Votre avis sur J'ai le droit de vivre ?
3,0
Publiée le 2 février 2025
« J’ai le droit de vivre » réalisé par Fritz Lang en 1937 est considéré un peu abusivement comme l’un des tout premiers films noirs. Un an auparavant, le réalisateur allemand tout juste débarqué à Hollywood avait réalisé son premier film sur le sol américain avec « Fury » qui dénonçait le comportement souvent incontrôlable d’une foule prompte à lyncher celui désigné à tort comme coupable d’un crime. Son second métrage s’intéresse à la difficile réinsertion des délinquants après leur passage en prison. Jamais manichéen, Lang expose les différents aspects du problème sur lequel les positions encore aujourd’hui s’affrontent radicalement. Ancré dans une forme de réalisme plutôt bienvenu, le film pour être totalement convaincant pêche par un scénario bourré d’invraisemblances, phénomène plutôt rare chez Fritz Lang. La dimension esthétique comme toujours impeccable emprunte certes la tonalité qui sera typique du film noir mais sans en initier les principaux codes, « J’ai le droit de vivre » revêtant surtout une dimension sociale plus proche de celle des films d’un Sydney Lumet. Pour ce qui est d’Henry Fonda encore débutant, il est parfait dans un rôle qu’il ne retrouvera pas si souvent tout au long de sa prestigieuse carrière, celui d’un homme tourmenté sujet à des pulsions violentes qui le poussent à franchir trop facilement les limites malgré sa volonté exprimée de rédemption et la promesse faite à sa fiancée (Sylvia Sydney). Une Sylvia Sydney qui avec son visage angélique incarne parfaitement celle qui a décidé d’aller jusqu’au bout de son engagement sentimental. « J’ai le droit de vivre » de par ses qualités esthétiques et de sa très solide interprétation s’avère un film intéressant mais qui ne parvient pas à réellement émouvoir en raison des incohérences scénaristiques évoquées plus haut. De Fritz Lang on est naturellement en droit d’attendre mieux.
1,0
Publiée le 29 septembre 2006
C'est une des rares déceptions que j'ai connues en visionnant un Fritz Lang. Poussif, celui ci décrit sans subtilité le sort qui s'acharne sur un ancien condamné en ces temps de dépression. Rien ne nous est épargné pour fustiger l'injustice des forces de l'ordre, des médias, des foules... Cela devient une démonstration de force assez désagréable. Dans un même genre à forte consonnance sociale, Lang a mieux réussi Fury l'année précédente.
5,0
Publiée le 4 février 2008
Fritz Lang période chefs d'oeuvres : mais c'était quand déja? C'est pendant si longtemps qu'on a en effet du mal à situer l'age d'or de Lang. La preuve en est avec ce superbe "J'ai le droit de vivre", film intense au message d'une grande puissance. Lang s'appuie dès le départ sur une très forte connotation sociale, un message de paix désespéré, tant l'univers qui entoure les deux héros est sombre et sans espoir. C'est justement cette photo très ombre que l'on retrouve, collant parfaitement à l'ambiance lugubre qu'a cherché à créer Lang. Mais il n'en oublie pas pour autant de s'intéresser à ses personnages, des marginaux (notamment celui d'Henry Fonda), qui n'ont pas vraiment leur place dans cette société, mais qui sont sans doute pourtant les plus purs... De plus, le film peut s'appuyer sur un scénario remarquablement écrit et construit, avec des détails particulièrement bien choisis le plus souvent. Bref, ce "J'ai le droit de vivre" est un véritable chef d'oeuvre, une oeuvre incontournable marquante et particulièrement poignante. Un sommet.
1,0
Publiée le 28 juin 2007
Autant je suis un inconditionnel de la période allemande de Lang, autant je dois avouer avoir des problèmes avec sa période américaine! À la différence de celui de Murnau, on ne peut pas dire que le style du grand réalisateur autrichien soit demeuré totalement intègre, contraint et forcé qu'il fut de s'accommoder des diktats commerciaux des studios américains. «You Only Live Once» (1937) illustre bien le problème. La manière propre de Lang doit ici se marier avec la guimauve hollywoodienne, tant sur le plan du jeu épouvantablement convenu des acteurs que de celui des décors, ici particulièrement «kitsch», ou que de celui de la musique doucereuse, assommante et bien sûr omniprésente jusqu'à provoquer l'écoeurement. Mais, en outre, il faut bien reconnaître que le réalisateur n'est pas ici au meilleur de son inspiration. Le scénario de son film est caricatural avec une victime (un Henry Fonda pas très convaincant qui se coltine une Sylvia Sidney particulièrement «cruche») vraiment très, très persécutée par une société vraiment très, très injuste et méchante. Le tout culmine sur un final en forme de climax pathetico-sirupeux où les deux époux maudits sont abattus par la police. En bref, je ne suis pas un seul instant parvenu à croire à leur triste histoire! Il ne me reste qu'à détourner pudiquement le regard!
