Mon compte
    Mank
    Note moyenne
    3,4
    1416 notes En savoir plus sur les notes spectateurs d'AlloCiné
    Votre avis sur Mank ?

    126 critiques spectateurs

    5
    5 critiques
    4
    30 critiques
    3
    39 critiques
    2
    39 critiques
    1
    9 critiques
    0
    4 critiques
    Trier par :
    Les plus utiles Les plus récentes Membres avec le plus de critiques Membres avec le plus d'abonnés
    Cinémonde
    Cinémonde

    135 abonnés 1 434 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 11 mars 2022
    C’est un super film, il est vraiment très bien.

    La mise en scène est ouf ; elle fait énormément référence aux années 1930 et même au cinéma plus largement, que ce soit dans sa réalisation, et dans les détails comme les intertitres. La mise en scène est même une référence directe à la façon de raconter du film “Citizen Kane”. Que ce soit dans les bruitages, dans la musique ou dans la qualité de l’image ; tout laisse à croire que ce film se passe dans les années 1930.

    Le récit est un chouille long et peut paraître chiant mais personnellement j’ai trouvé le scénario passionnant et prenant. Les personnages sont intéressants à suivre et on s‘attache facilement aux protagonistes surtout à Mank.

    Mon seul regret, c’est qu’un film qui parle de cinéma, c’est à découvrir au cinéma ; or il est directement sorti sur Netflix, mais bon, c’est pas si grave.

    Je conseille ce film pour les amoureux de cinéma ou pour les curieux car il peut plaire à un bon nombre de gens qui se laissent porter par l’histoire.
    Arthur Debussy
    Arthur Debussy

    132 abonnés 677 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 22 février 2022
    Déçu par ce film que j'ai trouvé lourd et ennuyeux. C'est la mode aujourd'hui : on ne crée plus des chefs-d’œuvre, on crée des œuvres sur des chefs-d’œuvre... Hélas, Fincher n'a pas le talent d'Orson Welles ou du fameux Mank.

    Il semble que ce film se veuille pétillant, drôle, rythmé... Malheureusement, beaucoup de séquences et de vannes tombent à plat. Dans le genre, le film "Chasseur Blanc, Cœur Noir" de Clint Eastwood me semble beaucoup plus réussi, il va plus loin dans le délire de grandeur de certains hommes de cinéma, tout en étant plus subtil et mieux ficelé.

    Avec "Mank", finalement Fincher se fond dans le moule cinématographique Netflix et des attentes des spectateurs contemporains. C'est-à-dire refuser toute complexité et toute subtilité. A titre d'exemple, s'il reprend la structure éclatée du scénario de "Citizen Kane", ici il indique bien en toutes lettres la temporalité de chaque passage, qu'il soit passé ou présent, pour ne pas perdre le téléspectateur affalé dans son canapé.

    Quant à la mise en scène, elle est peu inventive et manque singulièrement de punch. On s'ennuie poliment durant tout le film, d'autant que le manque d'enjeux est cruel... "Citizen Kane" reste infiniment plus intéressant que ce trèèès long métrage sur ses coulisses... Ce n'est certes pas un film honteux, mais je trouve qu'il n'est pas à la hauteur de tout le battage qu'il a provoqué à sa sortie sur Netflix...
    NarnoNarno
    NarnoNarno

