En attendant Couleurs de l'incendie, l'adaptation du roman de Pierre Lemaitre, Clovis Cornillac s'est offert un grand bol de fantaisie avec C'est magnifique !, dont le générique convoque l'organe de Dario Moreno, l'interprète de la désuète bluette éponyme. Avec ses couleurs étincelantes, le film commence comme un conte, ce qu'il restera, en passant par plusieurs genres : drame, comédie, suspense, fantastique, avec son héros dont les caractéristiques sont la gentillesse innée ainsi que la méconnaissance de la civilisation puisqu'il a toujours vécu isolé du monde, auprès des fleurs et des abeilles. Ce candide va dont se heurter à une société dont il ne possède ni les codes ni les usages les plus élémentaires. "Un film à zéro cynisme et 100% premier degré" annonce son réalisateur, à l'image de son protagoniste principal. Se lancer dans une fable, avec un (tout) petit côté Amélie Poulain, c'est s'affranchir d'un certain réalisme, admettons, mais c'est aussi ne pas se laisser aller à certains raccourcis peu cohérents dans le récit, ce que C'est magnifique ! n'évite pas hélas, et surtout ne pas définir des personnages sans relief et convenus (la mère ex-alcoolique résiliente, le travesti au grand cœur, le flic énervé et répugnant, etc). Faire un film sur la bienveillance et la pureté d'âme n'est pas une chose facile et, jusqu'à preuve du contraire, Clovis Cornillac n'est pas encore Frank Capra. Il est bien gentil mais son film manque de caractère, de fluidité et de style, se suivant sans ennui grâce à ses nombreuses péripéties mais sans susciter le moindre début d'euphorie qu'il souhaiterait atteindre.