5,0
Publiée le 2 juin 2016
Un polar d'une noirceur absolue qui frôle le mélodrame, (jamais l'expression faire porter le chapeau n'a si bien été illustré) mais le savoir-faire du réalisateur fait que tout cela est parfaitement maîtrisé. Fonda incarne avec brio un type pas trop malin que lequel le destin s'acharne et Silvia Sidney une amoureuse tout à fait crédible. La mise en image est brillante, le scénario intelligent, bref un chef d'œuvre.
4,5
Publiée le 2 juillet 2014
Alors qu’il est condamné pour un meurtre qu’il n’a pas commis, un homme aidé de sa femme s’évade de prison et seront évidemment pris en chasse par la police... "J’ai le droit de vivre" est un drame particulièrement prenant et poignant à suivre et s’impose sans conteste comme l’un des chefs-d’œuvre de ce metteur en scène mythique qu’est Fritz Lang. Sylvia Sydney et Henry Fonda forment un couple particulièrement attachants et ils sont magnifiques dans leurs interprétations. La mise en scène de Fritz Lang est également de très grande qualité, la photographie est très belle et l’histoire prenante de bout en bout. Du très grand art que je ne pourrais que conseiller aux amateurs de film noir.
5,0
Publiée le 4 juillet 2009
Magnifique film de Fritz Lang, son deuxième réalisé aux Etats-Unis. Le réalisateur livre son ultime version de sa vision de la société, "hobbesienne", selon laquelle l'homme est un loup pour l'homme. On retrouve dans ces gérants d'hôtels, puis dans ce garagiste, la même agressivité que celle des citoyens qui s'accusent entre eux dans M le Maudit ou celle, frénétique, des villageois dans Furie, prêts à lyncher un innocent. Dans J'ai le droit de vivre, nous voyons l'étau de la société se reserrer autour d'Eddie qui, une fois entré dans un cercle vicieux, ne peux en réchapper. On pourrait croire que cet homme est né "en frappant à la porte de la chaise électrique" ; Lang répond par une accusation féroce de la méchanceté humaine, de la bassesse des hommes prêts à frapper un homme à terre, à l'éxecuter froidement. Si Eddie est condamné à "finir mal", c'est bien à cause de ses concitoyens qui le poussent dans la tombe à coup de pioche. Dans un monde si cruel, comment, alors, croire en la bonté d'une grâce, et ne pas y voir là un piège de plus ? La vie, dans J'ai le droit de vivre, semble être un enfer de chaque instant, une course effrénée vers un espoir qu'on n'atteindra jamais. Cette vision cauchemardesque du monde est accentuée par le fait que les deux héros sont jeunes, naïfs, sans défenses ; Joan est une petite femme frêle, Eddie un garçon sans le sous, instinctif et pas très futé. Deux victimes faciles pour les chacals - on notera d'ailleurs l'allusion à Roméo et Juliette, de la bouche de Joan. Les références à cette pièce me semblent nombreuses et évidentes, or, cela ne semble n'avoir jamais été relevé. Comme dans la pièce, le héros sombre et mélancolique embarque la fille heureuse et solaire (Juliette, fille de juillet) dans son monde de ténèbres. Sauf que les amants ne sont pas les victimes de la haine de deux familles, mais bien de la haine ancrée en chaque être humain, prêt à condamner son prochain sans procès. (...)
5,0
Publiée le 19 avril 2011
Un très beau film sur la réinsertion impossible d'un homme sortant de prison et décidé à marcher doit. Un film très noir, romantique et passionnant. Le scénario est palpitant, les acteurs charismatiques et la mise en scène signée Fritz Lang, mettant en valeur de très jolis décors et des images esthétisantes, est très inspirée. Un joyau du septième art.