    30 abonnés 609 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 5 janvier 2022
    "Mank" est donc ma première déception D.Fincher. Doit-on pour autant dire que le film soit mauvais? Non, car techniquement parlant, il est irréprochable: dans ses images, sa reconstitution, par l'interprétation remarquable de G.Oldman, la richesse des anecdotes. Mais, D.Fincher se fait ici plaisir à lui-même, en rendant son hommage à l'âge d'or de Hollywood, et au travail de son père qui a signé le scénario dans les années 90. Un film hommageS, avec un grand S. Mais, si la fascination qui nous est ici narrée ne vous touche pas, c'est un immense ennui qui pointe vite le bout de notre nez. Exercice de style, certes, mais exercice vain pour l'intérêt qu'il suscite à peine. Beau, méticuleux, comme un objet personnel qui n'appartient qu'à lui.
    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    1 039 abonnés 4 100 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 15 octobre 2021
    Jack Fincher (1930-2003) était un journaliste et scénariste qui n’aura jamais réussi à populariser son travail d’écriture notamment un biopic sur Howard Hughes qui sera absorbé après sa mort dans le projet mené à bien par Martin Scorsese avec « The Aviator » (2004). Mais il était aussi le père de David Fincher qui est devenu l’un des réalisateurs les plus prisés d’Hollywood, mariant avec bonheur affirmation artistique et réussite commerciale. Après la réalisation de « The Game » en 1997, le fils et le père avaient pour projet de monter un film basé sur le script rédigé par Jack Fincher prenant pour axe central la discorde qui entourait la réelle participation d’Herman Mankiewicz, le frère de Joseph, à l’écriture du scénario de « Citizen Kane » pour lequel il avait fini par être crédité en collaboration avec Orson Welles après y avoir dans un premier temps renoncé. Le travail de Jack Fincher avait pris pour base de travail un article ("Raising Kane") de la très reconnue critique du New Yorker, Pauline Kael, qui en 1971, remettait en cause le travail de Welles quant à l’écriture de son plus célèbre film. La polémique avait à l’époque fait rage, voyant Peter Bogdanovich, ami de Welles, répondre point par point dans un article tout aussi cinglant, au titre évocateur : « The Kane Mutiny ». Le projet porté par David Fincher alors en pleine ascension est relativement bien engagé avec Kevin Spacey prévu pour tenir le rôle de Mank et Jodie Foster pour celui de Marion Davies. Mais l’exigence de tourner en noir et blanc ce film miroir sur Hollywood, compromet l’exploitation télévisuelle et vidéo ce qui stoppe net son développement. Jack Fincher décédant en 2003, le projet n’est repris qu’en 2019 par David Fincher. Ce préambule replace donc « Mank » comme un film à part dans la filmographie du réalisateur de « Seven », « Fight Club » et « Zodiac ». Hommage à son père dont la vocation d’écriture contrariée a sans doute été une douleur jamais refermée mais aussi regard nostalgique sur une époque de son art qui désormais semble bien lointaine. David Fincher prend avec « Mank » le parti délibéré de ne pas s’appesantir sur une polémique pas encore définitivement réglée (l’Académie des Oscars a de son côté tranché en attribuant un oscar commun aux deux hommes en 1942) qui concerne un film fréquemment cité comme le plus grand de toute l’histoire du cinéma. Si à travers les rapports de Mank avec Randolph Hearst et Marion Davies dès le début des années 1930, il n’omet pas de souligner la contribution du scénariste, David Fincher s’intéresse plutôt à la complexité d’un homme raffiné et lettré dont il faut rappeler que né en 1897, il était au moment de l’écriture de « Citizen Kane » (1941), en place à Hollywood depuis une quinzaine d’années, ayant collaboré dès le muet avec des réalisateurs aussi prestigieux que Tod Browning, Josef von Sternberg, George Cukor, Henry Hathaway ou encore Victor Fleming pour « Le magicien d’Oz » (1939). Le choix judicieux de Gary Oldman et d’Amanda Seyfried pour interpréter Mank et Marion Davies effectué, Fincher pouvait démontrer une fois encore la précision et toute l’inventivité de sa mise en scène qui a évolué avec les années vers une plus grande finesse et une plus grande sensibilité que l’on peut voir à l’œuvre dans « Mank », sans doute avec « Gone Girl » son film le plus abouti. La maîtrise technique dont a toujours fait preuve David Fincher est désormais expurgée de ses effets clinquants qui quelque fois par obsession de la forme, le faisaient passer un peu à côté de son sujet (« Seven », « Fight Club », « L’étrange histoire de Benjamin Button »). La narration comme toujours innovante prend ici racine dans l’accident de la route survenu en 1939 qui cloua Mank pendant de longues semaines au lit où luttant contre son alcoolisme, il tente, encadré par deux nurses plutôt compréhensives (Lily Collins et Monika Gossmann) de venir à bout d’une commande qui le contraint à cracher de la ligne en sachant que les ciseaux de Welles vont passer par là pour tracer le chemin à sa caméra virtuose. Les rêves embrumés de Mank permettent au réalisateur inspiré d'y insérer les flashbacks retraçant le parcours tourmenté au sein des studios de l'intellectuel fort en gueule et un peu trop sûr de son talent. L'implication servile des moguls (Louis B. Mayer) dans le monde des affaires (Randolph Hearst) et celui de la politique (l'acharnement contre le démocrate Upton Sinclair) est ainsi parfaitement rendu tout comme le cynisme régnant au sein de la Mecque du cinéma symbolisé par un Irving Thalberg peu épargné. La prestation réjouissante et habitée de Gary Oldman aidera sans doute à vulgariser un film destiné avant tout aux cinéphiles. On saluera enfin la prestation d'Amanda Seyfried en Marion Davis bataillant à fleurets mouchetés avec un Mank discrètement amoureux. Réalisé en 1997 comme initialement prévu, "Mank" n'aurait certainement pas eu la même profondeur.
    sebastien r
    sebastien r

