Princes et Vagabonds, le beau film de Fabienne le Houérou, nous entraîne au Rajasthan dans un monde étonnant, déconcertant pour un Européen mais fascinant. La réalisatrice a su tisser des liens sur plusieurs années avec un groupe de Manganiars, des musiciens musulmans qui vénèrent les divinités hindoues dans leurs chants et vivent en lisière du désert du Thar au Rajasthan. Son documentaire témoigne de sa grande sensibilité et d’une profonde compréhension de la spécificité de cette communauté. En échange, les Manganiars se livrent avec confiance et une touchante franchise. Respectueux de leurs traditions, les hommes font vivre leur famille grâce à la musique ancestrale que le monde a pu découvrir dans les films de Bollywood et que ces Vagabonds (manganiar signifie mendiant en hindi) jouent lors des fêtes données par leurs protecteurs (de riches seigneurs locaux, voire des Maharajahs) qui les accueillent à leur table comme des Princes. Les Manganiars n’ont pas besoin de salle de concert, la maison de leur mécène leur suffit. L’éducation musicale, comme les mélodies, se transmettent oralement de père en fils ; les traditions l'ouvriront-elle un jour aux filles ? Un Vagabond se pose la question... La beauté des images, les couleurs, la musique, la sincérité des intervenants : ce film très humain amplifie et embellit, oh combien, les émotions et les sensations que j’ai pu avoir lors d’un lointain séjour à Jaisalmer, berceau de ces Princes et Vagabonds depuis le XIIème siècle...
Très beau documentaire/ ethnologique. Rencontre avec un peuple musicien dans l'âme. Nous retrouvons la trace de Jean Rouch sur la vision des peuples du monde. Bravo.
A ne rater sous aucun prétexte. Ce film vous transporte dans un ailleurs qui est ici. Il nous touche tous par sa proximité lointaine et sa lointaine proximité.
Un documentaire très interessante et très poétique qui donne envie de connaitre mieux le monde entier! La musique est la protagoniste absoute de ce magnifique travail. En plus à la fin de la projection, on a eu une très belle occasion de se confronter avec la réalisatrice, qui s'est démontré beaucoup gentille et ouverte à la discussion. Très très belle expérience !
une découverte formidable avec une musique qui fait voyager, on découvre les frères Khan empreints de génie, de doutes, de questionnement sur leur conditions, mais leur passions pour la musique restent indéniables. Le système des castes, le fossé entre les brahmanes vivant dans ce palais extraordinaire et ces intouchables, dignes et fiers.. le tout filmé et présenté avec des détails poignants... bravo à tous ceux qui ont participé à la réalisation de ce film documentaire, riche en culture.
très beau film, reflétant une ambiance sereine et chaleureuse, enveloppée de musique qui nous émeut et nous fait voyager au travers d'un pays riche d' une autre culture très belles images et couleurs chaudes à voir et à faire voir également aux enfants bravo
Vu en avant-première à Paris avril dernier, Princes et Vagabonds est un film qui accroche le spectateur depuis le premier plan présentant le personnage de Bakshe, un musicien de la communauté Manganiar. Le voyage dans le désert du Thar ne fait que commencer. La caméra de Fabienne Le Houérou suit le personnage jusqu'à la capitale française et nous plonge dans une culture méconnue du large public, celle de la low caste Manganiar et leur art ancestral musical. Une musique nourrie par une spiritualité aux influences Hindoues et sufi. La caméra compose virtuosement avec une chromatie contrasté, les ocres jaunes du désert du Rajahstan et les roses et autres couleurs vives de l'habit trasditionel manganiar. La musique est maîtresse des lieux, elle n'est pas qu'arrière fond sonore, elle est le personnage princpal du film, envôutée et envoûtante. Princes et vagabons est une double invitation, au voyage et à la réflexion. Un film de genre-film de chercheur- dont le propos savant est porté par le plaisir des sens. Le film est sortie le 6 novembre au Saint André des Arts, l'occasion pour moi de refaire le voyage au Rajahstan.