4,0
Publiée le 9 février 2019
Au début du film, un homme sort de prison pour la troisième fois de sa vie et l'on apprend qu'une nouvelle arrestation l'enverrait directement sur la chaise électrique. Visage tendu, Eddie Taylor (Henry Fonda dans le premier grand rôle de sa carrière) en veut aux autorités qui ont détruit sa vie et quitte son lieu d'incarcération en sachant pertinemment que l'avenir qui lui est réservé n'est pas des plus idylliques. Si l'ouverture est quelque peu schématique (on oublierait presque que les précédentes condamnations du personnage sont méritées), elle a le mérite de poser clairement les intentions du film, lequel est construit comme une tragédie qui accompagne un couple dans son irrémédiable chute. Fritz Lang met à nu une liberté illusoire, conscient qu'Eddie est désormais perçu comme un récidiviste qui ne mérite plus qu'on lui donne sa chance. Il faut voir comment son nouveau patron profite de la moindre petite erreur pour le licencier ou comment une foule est prête à le lyncher à la sortie d'un tribunal alors qu'elle ne connaît pas la vérité : ce regard méprisant mais lucide sur une société qui s'attribue un pouvoir qui ne lui appartient pas ou qui en abuse est une constante chez Lang, il ne trouve pas ici la force qu'il pouvait avoir dans "M le Maudit" ou "Furie" mais s'inscrit dans la mécanique d'un destin défavorable. Implacable dans son constat et dense au vu de l'efficacité avec laquelle s'enchaînent les diverses actions, "J'ai le droit de vivre" est un film haletant qui fait preuve d'une ébouriffante capacité de synthèse et d'un attachement profond à des personnages conduits vers un final ambigu, qui sonne à la fois comme une tragédie et comme une libération.
4,0
Publiée le 23 mai 2015
Excellent film noir de Fritz Lang du début de sa carrière américaine et et acteurs formidables pour ce couple inspiré des légendaires Bonnie&Clyde. Henri Fonda face aux préjugés d'un taulard tentant la réinsertion grâce à l'amour passionné de sa femme mais qui se heurte à ce que l'homme produit de pire. Un film sombre mais touchant et magistralement mise en scène par Lang. Un classique de sa filmographie (à rajouter dans sa longue liste).
4,5
Publiée le 22 mai 2013
En 1937, Fritz Lang achève son deuxième film sur le sol américain après Fury. J'ai le droit de vivre continue de poursuivre ses analyses de la justice avec acharnement, sans doute suscitée par son départ précipité d'Allemagne suite à l'avènement de l'idéologie nazie. Cette idée de justice était donc bien en accord avec son temps. You only live once affiche Henry Fonda en tête de casting, excellent comme à son habitude, dans un rôle intéressant, dont la performance a peut-être été amélioré grâce à la mésentente entre le réalisateur et l'acteur sur le plateau (car il en résulte souvent que l'acteur poussé jusque dans ses dernières limites livre le meilleur de lui-même) et Sylvia Sidney rempile encore en tant que femme du personnage principal. Le scénario offre un prolongement de Fury, les deux films se complétant et proposant un enchaînement thématique parfait. Je trouve d'ailleurs que J'ai le droit de vivre va plus loin que Fury dans son exploration du concept de la justice, en allant puiser dans le pouvoir évocateur de l'esthétisme de la mise en scène (magistrale, comportant de magnifiques morceaux dignes de l'expressionnisme des chefs d’œuvres allemands de Lang : le travail sur les ombres dans la prison, le brouillard qui envahit la cour lors d'un échange s'imposant comme coup de force majeur du film, et un final dans une forêt aux reflets quasi oniriques, métaphore d'un paradis inaccessible). Son œuvre est plus noire, plus puissante, plus destructrice encore que Fury, non par la violence des sentiments qui s'en dégagent (il faut dire que Fury poussait loin l'indignation et l'agitation émotionnelle du spectateur), mais par le message pessimiste qui s'en dégage, par l'impression d'assister à de grands cycles ténébreux qui ne peuvent se refermer qu'inévitablement. Les protagonistes sont poussés dans leurs derniers retranchement au sein de situations sombres qui ressemblent à un jeu grotesque de la fatalité, ceci ayant un impact encore plus terrible si l'on considère les multiples et géniales trouvailles formelles utilisées à cet escient. La dernière partie fonce dans la tragédie de couple en route sur les grands chemins en forme de pré Bonnie & Clyde, oui carrément, dont l'issue promet d'être violente et inévitable. Sylvia Sydney peut davantage exploiter son personnage que dans Fury, fissurant les codes de l'époque où la femme est réduite à de la quasi figuration. Bourré à raz bord d'évocation, desservit par des plans cadrant avec rigueur un maximum d'informations utiles, un rythme vigoureux et un noir et blanc sublime, You only live once est trop méconnu dans la filmographie du grand maître. Il mérite une relecture détaillée et une reconnaissance à la hauteur de son statut frôlant le chef d’œuvre.