    3 abonnés 24 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 9 octobre 2021
    Eh ben, sous les allures des années 30 rien pourtant ne fait nous sentir à cette époque... De plus le niveau des répliques est d'une faiblesse ennuyeux..
    GéDéon
    GéDéon

    62 abonnés 454 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 25 septembre 2021
    En 2020, David Fincher s’attaque à la biographie d’Herman J. Mankiewicz, dit Mank (Gary Oldman), le méconnu scénariste du célèbre « Citizen Kane ». A travers cette histoire, le réalisateur dresse un tableau acerbe du monde d’Hollywood à la fin des années 1930 tout en abordant les affres de la création littéraire. Ce film en noir et blanc possède une mise en scène très soignée et une photographie de qualité. Malgré toutes ces qualités, la narration ne présente aucune folie ni passion et plonge progressivement le spectateur dans l’ennui. Les allers-retours dans le temps et les incessants bavardages ne permettent pas de s’attacher aux personnages, créant même une grille de lecture confuse. Bref, une œuvre d’une grande beauté plastique mais sans aucune sensualité !
    Ashitaka3
    Ashitaka3

    96 abonnés 1 189 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 11 septembre 2021
    Bavard, lent, long, ennuyeux, rarement un film m'avait autant marqué par son manque criant d'intérêt. Surtout de la part de David Fincher, le réalisateur de Seven, Fight Club, Panic Room et de l'étrange histoire de Benjamin Button. Je ne comprends pas. Je me suis littéralement endormi devant.
    Ykarpathakis157
    Ykarpathakis157

    3 637 abonnés 18 103 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 25 août 2021
    Si nous prenions un groupe de cinéphiles pris au hasard tous familiers du travail de David Fincher que nous les installions et que nous leur montrions ce film sans générique et que nous leur demandions à la fin qui l'a réalisé aucun d'entre eux ne répondrait David Fincher. Car il manque à ce film tous les aspects que ces gens ont aimé dans ses précédents films. Il n'y a pas de mystère ici et il y a peu de drame. C'est un film sur l'écriture d'un film et c'est aussi ennuyeux que cela puisse paraître. Pour être honnête Mank ne se vend jamais vraiment comme quelque chose de différent. Ou peut-être que je n'ai pas compris parce que j'ai eu l'impression qu'une grande partie de cette histoire me passait au-dessus de la tête. Avec tous les sauts dans le temps avec des personnages qui apparaissent avec peu d'explications comme si nous étions censés savoir qui ils sont et les nommer dans des dialogue de personnes importantes de la scène hollywoodienne et politique des années 1930. Pour moi ce dernier point était le défaut fatal. Le film prend pour acquis que le spectateur connaîtra tous ces noms et ces histoires de personnes qui sont maintenant obscures et oubliées depuis longtemps. Ainsi du début à la fin ces références à des personnes et à des politiques contemporaines passent au-dessus de nos têtes et nous laissent perplexes dans leur sillage. Si l'on n'a pas vu Citizen Kane plusieurs fois et que l'on n'a pas une connaissance rudimentaire d'Orson Welles l'expérience ne peut que quadrupler car le film fait constamment référence à Citizen Kane sans le mentionner nommément. Il a essentiellement une obligation nous devons d'abord regarder Citizen Kane sinon il n'aura absolument aucun sens pour nous...
    Bertie Quincampoix
    Bertie Quincampoix

