Beaucoup n’aimeront pas, seront déçus, diront je m’attendais à mieux, sans doute parce que Babylon touchera un peu plus au cœur les amoureux du cinéma, de tout ce qui fait le cinéma, sa beauté et sa démesure, sa tragédie et sa musique, son art de raconter et de laisser une empreinte.
J’ajoute, puisque nous sommes dans l‘univers de la contradiction, qu’il y aura aussi des amoureux du cinéma qui n’aimeront pas et qu’il n’y a rien d’arrogant dans ce jugement qui n’est que le mien !
J’ai adoré Babylon, quelle claque, quel rythme, quel cirque, quel récit, quelle démesure ! Damien Chazelle fait déjà partie des plus grands de l’histoire de cet art qu’il maîtrise comme peu de réalisateurs.
En 3 films, Whiplash, LaLaLand et Babylon, il a creusé un sillon doré dont on parlera longtemps après son passage sur cette planète.
La trace qu’on laisse, l’envers du décor, l’extrême folie de la fin des années 20, comme on enterrerait l’ère du muet dans un vacarme assourdissant fait d’orgies et de trompettes, les racines de la pluie en technicolor sous laquelle chantait Gene Kelly, here Babylon is.
Margot Robbie est impressionnante, Brad est plus cabot que jamais avec cette finesse de jeu qu’on lui reconnaît souvent après sa belle gueule, ça changera avec l’âge, les petits rappels de La La Land dans certains morceaux sont de délicieux clins d’œil aux aficionados (j’achète le vinyle dès demain !) et le patchwork de la scène finale (no spoil) est extraordinairement foisonnant et raconte le cinéma en images furtives et en couleurs.
Babylon est de ces films qui laissent l’impression de savoir qu’on a vu quelque chose qui marquera le cinéma, on reste jusqu’à la fin du générique, on a vu des excès, de la folie, de l’amour, de la solitude, des larmes, des rires, des idées géniales, une époque, un autre monde, on a vu un film éléphantesque qui ne trompera personne quant à la place qu’il occupera dans l‘histoire du cinéma.
Franck Pelé