Honnêtement, le capital sympathie inaltérable que l'on a pour Martin Freeman et le charme ensorcelant de Morena Baccarin sont des raisons se suffisant à elles seules pour que l'on ait envie de découvrir "Ode to Joy" car, sur le papier, l'argument de cette romcom autour d'un homme ne pouvant littéralement pas être heureux à cause de sa cataplexie (un trouble neurologique qui entraîne une paralysie musculaire dès que le malade ressent une émotion trop forte, en l'occurrence ici la joie) paraît un peu mince. Et les premières minutes du film qui vont se focaliser sur ce mal vécu par Charlie, un bibliothécaire ayant la mauvaise idée d'avoir un méchant coup de cœur pour une femme bien entendu exubérante vis-à-vis de ses sentiments, vont aller dans le sens de nos appréhensions.
Alors, attention, non pas que les sourires engendrés par une telle situation ne sont pas présents, on s'amuse déjà beaucoup en découvrant le quotidien de Charlie notamment obligé d'écouter des marches funèbres pour ne pas s'évanouir devant des petits bonheurs routiniers ou son premier rendez-vous volontairement affreux avec la belle Francesca, mais on a du mal à voir comment le film va pouvoir tenir la distance avec un sujet aussi mince. Surtout que l'on réalise assez vite que "Ode to Joy" va être une romcom pur jus, c'est à dire de celles utilisant ce schéma préfabriqué dont on connait tout par avance du déroulement. D'ailleurs, autant le dire tout de suite, ce sentiment de structure prémâchée va déteindre sur l'aspect émotionnel du film, "Ode to Joy" restera attachant dans son traitement de la relation entre Charlie et Francesca mais, lorsqu'il voudra nous toucher au-delà, sur la famille de la seconde par exemple, cela sonnera toujours un peu trop creux et facile pour que les petites larmes voulues fassent leur apparition.
Heureusement, "Ode to Joy" va complètement pallier ses carences de conception attendue grâce à sa seule puissance comique ! On avait en réalité eu tort de s'inquiéter de la maigreur de la proposition à ses débuts car le film choisit très vite et intelligemment de séparer ses deux âmes soeurs pour les intégrer dans une espèce de vaudeville tordu sur fond de rivalité fraternel qui va faire des merveilles. Avec l'arrivée d'une formidable Melissa Rauch dans le rôle de... la fille plus barbante de la planète (la Bernadette de "The Big Bang Theory" va voler la vedette à tout le monde à chaque dialogue !), "Ode to Joy" passe clairement un cap au niveau de ses répliques et situations hilarantes en élargissant son postulat à un quatuor de personnages. La situation sera bien évidemment amenée à exploser mais, en attendant, tout sera bon pour provoquer un maximum de rires et on aura rarement vu une romcom faire un tel carton plein de ce côté, le talent et la bonne humeur de ses interprètes y prenant bien sûr part. Même quand "Ode to Joy" rentrera dans les passages obligés de sa dernière partie, il ne perdra jamais de vue de toujours nous faire sourire jusqu'à son très joli final qui privilégiera encore l'humour pour faire naître une émotion cette fois loin d'être factice.
En jouant à fond la carte humoristique autour de son idée de départ et de ses développements, "Ode to Joy" parvient donc à transcender son format de romcom standarde pour devenir finalement une des représentantes du genre les plus drôles de 2019. Et, on ne le répétera jamais assez, l'énergie contagieuse de son casting irrésistible vaut à elle seule le déplacement !