    78 abonnés 1 750 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 22 août 2021
    Adaptant un scénario de son propre père, David Fincher a su tirer à profit la liberté artistique totale que semble lui avoir accordé la plateforme Netflix. Avec Mank, il se laisse aller à un plaisir de cinéaste absolu, hommage en noir & blanc au cinéma et plus particulièrement à l’âge d’or hollywoodien. Son portrait dense et décalé de Herman J. Mankiewicz, scénariste du mythique Citizen Kane et frère du cinéaste Joseph L. Mankiewicz, nous plonge dans la Californie des années 30 et 40, avec son lot d’intrigues et de sous-intrigues politico-cinématographiques assez obscures. Au risque de perdre le spectateur en cours de route, bluffé par la virtuosité de la mise en scène mais déboussolé par la complexité assumée de l’histoire. Jamais David Fincher n’avait paru se soucier aussi peu de son public : c’est à la fois rassurant, courageux et un peu frustrant.
    Raw Moon Show
    Raw Moon Show

    119 abonnés 829 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 28 août 2021
    Décidément, j'adore Fincher. A quelques déceptions près (Fight Club, The Game) mais qui commencent à dater. J'ai notamment une adoration pour Gone Girl son dernier opus. Et bien voilà qu'il nous revient avec un film qu'on aurait pu imaginer dégoulinant de nostalgie béate, de mélancolie factice pour une époque révolue, idéalisée comme souvent, et bien non ! C'est tout le contraire qui s'opère à l'écran, qui nous saute au visage. Parce que le regard sans concessions de Mank, sorte de paradoxe vivant cette époque, un pied dans le système un pied dehors, irrigue magistralement le film de son esprit caustique, rebelle et désabusé.
    Mank est au départ une invitation courtoise, appétissante, à revisiter une époque (l'âge d'or d'Hollywood, du règne sans partage de la MGM jusqu'à l'émergence de la RKO Pictures), à replonger dans un film (et quel film, Citizen Kane), C'est aussi, on le devine dès le générique, un hommage au père disparu (Jack Fincher) et à ce qu'il n'a probablement pas réussi de son vivant (projets de cinéma restés dans ses valises, ou développés par d'autres que lui cf Aviator et la bio de Howard Hugues). Mais Mank est d'après moi surtout l'hommage à toutes celles et tous ceux qui dans l'ombre oeuvrent avec esprit, avec liberté (quelles qu'en soient les conséquences pour leurs parcours de vie, leurs "carrières") avec ce qu'ils sont viscéralement, à faire vivre leur époque, à la raconter, à dépeindre ces milieux aseptisés où l'égo démesuré de certains conduisait à écarter sans le moindre scrupule, piétiner, jusqu'à gommer du générique les fameux "oubliés" dont parle Mank... Car Fincher vient témoigner, nous conter l'envers du décor en rappelant le singulier rôle de l'art (témoigner, raconter avec honnêteté intellectuelle, faire rêver, dénoncer, réhabiliter aussi) et l'exigence de l'artiste qui va avec : rester fidèle à ses convictions, ne pas se compromettre. Sous aucun prétexte.

    "Parfois effacés, jamais oubliés" nous murmure-t-il.

    Commençons par louer les qualités du film sur un plan purement visuel et technique. Noir et blanc satiné, avec de la matière, du relief. Mise en scène inspirée, aérienne mais puissante. On oublie la complexité de certains mouvements de caméra. Servi par des acteurs formidables (premiers comme seconds rôles), et des dialogues finement ciselés à coup de double sens, à l'image de la personnalité singulière de Mank.

    Quant à la narration, elle épouse naturellement celle de Citizen Kane (puisque c'est sa genèse à l'oeuvre que nous scrutons) mais culmine selon moi dans une scène d'une ambiguïté, d'une profondeur, d'une richesse abyssales. Hearst y livre sans s'en rendre compte toutes les clés, tous les ressorts psychologiques du futur chef-d'oeuvre d'Orson Welles. Raccompagnant Mank jusqu'à la porte de sa forteresse, il lui assène ce cruel monologue en guise d'adieu, qui est la graine, la semence du futur Citizen Kane :

