Dans « 5ème Set », Quentin Reynaud évite de nous balancer une métaphore gnangnan qui conduirait le spectateur à croire coûte que coûte en ses rêves, en ses objectifs fixés, malgré les nombreux obstacles de la vie !
Thomas est un tennisman classé dans les profondeurs du classement ; ça reste un joueur de haut niveau puisqu’il parvient à vivre de sa passion. Il n’a jamais confirmé tous les espoirs placés en lui, c’est un compétiteur meurtri par l’anonymat, l’âge, les blessures récurrentes, l’orgueil.
Pour participer à Roland Garros, il passe par les qualifications. Condition pour s’aligner au Premier Tour. Il a déjà gagné son année puisqu’il percevra la somme de 45 000€ en cas d’élimination.
Quentin Reynaud convie le spectateur de l’autre côté du miroir du monde du tennis professionnel. Miroir derrière lequel où Thomas, 37 ans, arrondit son année en donnant quelques heures de leçons de tennis, où Thomas prend le métro pour se rendre à son tournoi du Grand Chelem, où Thomas se voit refuser la voiture officielle réservée aux têtes de série, où Thomas doit se battre contre le scepticisme et de sa femme et de sa mère à l’idée de jouer Roland Garros, où Thomas fait ses comptes, où Thomas semble ne pas douter de lui.
Combien de films auraient invité le spectateur à assister à un conte heureux ?
Le tennisman qui revient de loin, chahuté entre doutes et certitudes, entre railleries et encouragements parvient contre vents et marées enfin à brandir le trophée après avoir sué sang et eau !?! Invité le spectateur à se pâmer devant tant de souffrance physique et psychologique ! « Dans la vie, il ne faut jamais rien lâcher ! »
Ouf, ce ne fut pas le cas.
Le corps meurtri par les blessures conjugué à son âge empêche Thomas d'accomplir un miracle.
Quentin Reynaud nous sert une réalité implacable et c’est ça qui est aussi intéressant.
L’échec est un thème honorable à traiter.
Alex Lutz avoue n’avoir jamais joué au tennis. Sous la direction de Quentin Reynaud, ex-tennisman de haut niveau, a su driver son acteur. Celui-ci s’en sort très bien. Juste ce qu’il faut de technique pour y croire amplement. Au-delà du sportif, Alex Lutz arrive à traduire dans ses silences, ses regards, sa détermination à jouer Roland Garros malgré un corps usé par l’âge et les blessures.
Maintenant, Quentin Reynaud a pris un risque avec cette fin interminable d’avantage-égalité : 25 minutes ! Je l’avoue (à ma grand honte ? pas sûr !) des derniers sets ou jeux très disputés entre deux anonymes, je ne regarde pas ! Je comprends que des spectateurs qui ne connaissent rien au tennis ou qui n’apprécient pas ce sport soient quelque peu écoeurés de ces vingt-cinq dernières minutes. C’est long, beaucoup trop long pour ne pas dire vain.
Ces dernières minutes gâchent ce « 5ème Set ».