4,0
Publiée le 9 mars 2014
Second film Américain de Fritz Lang "You Only Live Once" est basé sur la vie de Bonnie et Clyde. C'est un beau drame qu'il nous livre, à travers un homme, d'abord rejeté à cause de son passé de prisonnier, puis accusé à tord. Mais Lang décrit le monde autour de manière bien plus cruel, des policiers, de la population jugeant un homme sans rien savoir et uniquement sur son passé. Le scénario est classique, mais a son lot de rebondissement, et il est bien écrit. La mise en scène est parfaite, tout comme ce beau noir et blanc que Lang utilise bien. C'est un film rapide, que ce soit sa durée ou son rythme. Le jeune Henry Fonda est très convaincant, tout comme Sylvia Sidney. "J'ai le droit de vivre" est un très beau drame, intelligent, cru et poignant.
1,0
Publiée le 25 juillet 2011
1 an avant le consternant J'ai le droit de vivre Lang nous avait offert l'admirable Furie mais ici c'est un film bien insipide que Lang a réalisé et parmi ses plus faibles. Il a néanmoins assez de talent pour éviter la mièvrerie mais cette histoire d'homme poursuivi par son passé criminel nous ressort tous les poncifs du genre de plus Henry Fonda tout à fait à son aise en homme recherchant la justice dans 12 hommes en colère n'est par contre pas le meilleur choix qui semble dans ce film un peu trop lisse et propre sur lui pour incarner cet ancien taulard. J’ai le droit de vivre faisait peut-être son effet à l’époque de nos jours il est devenu désuet.
4,0
Publiée le 18 août 2020
La mythologie du vaincu confère ici quelque chose de romantique! C'est l'excellent Henry Fonda qui s'y colle pour jouer ce type de hèros au destin cruel! Fritz Lang montre vraiment la violence, d'où qu'elle vienne,comme une chose sordide! Aucune èchappatoire pour ce pauvre Eddie Taylor, aucun bonheur n'est possible avec la sensible Jo qui se sacrifie pour sauver l'homme qu'elle aime [...] il est difficile d'oublier la scène finale des deux èvadès pris en embuscade par la police! Cette sèquence n'est point sans rappeler le mythique "Gun Crazy" (1950). Cette très belle oeuvre lyrique d'avant-guerre constitue un virage majeur dans la carrière prestigieuse de Lang, considèrè pour la petite histoire comme l'un des premiers classiques du film noir....
3,5
Publiée le 13 juin 2022
Comme dans "Fury", son film précédent, Fritz Lang tire ici à boulets rouges sur le système américain, en particulier judiciaire. On s'intéresse dans "You Only Live Once" à Eddie, un bandit repenti sorti de prison. Eddie aspire à sa ranger et fonder une famille, mais le système ne lui en donnera pas vraiment l'occasion. Entre discrimination et injustices, la fameuse deuxième chance à l'américaine parait bien loin ! Un film assez culotté donc, et surtout très efficace. Car l'intrigue est riche pour un film de moins de 1h30, maniant allègrement les ellipses pour se focaliser sur la relation entre Eddie et sa femme. Henry Fonda, que l'on connait surtout pour ses rôles d'Américain noble et intègre, parait être un choix étonnant pour incarner cet ex-bandit qui reste sur les nerfs. Pour autant, l'acteur est en forme, parvenant à incarner à la fois la détresse et l'agressivité de son personnage. Une annonce de l'un des contre-emplois les plus célèbre du cinéma, qu'il jouera 30 ans plus tard ? La mise en scène de Fritz Lang n'est pas en reste. Inspiré par l'expressionnisme allemand, le réalisateur enchaine les jeux d'ombre, les jolis gros plans sur ses acteurs, et quelques scènes qui en jettent visuellement. Si ce n'est pas l'un des films majeurs de son réalisateur, "You Only Live Once" mérite ainsi le coup d'oeil.
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