    "Est-ce que vous connaissez la parabole du singe du joueur d'orgue de Barbarie ? C'est l'histoire d'un joueur d'orgue mécanique et de son singe savant. Un singe minuscule, arraché à sa jungle natale et qui naturellement est impressionné par les proportions du monde qui l'entoure. Seulement, tous les matins, une dame aimable vient habiller notre ouistiti avec de magnifiques vêtements. Elle lui passe une veste de velours rouge orné de boutons de perle. Elle le couvre d'un élégant Fez carmin à gland de soie. Elle lui enfile des souliers de brocard joliment recourbés à la pointe. Et pour couronner le tout, elle lui attache une boîte à musique étincelante en reliant à son cou une merveilleuse chaîne en or, privilège dont il est le seul à jouir. Ainsi, de ville en ville et à mesure que les numéros se suivent, il finit par se dire "je suis vraiment quelqu'un d'important. Il n'y a qu'à voir cette foule qui patiente sagement pour me voir danser. Et où que j'aille, pense-t-il cette boîte à musique me suit traînant encore ce pauvre homme que tout le monde méprise. Le malheureux mendiant. Il suffit que j'arrête de danser pour qu'il meure de faim. Et si je me mets à danser le voilà condamner à tourner sa manivelle que ça lui plaise ou non "

    Naturellement, Hearst vise au coeur. Il entend faire mal. Mank doit comprendre entre les lignes qu'il pense être important mais qu'il n'est au fond qu'un clown, un pitre, un vulgaire amuseur de bas étage qui n'est là que pour divertir les grands de ce monde. Hearst lui susurre que s'il interrompt la musique, Mank ne sera plus rien. Il l'interrompt d'une certaine manière en lui refermant les portes de son monde étouffant et clos mais celui qui autorise alors tous les rêves d'argent, de célébrité, de pouvoir. Une cour, ses rois d'un temps, ses courtisans de passage, où la voix dissonante, le mot sincère sont rabroués, où l'homme franc et lucide se voit pestiféré manu militari. Mais tout ceci n'a qu'en temps et s'envole comme ce bout de papier juste avant l'accident de voiture de Mank. Ce qui reste est autrement plus pérenne, profond, emprunt d'humanisme... L'oeuvre à venir. Mieux, celle qu'on a sous les yeux.

    Car Hearst n'a sans le savoir jamais autant livré de lui-même à cet instant-clé. La figure est renversée. Ce petit ouistiti, c'est évidemment lui, le mendiant n'est autre que Mank le mettant quelques temps plus tard divinement en musique. Vertigineux pied de nez. Hearst a tout livré de sa profonde solitude en une confidence maquillée, en une marche funèbre jusqu'à la porte immense de sa "boîte à musique" grandeur nature. La vieille dame de la parabole l'ayant habillé pour ses succès futurs, et bien c'est sa maman choisissant pour lui son avenir doré, remplaçant l'amour maternel par les apparats de l'amour, le bien matériel, misant l'enfant comme un objet, un trophée, une marionnette. Ce faisant, elle choisit à sa place tous les avenirs qui ne s'offriront pas à lui.

    Mank se nourrit de ce monologue et démontre plus tard sous sa plume inspirée que la puissance de l'esprit est irréductible lorsqu'il sait rester libre, indompté. Ne se dit-il pas franc-tireur, qualité et défaut que sa femme qui l'aime de toutes ses forces n'a de cesse de lui rappeler la nécessité de faire des compromissions, d'altérer ce trait de caractère, de réfréner ses élans de franchise parfois blessants ? Avec le recul et malgré ce qu'il aura payé de sa santé, de tant de projets avortés, pour sa carrière amputée, Mank démontre que, même désabusé, il aura percé à jour, compris, aimé Hearst d'une amitié vraie, parce qu'ils ont en commun de 2 façons différentes le sens profond de ce qu'est la perte des illusions, de ce que font les rêves, les idéaux lorsqu'ils percutent de plein fouet la réalité. D'où ce récit éclaté, labyrinthique qui fait rejaillir en dernier lieu l'innocence, la candeur perdues de Kane alias Hearst (mais de Mank naturellement au contact de ce monde cruel qu'est le cinéma, incarné dans le présent par le tout-puissant Welles) dans ce qui restera comme l'une des plus fantastiques révélations de l'histoire du 7ème Art.

