Hollywood, ce grand cirque où les étoiles montent et s’effondrent plus vite qu’un budget de blockbuster en CGI douteux. Babylon, dernier délire cinématographique de Damien Chazelle, s’impose comme un opéra baroque sous coke, une fresque où chaque plan semble hurler : « Regardez comme je suis démesuré ! ». C’est excessif, bruyant, clinquant… et parfois terriblement brillant.
On y suit Manny (Diego Calva, révélation du film), étoile montante naïve prise dans la lessiveuse du cinéma muet en pleine mutation. Margot Robbie, en tornade de chaos, livre une performance habitée, oscillant entre diva en chute libre et reine du grand n’importe quoi. Quant à Brad Pitt, il promène son charisme nonchalant avec une élégance tragique, incarnant le poids écrasant d’un Hollywood en train de muer.
Chazelle filme tout avec l’énergie d’un DJ sous acide : montage frénétique, mouvements de caméra épileptiques, et une BO qui hurle plus fort que la moralité des personnages. Mais derrière ce tourbillon hystérique se cache une vérité simple : l’usine à rêves est un broyeur d’âmes.
Le problème ? Babylon est tellement occupé à danser sur la table qu’il en oublie parfois d’être subtil. À force de vouloir choquer, impressionner, et empiler les orgies et les excès, le film flirte dangereusement avec l’indigestion. Et si certains y verront un chef-d'œuvre hypnotique, d’autres risquent de sortir de la salle avec une migraine carabinée.
Un film-monstre, too much jusqu’à l’absurde, fascinant et agaçant à la fois. Du grand spectacle, de la sueur et des larmes, mais aussi des longueurs et une envie presque adolescente d’en faire toujours trop. Chazelle voulait rendre hommage à Hollywood ? Il en a surtout capturé le délire le plus furieux.