Je découvre un monde avec le film . Avec un rythme inédit qui mélange musique et compréhension de la société. Beauté de Jaiselmer,Sublimes paysages. Tout se télescope au rythme des castagnettes et la voix d’un narrateur musicologue nous fait entrer dans la subtilité des « ragas », des « thalas » et des différents concepts de cette musique, miroir de spiritualités qui se rencontrent (Allah et Krishna réunis). Le narrateur évoque dans la simplicité de l’homme de terrain sa rencontre avec les musiciens et son imprégnation musicale. Alors oui, nous découvrons un monde à la fois violent dans les rapports sociaux (situation de la femme et rapports entre castes) et d’une suavité délicieuse dans ses mélodies, qui, amarrées aux couleurs nous entraînent dans un songe indien qui ravive notre imaginaire
Aux fervents de musiques traditionnelles, courez voir ce film réalisé à la Jean Rouch, qui par ailleurs en dit long sur cette communauté encore très ancrée dans la tradition et où les hommes, tous musiciens, n ont de cesse de trouver l amour en Occident ! On n'entend malheureusement pas la voix des femmes dans ce documentaire..
Magnifique film sur une région du monde méconnue et la musique. L'auteur nous fait voyager tout le long avec sa musique, les paysages, les couleurs et les émotions. Je recommande. Beau travail et félicitations à toute l'équipe
Princes et Vagabonds, un film puissant ! Grâce à ce film réalisé avec peu de moyens, la réalisatrice nous fait découvrir une réalité mal connue d’une communauté de musiciens manganiars vivant dans le désert du Thar. Son point de vue sur le sujet est inédit. Avec parcimonie Fabienne insère tout au long de son récit des scènes de fiction (Le musicien qui découvre Paris par exemple produit un renversement du regard formidable) ce qui permet au spectateur d’approcher de plus près et de ressentir intensément ce que vivent les protagonistes du film. Tout au long de l’histoire des indices, des codes sont semés (comme des graines) par différents biais narratifs : avec les mouvements de la caméra, la musique, les dialogues ou même des cartons noirs qui rappellent le cinéma muet. Ces mêmes signes peuvent réapparaître plus loin dans le récit en trouvant un autre sens ou bien alors viennent confirmer les propos en y ajoutant un détail à la façon pointilliste du peintre ou même en impressionniste et trouvent leur place dans une cohérence qui coule comme une rivière charriant son lot de signifiants. Grâce à cette proximité nous avons l’intime impression d’être témoin de quelque chose et d’être intégrés dans le film. On y est . Le film suscite un tas de questions sur ce monde, il nous donne également à réfléchir et à vouloir en savoir plus dans son prolongement. Ce film est une invite au savoir et la réalisatrice explique après la projection les scènes, qui , pour elles contiennent le cœur du propos et de ses recherches sur le « sujet social-musical », car outre les musiques divines (qui s’adressent à Dieu et aux Dieux) qui rythment le film, on comprend, par tous les fils narratifs enchevêtrés, que la musique structure ce monde. Au-delà de sa beauté la musique donne à chacun de ses musiciens sa place dans une hiérarchie sociale et les qualités vocales d’un artiste sont les éléments fondamentaux du prestige social. Tout au long du film on entend des chants d’oiseaux dans ce désert qui, par effet d’analogies, nous présente ces hommes comme des rossignols du désert. C’est un film de chercheuse qui nous invite à creuser plus loin sur les « ragas », les « thalas » comme miroir d’une société musicale mais également un film esthétique car elle parvient dans une grammaire de couleurs (où le rose domine) à nous enchanter avec une insistance chromatique sur les voiles, les tissus et la chatoyance de cette région du monde. Un ensemble d’étoffes tissées par la réalisatrice comme un patchwork féminin qui nous donne à penser qu’il s’agit d’un film a avec une certaine sensibilité peut-être féminine ? Mais en tout cas celui d’une « tisseuse de grande aventure »