Dans ce film au sujet d’actualité, on suit trois ex-gilets jaunes (source d’inspiration du film selon ses auteurs), nostalgiques de leur rond-point, qui vivent dans un lotissement en province (forcément), aux prises avec les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. Il y a
une victime de chantage à la sextape, un père dont la fille est harcelée au lycée, et une chauffeur VTC dépitée de sa faible notation sur son site internet.
Ces trois antihéros du quotidien décident de partir en guerre contre les géants d'internet… Le film dresse un inventaire assez exhaustif mais un peu mécanique des affres de la vie moderne :
les attentes interminables au téléphone sur des numéros surtaxés, les crédits à la consommation aux conditions désastreuses contractés en quelques clics, les vidéos compromettantes perdues dans de lointains « data center »
, et plus généralement la séparation dans le couple, les petits boulots, le chômage, la précarité, les profiteurs du système, la désertification rurale, la déshumanisation de la société causée par l’intelligence artificielle, les aberrations écologiques (
une latte de lit livrée par drone en provenance de Chine
, la dictature du tri collectif, l’opprobre sur le diesel…) ; bref, vaste programme. Il est d’ailleurs difficile de ne pas se reconnaître dans certaines situations. Ce n’est pas toujours digne d’un long-métrage cinématographique. C’est du Groland sur le fond et la forme. Les personnages sont des caricatures de beaufs antipathiques. Avant la révélation de la « mission », le film ressemble à une suite de sketchs parfois pénibles à suivre. Certaines bonnes idées tombent à plat (
les codes confidentiels inscrits dans le congélateur…
). Ensuite c'est mieux, jusqu’à une fin qui prend de la hauteur. Le pessimisme ambiant et le poids qui pèse sur les personnages sont contagieux. Au final, je suis sorti de ce film un peu déprimé, signe qu’il a atteint en partie son but.