Sébastien Thiéry est assurément un dramaturge façon ANI ("Auteur Non Identifié"), depuis "Cochons d'Inde" (en 2009 - sa 3e pièce et premier succès). Iconoclaste et provocatrice, son oeuvre est entre la tradition du théâtre de l'absurde, et une écriture farcesque autonome. Fin 2017, sort en salles l'adaptation par lui-même de son "Momo" de 2015, qu'il met aussi en scène - vraie déception, pour moi ! Cette fois-ci, c'est Laurent Lafitte qui porte au cinéma une autre de ses pièces, l'ultra décapant "L'Origine du Monde" - où la nudité, mode d'expression scénique qui a souvent les faveurs de ST (y compris aux Molière...), trouve une place de choix (me souviens du choc, au Rond-Point, lors de la création, avec l'auteur, notamment, à nu dans tous les sens du terme - étant moi-même spectatrice...). Simple affaire de scandale que cette obscure histoire "familiale" ? Filiation avec le chef d'oeuvre de Courbet (toile exposée à Orsay), qui donne son titre à la pièce et au film ?.. Sans doute, mais ni esthétique, ni intellectuellement d'évidence ! LL se fait ici d'abord scénariste (ajouts permis par le cinéma - ce n'est pas du théâtre filmé), il est aussi coproducteur. Et surtout il a le rôle central, reprenant donc celui assuré par ST à la création. Il y est bon, comme son épouse de fiction, Karin Viard, voire son ami véto, alias Vincent Macaigne (qu'on a du mal à reconnaître, glabre et avec une coupe courte) - sans oublier le "gourou" (Nicole Garcia, qui assure le rôle tenu dans la pièce par un ... sorcier d'Afrique noire). Mais c'est sans doute sa "mère", Hélène Vincent, qui est à louer - elle crève l'écran, dans un rôle pourtant bien ingrat.
Au final, Lafitte fait nettement mieux que Thiéry (avec « Momo ») - en l'adaptant au cinéma, pour une délirante « Origine »...