis Cornillac a opté pour la comédie fantastique et poétique. Or, je ne suis pas très client du genre et ces 97 minutes plutôt languissantes ne me feront pas changer d’avis. Pierre, la quarantaine, a toujours vécu loin des désordres du monde, entre ses abeilles et ses hibiscus. Lorsque ses parents disparaissent, c’est tout son univers qui bascule : il découvre qu’il a été adopté et doit apprendre à survivre dans une société moderne qu’il n’a jamais connue. Déterminé à élucider le mystère de ses origines, il croise la route d’Anna qui, touchée par la bienveillance de cet homme pas comme les autres, accepte de l’aider. Mais à mesure qu’il progresse dans son enquête, Pierre se décolore comme par enchantement. Ça se voudrait charmant mais hélas ça n’est que mièvre et surtout très mou du genou. Dommage, pour notre acteur/réalisateur plein de bonne volonté et d’ambition. Mais voilà, les intentions ne suffisent pas.
Après le plutôt réussi, Un peu, beaucoup, aveuglément, qui avait réalisé 532 000 entrées en France, Clovis Cornillac et ses deux coauteurs, Lilou Fogli et Tristan Schulmann, voulaient se trouver sur un nouveau projet. Cette fois l’idée de départ est une histoire qui me permettait de parler de l’identité et d’un personnage-caméléon qui pourrait se fondre dans n’importe quelle communauté de manière totalement instinctive, sans jamais savoir qui il est. Le personnage central de par sa bienveillance et sa simplicité, rend les êtres et les situations meilleurs par sa seule présence. Pourquoi pas, mais le scénario s’essouffle et ne tient donc pas la distance. Pourtant, voir le héros changer de couleur – il passe par le sépia, le noir et blanc, jusqu’à devenir translucide -, était une idée d’une rare poésie. Malheureusement, le montage et l’indigence de certains dialogues condamnent cette « bonne » idée trop vite et on n’exclut pas quelques bâillements chez le spectateur lambda. La comédie a parfois des ailes de plomb et le fantastique poétique avec elle. Dommage, car ça s’annonçait original…
Clovis Cornillac, devant et derrière la caméra, a un jeu trop monocorde pour séduire le public. Alice Pol, dont je pense qu’elle se bonifie de film en film, tire joliment son épingle du jeu. Tout comme la petite Manon Lemoine, Lilou Fogli et Myriam Boyer, - mère de Clovis -, qu’on a toujours plaisir à revoir sur les écrans. Tendresse désarmante, naïveté confondante… d’autres appelleront ça de la poésie… cette parenthèse enchantée tombe un peu à plat. J’aurais tant voulu aimer ce film.