De Gaulle, ou plutôt deux mois dans la vie de De Gaulle. Biopic. Pourtant, après 'Rocketman', j'aurai dû m'en douter : les biopics, c'est imbuvable. Ici, tout est problème, et donc, empêche d' « entrer » véritablement dans le film . Premier problème, la recherche de ressemblance physique : Non, Lambert Wilson ne ressemble pas à De Gaulle. Donc, on transforme des parties du visage pour qu'elles ressemblent à De Gaulle, et pas d'autre pour qu'elles ressemble à Lambert Wilson, sinon, à quoi bon l'avoir embauché ? Avec un maquillage particulièrement loupé. Le pire, c'est le phrasé : de bons acteurs qui ne savent plus dire un texte ! Pourquoi ? Parce qu'ils tentent d'imiter la façon de parler des personnes reconstituées... Et pas uniquement la façon de parler, mais la démarche, etc... Le pire, dans tout ça, c'est Pétain, joué par un Philippe Laudenbach ici nullissime ! Oups, j'ai oublié Churchill : Comme on a une haute idée des capacités intellectuelles des spectateurs (on pense qu'ils ne peuvent lire deux phrases d'affilée), on lui fait dire une phrase en anglais sous-titrée, deux en français, une en anglais sous-titrée, deux en français, etc... ridicule ! C'est donc très mal joué. On y croit pas. Ceci dit, vous connaissez, vous, Yvonne, son épouse, et Clémence, sa fille trisomique ? Non. Moi non plus. Donc, elles n'ont pas besoin, elles, de « ressembler ». Et donc, comme par miracle, nous avons deux superbes interprétations : Clémence Hittin, impeccable. Seule ressemblance, une trisomie. L'interprète a une sobriété déterminante dans la qualité de son jeu. Isabelle Carré est d'un naturel et d'une légèreté de jeu qui fait du bien. Mais quand elle est avec Lambert Wilson, la différence de la qualité de jeu fait franchement mal pour lui... Alors que lorsqu'on laisse un acteur exister rien qu'un peu plus au risque de ne pas parfaitement ressembler ni adopter le phrasé de son personnage historique, ce peut être très intéressant : Jean Yanne fut un excellent Laval... Second problème : On raconte quoi ? L'homme historique ou le père de famille ? Et le film ne cesse de courir sur les deux tableaux. Finalement, l'homme privé, honnêtement, on s'en fout, non ? Si l'on vous dit 'De Gaulle' vous pensez à l'homme privé ? Or, cela occupe les deux tiers du film. Que reste-t-il de l'homme historique ? Rien que nous ne sachions déjà. Service minimum. Et donc, inintéressant. Mal joué et inintéressant. Troisième problème : ce film souffre du syndrome du « Toubib », le film raté de Pierre Granier-Deferre avec Delon : le manque de moyen. Quand on n'a pas les moyens et que l'on veut tout mettre dans le salaire des acteurs, on fait du huis clos. Et on n'en sort pas. Regardez « La controverse de Valladolid ». Or là, on tente des scènes de massacre. Sur une route. Quand on filme ce type de scène, la caméra ne doit pas déborder le champ du décors. Sinon, on n'y croit pas. Décidément, difficile d' « entrer » dans ce film ! Autant les premières minutes du film retraçant la percée de De Gaulle dans le front allemand est convaincante, fracassante de bruit et de fureur, autant d'autres sont loupées. Dommage. Pourtant, il y a des réussites : la traversée en bateau de la famille et les retrouvailles avec le Général à Londres. Émouvant.
Que dire d'autre ? Beaucoup d'effets de caméra, parfois inutiles, qui donnent l'impression d'un catalogue pour apprentis cinéaste. Une musique discrète mais efficace, qui fait tout ce qu'elle peut pour qu'on puisse entrer dans ce film, bravo, mais vraiment, le jeu catastrophique des acteurs masculins rend ce film indigeste.