    Si l'on cherche dans la structure même du film des éléments pour se convaincre de ce qu'il y est avant tout question d'exhorter chacune et chacun à rester soi-même quoi qu'il en coûte sur le chemin d'un prétendu succès parsemé d'étoiles comme sur Hollywood Boulevard, il suffit de revenir sur la relation Orson / Mank qui fait revivre à l'écran le duo passé de ce dernier avec Hearst. Même inextricable binôme, l'un ne pouvant exister sans l'autre (l'un est à la scène, à la lumière ce que l'autre est aux coulisses, aux ténèbres de la création la plus pure). Raison pour laquelle il est utile et passionnant de revoir Citizen Kane après avec dévoré Mank. On retrouvera notamment Mank transfiguré sous les traits de l'ami de toujours : Leland. Mais aussi à certains égards dans le personnage de la jeune cantatrice, lorsqu'elle prise au piège de ce château (et lui entre ces 4 murs où il doit produire en un temps record) et qu'elle essaye d'achever son puzzle (le scénario du film ?).

    Evidemment, le talent de Mank est connu à l'époque. Orson Welles est ici dépeint comme un prédateur cherchant à profiter de la position de faiblesse de Mank, alors sur la touche. Il est l'anti-Mank, l'incarnation d'un "monstre" à l'égo surdimensionné qui veut à tout prix attirer la lumière à lui. Par tous les moyens. Sorte de "Louis Cypher" (son arrivée au chevet de Mank à l'hôpital) venant convaincre Faust de lui céder son âme contre un peu de plaisir (purgatoire incarné par cette ferme où cloué au lit Mank est entouré de personnes aux petits soins). Un lieu d'abord dépeint comme une cellule de prison, une geôle (on pense au personnage de James Caan dans Misery et la contrainte qu'il subit pour écrire... produire... répondre au bon vouloir d'un tyran) avec 2 gardiennes de prison et le bras droit du directeur... Houseman qui vient régulièrement procéder à l'inspection de sa cellule (grise). Empêcher toute tentative d'évasion dans tous les sens du terme. Alors l'évasion se fera par la pensée, par la boisson, par la confidence... On est d'abord dans le carcéral, quasiment la prise d'otages puis lentement, par flashbacks successifs, le lieu s'oxygène à nouveau et devient celui de la mémoire, de la création. Plus Mank redevient lui-même, avec ses excès (emportements, alcool), plus son regard redevient acéré, plus son écriture redevient puissante. Sans contraintes. Il est pour finir libéré du fameux fil d'or à la patte de la parabole. De tous les fils d'or. Il exulte.

    Dans le même temps, on comprend que la confiance que lui témoignent son petit frère, les femmes autour de lui dans cette chambre forte (et Orson Welles dans une certaine mesure, malgré lui, malgré eux), l'amènent à retrouver foi dans ses capacités. Ce qui lui permettra d'assumer que ce qu'il a écrit est bien de lui et de personne d'autre. Il se sent alors autorisé à demander à Welles de laisser son nom au générique (Quel affront monumental !!!!). "C'est ce que j'ai écrit de meilleur" assène-t-il enfin, fier et prêt s'il le fallait à en découdre. C'est aussi son testament (comme c'est celui de Jack Fincher). Il vient de retrouver sa voie (sa voix dirait la jeune cantatrice dans Citizen Kane).

    Tout le film contribue à décortiquer ce mode d'emploi pour renaître de ses cendres, pour réveiller la petite musique de la confiance en soi... Et le plaisir, son corollaire. "All work and no play makes Mank a dull man." Revenir à l'histoire, rien que l'histoire. Respecter son travail. Lui témoigner l'importance qu'il mérite. Mais rester soi-même. Fidèle à ses convictions les plus profondes. C'est de cela que dépendra la force d'une vision. De ce qu'elle proposera, de ce qu'elle apportera au monde. Dont acte.

    Merci Mank. Merci Jack. Et merci David :)
    Shiwamada
    Shiwamada

    33 abonnés 554 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 3 août 2021
    En terme de mise en scène c'est très réussi, l'image est très belle en noir et blanc avec des artifices pour rendre le tout authentique. Par contre, est-ce que ça fait progresser la filmographie de David Fincher ? Pas vraiment. Faire un biopic sur les dessous du film reconnu comme le meilleur de tous les temps, ça avait du sens. Le faire du point de vue d'un scénariste alcoolique notoire un peu moins. Heureusement la performance de Gary Oldman est remarquable encore une fois, mais centrer l'histoire sur Herman Mankiewicz et faire de son frère et d'Orson Wells des caméos, rien de plus, ce n'est quand même pas très inspiré. Du coup on suit un scénariste qui se croit meilleur que tout le monde, qui sombre dans l'alcool parce que ça le fait écrire mieux, ce n'est ni le premier ni le dernier. Je trouve globalement que ça manque d'enjeu et que ça ne rend pas vraiment honneur au personnage et pourtant la punchline finale prouve qu'il a de la profondeur. On a vraiment l'impression qu'il a participé à un film lambda. Il y a également des incohérences flagrantes dès qu'on commence à se renseigner, du genre les personnages d'Amanda Seyfreid et Gary Oldman qui sont censées avoir le même âge…
    LI & LO
    LI & LO

