Ce serait un pléonasme que d’avancer que des films comme celui-ci, on n’en voit pas tous les jours! En effet, « L’origine du monde » est certes d’abord une comédie, genre on ne peut plus classique et commun. Mais une comédie vraiment pas comme les autres que l’on pourrait qualifier d’un côté d’intello par son côté psychologique et introspectif assez corrosif mais aussi de farce par son aspect irrévérencieux et presque potache par instants. Une sorte de grand écart réjouissant et innovant dans un genre formaté et aseptisé, notamment dans le cinéma français. Jugez plutôt! On y voit un homme dont le cœur va s’arrêter de battre et qui va tenter, sous les conseils d’une sorte de psychologue marabout, de le faire palpiter à nouveau en retournant à l’origine de sa naissance, c’est-à-dire en prenant en photo le vagin de sa mère octogénaire! Non, non, vous n’hallucinez pas. On peut donc dire que pour son premier film, le comédien Laurent Laffitte ose tout et sort des sentiers battus.
Et c’est d’ailleurs ce qui fait pour beaucoup dans le charme singulier de ce film qui pourra en décontenancer beaucoup, en mettre d’autres parfois mal à l’aise voire qui en rebutera carrément certains. On est constamment à la lisière du mauvais goût et de la vulgarité mais Laffitte parvient à éviter d’y sombrer les trois quarts du temps. Et même lorsqu’il s’y adonne, le temps d’une réplique ou d’une scène, on sait que c’est à l’appréciation de chacun, et qu’au moins le comédien ne reste pas dans une zone de confort néfaste au cinéma qui l’a fait connaître. Cela fait du bien de voir quelqu’un qui s’essaie non seulement à du cinéma différent à travers un genre populaire, et qu’avec un sujet si particulier et tabou, il ne se dégonfle jamais et va au bout de ses idées. Entre vaudeville décalé, analyse freudienne des rapports mère-fils, parodie de psychologie et humour trash pipi-caca, « L’origine du monde » ne se prive d’aucun excès mais dans une totale cohérence avec le sujet. Le film porte en lui une audace et une impertinence de ton jubilatoire, comme une sorte de leitmotiv sur lequel serait gravé la notion selon laquelle tout est permis. Une immense liberté de ton qui fait plaisir à regarder et écouter même si on frôle parfois le grand n’importe quoi enrobé sous un vernis d’auteur bourgeois (cela semble fait exprès).
Malheureusement, le film paye aussi de ses qualités. « L’origine du monde » est certes sans temps mort mais il confond parfois rythme et précipitation. On n’est pas dans une comédie hystérique de Jean-Marie Poiré non plus mais un peu plus de calme et moins de tempête, surtout dans la seconde partie, aurait été salutaire. Le côté outrancier de certaines séquences est assumé mais on a parfois un léger sentiment de malaise et on se dit « Il ne vont pas aller jusque-là quand même! ». Heureusement le quatuor de comédiens est parfaitement casté pour cette gaudriole impertinente et folle. Laffitte est au top et s’avère bien secondé par une Karin Viard encore une fois en forme et parfaite dans ce rôle d’épouse baba cool pète-sec. Vincent Macaigne et son air lunaire dénote bien du duo tandis qu’Hélène Vincent en mère perdue et pleine de secrets n’a peur de rien et cela fait plaisir à voir. On peut aussi trouver les délires psys un brin caricaturaux mais on se marre bien. Et souvent qui plus est, devant cette forme d’humour si rare, surprenant et inattendu. En bref, si vous êtes ouverts d’esprit et que vous voulez vous marrer sur un sujet peu commun, foncez. Sinon... A vos risques et périls!
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