Si vous avez bien écouté à l'école, vous n'apprendrez rien de plus sur la vie de l'illustre homme, l'icône de toute une génération, le grand et droit Général de Gaulle. Ce biopic qui a pour lui l'honneur d'être une première (on n'avait jamais osé dresser un portrait du grand homme, hormis les documentaires, évidemment), nous laissait entendre une épopée palpitante regorgeant de secrets sur la vie de l'homme (on se voyait déjà être de petits Stéphane Bern sautant partout), et l'on s'aperçoit vite que l'on en savait finalement plus avec le cours de troisième durant lequel on n'écoutait pourtant rien (sauf le vendredi, jour du film historique). On tombe des nues devant la maladresse du discours, qui oscille entre une trop grande partie de vie privée (on a compris qu'il était fou de sa petite princesse, malheureusement handicapée) au détriment des faits de guerre (on ne voit que l'année 1940, rien d'autre), et des références historiques qui sont lancées au petit bonheur sans aucune explication ("Vous oubliez Dunkerque !"... Heureusement qu'on a vu le film de Christopher Nolan, sinon on serait passé à côté de l'argumentation de Churchill sur le ré-embarquement anglais). On ne sait alors pas trop à qui peut se destiner ce film : d'une part les férus d'Histoire seront déçus de la pauvreté des informations données, mais les simples curieux vont parfois se demander de quoi les personnages parlent (on lance ainsi des "Paul" pour désigner Paul Reynaud - comme si on le connaissait personnellement - ou des "Monsieur le Président" qu'il fallait en fait traduire par "Président du Conseil", et non le "vrai" Président de la République...). Lambert Wilson est bien entendu un très bon Charles de Gaulle, aidé par son immense prothèse nasale, bien que les dialogues sonnent souvent pompeux, presque théâtraux, surtout au début du film (la scène dans le poste de commandement des tranchées), ce qui accentue le côté "forcing d'admiration" qui plaira à coup sûr aux gaullistes dans l'âme. On tique aussi sur l'acteur choisi pour interpréter Winston Churchill, qui ne lui ressemble qu'en fermant (totalement) les yeux, une catastrophe quand on voit les multiples portraits réussis à l'étranger (Les Heures Sombres, Churchill, The Crown...), le modèle français fait littéralement pâle figure. Le rythme n'est pas soutenu, la palette d'émotions est réduite à néant (tout est rigide, guindé, froid), et on n'apprend rien (quitte à faire une mise en scène pompeuse sur l'appel du 18 juin, on s'attendait à ce qu'on nous donne l'information méconnue qu'il n'a pas été enregistré le jour-même, mais a été refait pour les archives le 22 juin... Eh non. Vous êtes censé le savoir...). Au final, on a trouvé le temps bien long, sauf à s'émouvoir dans les jolies scènes de tendresse avec la fille de Charles de Gaulle, car on a constamment eu cette impression que le film ne se destine qu'aux admirateurs nostalgiques du grand personnage. On préférait nos films historiques du vendredi sur le vieux poste à roulettes, qui avaient, eux, une histoire (Histoire) à nous raconter...