    5 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 7 juillet 2021
    Mank , un des meilleurs films en noir et blanc que j'ai vu.
    Je trouve la mise en scène géniale , Gary Oldman joue extrêmement bien.
    Mais il est préferable de le regarder plusieurs fois.
    spoiler: À la fin j'étais heureux que Mank gagne l'osca
    r.
    RealPrime
    RealPrime

    61 abonnés 1 641 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 29 mai 2021
    Premier noir et blanc (du moins je l'pense) depuis le succès "The Artist" en 2011, il fut le grand favoris des Oscars de cette année Covid. Particularité supplémentaire en plus d'être noir et blanc puis tourné juste avant le premier grand confinement, il s'agit du 2ème film produit et distribué par une plateforme après le très long "The irishman" et à obtenir une majorité de nomination. C'est donc là la grande nouveauté et moralité d'Hollywood, Netflix et les autres plateformes se sont officiellement imposer comme nouveau studio de cinéma majeur. La modernité du 21ème siècle et donnant un nouveau cap pouvant être une réelle menace face aux studios légendaire et "physique". Mêlant biopic, drame, retraçant la vie d'Hollywood, une œuvre de plus de 2h nous plongeant dans le premier âge d'or de la plus grande cité planétaire du divertissement mondial. Un biopic pour la vie de ce scénariste que l'on découvre dans un premier temps malade à la suite de ses abus constent d'alcool et accident routiers, drame pour le contexte global ou la crise financière de l'époque, le quasi démarrage de 2ème guerre mondiale et les relations tendues entre notre héros et l'ensemble de son entourage pro, et retraçant puisque l'on découvre en plein cœur Hollywood à cette période qui n'en est pourtant que son début. Un début qui propage de suite la cité au rang de n°1 mondial, et c'est ça qui est intéressant dans ce récit, le cinéma muet vit ses heures de gloires, d'un côté le cinéma à démarrer ainsi, puis l'o, découvre le démarrage du parlant à l'image de "Chantons sous la pluie" ou justement "The Artiste" traitant du même sujet. La guerre concurrentielle entre les premiers majors qui le sont d'ailleurs toujours à savoir la Warner, la Paramount et la MGM (qui ne produisent plus autant de nos jours). Un noir et blanc qui à su être esthétique et dont son casting fut convainquant mis qui à de nombreuses scènes offrait des longueurs pas du tout agréable, comme si le fait de montrer les relations tendues entre nos personnages firent au scénario, un handicap sévère et c'est ce que j'en est cruellement penser. Gary Oldman est impeccable dans son rôle ou d'un côté il travail en mode quarantaine et de l'autre vit sa joie Hollywoodienne, une prestation qui l'aura bien changer de la plupart des œuvres ou il dû subir des changement physiques d'envergure, loin le temp des "Batman" de Nolan ou il fut très mince. Une quarantaine surveillée par Lily Collins que j'ai trouvé très bonne au démarrage, mais qui s'essouffle au fil du récit tant sa présence devient très secondaire. Un rôle clairement de femme de chambre et de compagnie. Amanda Seyfried en amie, complice qui va rapidement trouver nos scénariste lourd à cause de ses maux et mauvaises relations, la grande scène finale du diner fut réellement évocatrice sur plein de sujets personnels pour lui-même, un silence laissant place à l'exaspération tentaculaire de cet homme qui comprit que plus personne ne voulait travailler avec lui. Si le récit m'aura perdu en cours de route et que ses longueurs le furent aussi, je peux retenir en très positif la qualité moderne de ce noir et blanc, des décors parfaitement reconstituer sans ou presque d'effets numérique (là ou "King Kong" de Jackson montrait trop bien la limite entre le réel et l'irréel), des costumes là-aussi splendide pour un ensemble visuel réussit. Retracer les années 30 en noir et blanc fut très bien osé, un grand casting mais presque trop long et pas mal de longueurs un moment donner.
    anonyme
    Un visiteur
    3,0
    Publiée le 28 mai 2021
    c'est bien mais je m'attendais a mieux. Ce film est maitrisé techniquement mais pas captivant, les nombreux flashbacks et le coté très bavard du film finissent par perdre le spectateur qui ne se sent jamais vraiment impliqué dans l'histoire. Contrairement a Herman Mankiewicz pour Citizen Kane, le script de David Fincher a du mal a progresser et certaines scenes sont longues et un peu inutiles. Pour rajouter a la confusion il y'a plusieurs personnages qui défilent a l'écran sans qu'on sache vraiment qui ils sont et ce qu'ils viennent rajouter a l'histoire (L'homme qui se suicide par exemple, c'est qui ??) Fincher est peut-etre un grand réalisateur toujours est-il qu'il se complique un peu la vie avec ce film qui fait beaucoup pour pas grand chose. A part son alcoolisme (nombreuses scenes de beverie) On n'a pas l'impression de connaitre l'histoire de Mankiewicz, on le voit a peine rédiger le scénario de citizen kane, auquel on accorde finalement peu d'importance. Pour le reste c'est ppas un mauvais film non plus Gary Oldman est bon comme d'habitude et le film se laisse regarder grace a son ton relativement léger mais vraiment y'a d'autres films meilleurs et moins laborieux. A voir si vous etes un fan de Fincher pour les autres je ne sais pas...
    Marc L.
    Marc L.

