Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, le colonel De Gaulle commande à Metz un régiment de chars de combats. Placé à la tête d'une division cuirassée, il tient tête en mai 1940 dans l'Aisne à l'attaque allemande mais doit se replier faute de renforts. Le 6 juin, il est appelé au gouvernement par Paul Reynaud, le président du Conseil. Promu général de brigade à titre temporaire, il y occupera éphémèrement les fonctions de sous-secrétaire d'État à la guerre. Il a pour mission de coordonner l'action avec le Royaume-Uni de Churchill où il se rendra deux fois, les 9 et 16 juin, pour y rencontrer Churchill, qui renâcle à gaspiller ses forces dans une bataille qu'il sait perdue d'avance. Quand le 17 juin, à Bordeaux, De Gaulle apprend la démission de Reynaud, la nomination de Pétain et l'imminence de l'armistice, il prend une décision irréversible : gagner Londres et y poursuivre le combat.
Pendant ce temps, dans la France de l'exode, sa femme Yvonne et ses trois enfants, Philippe, Elisabeth et la petite Anne, lourdement handicapée, tentent de le rejoindre.
"De Gaulle" n'est pas un biopic qui raconterait la vie du général de sa naissance à Lille en 1890 à sa mort à Colombey en 1970, un an après la démission du fondateur de la Cinquième République. "De Gaulle" se focalise sur les quelques jours de juin 1940 durant lesquels se décide le destin du grand homme. Ce choix n'est guère critiquable tant il sert le propos du film : montrer qu'il est des situations, fort rares, où l'homme, à force de volonté, peut changer le cours des choses.
Un autre choix du film est en revanche plus contestable. Celui d'humaniser le général. Cela commence dès le premier plan du film, pour le moins surprenant, où , dans des tons que n'auraient pas désavouer David Hamilton, on voit Charles et Yvonne batifoler sous des draps printaniers. Cela continue avec l'accent lourdement mis sur la petite Anne, atteinte de trisomie 21, et sur l'affection que lui portait son père.
On sait que Charles De Gaulle, tout entier consacré à son destin providentiel, manifestait pour sa famille un amour très retenu. Pourquoi avoir voulu le peindre en mari idéal et en père aimant ? On sait qu'Yvonne Vendroux, de dix ans sa cadette, avait été élevée dans une stricte éducation catholique et dans le culte du vouvoiement. Pourquoi lui avoir prêté les traits de la charmante Isabelle Carré ? Pourquoi sous-entendre que derrière chaque grand homme se cache une femme alors qu'on sait le peu de place que Mme De Gaulle a occupé dans les décisions de son mari (sinon, me souffle mon cadet qui a lu tous ses livres, dans son acharnement à refuser au divorcé Romain Gary le poste d'ambassadeur qu'il espérait).
On se fiche de savoir comment la famille De Gaulle a réussi à traverser la France en juin 40, une odyssée périlleuse que, peu ou prou, des millions de Français ont vécu dans des conditions similaires. On était autrement intéressé du parcours du général qui prend le risque insensé de désobéir pour aller poursuivre à Londres une guerre que ses chefs avaient décidé d'arrêter. Hélas sont à peine esquissés les motifs de sa décision téméraire : un patriotisme exacerbé et la haine de l'envahisseur ? l'attachement à la démocratie chez ce tiède républicain ? la conviction rationnelle que le conflit serait mondial et que la force mécanique des Allemands cèderait devant celle, supérieure des Alliés ?