    41 abonnés 1 505 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 mai 2021
    Six ans après son dernier film (mais après avoir déjà travaillé pour Netflix via quelques épisodes de ‘Mindhunter’), David Fincher revient aux affaires avec ce projet quelque peu hors-sol, basé sur un script écrit par Fincher père voici 30 ans, que ce dernier avait vainement tenté de faire accepter un peu partout avant de le proposer à son fils qui avait apparemment mieux à faire à ce moment là. Excepté auprès de certains cinéphiles, Herman Mankiewicz est sans doute une figure un peu oubliée aujourd’hui mais pour un homme ayant grandi dans les années 30, il s’agissait ni plus ni moins du plus grand scénariste du monde, celui qui avait pondu le script du ‘Magicien d’Oz” et, surtout, de ‘Citizen Kane’. Puisqu’on parle de ce fait d’arme légendaire, Mank' obéit justement à une narration circulaire, parfois difficile à suivre, qui bondit sans cesse de l’écriture du script du “Plus grand film de tous les temps” à une multitude d’événements disséminés tout au long des années 30, comme la course au poste de gouverneur de Californie de l’écrivain socialiste Upton Sinclair, contre qui tous les grands studios vont se coaliser mais aussi les anecdotes sur les coulisses du Hollywood de ces années-là, le paternalisme autoritaire des pontes du cinéma comme Louis B. Mayer ou la relation entre Mankieiwcz et le magnat de la presse Randolph Hearst, d’abord teintée de sympathie mais qui tournera à l’aigre lorsque le second se reconnaîtra dans le portrait de Charles Foster Kane. Sans le savoir, Mank lui-même était un personnage taillé sur mesure pour le cinéma : scénariste de génie, dont le sens de la répartie foudroyant lui attire autant d’admiration que d’inimitiés mais aussi personnalité ingérable en raison d’un alcoolisme jugé problématique même au regard des standards plus que tolérants de cette époque et de ce milieu. Sur la forme, le résultat est une merveille, que ce soit dans les plans choisis, les dialogues ciselés ou la bande sonore : on peut faire confiance au perfectionnisme de David Fincher pour proposer un authentique film sur l’ ge d’or des studios en Haute-Définition. Si la proposition reste plus que recommandable pour ceux qui s’intéressent à l’histoire du cinéma, son sujet très ciblé et la précision du traitement exigent du spectateur qu’il possède une connaissance au minimum superficielle des figures célèbres de cette décennie et du fonctionnement des grands studios, sous peine de se sentir quelque peu mis à l’écart de ce “biopic cinéphile”.
    Les meilleurs films de tous les temps
    • Meilleurs films
    • Meilleurs films selon la presse
    Back to Top