On craignait l'humour puéril à l'excès de ce Thor 4. Et effectivement : la cour maternelle est bien là. En revanche, ce à quoi on n'était pas préparé, c'est l'abyssale médiocrité du reste du film. Un scénario qui ressemble constamment à une grosse blague (
"Oh j'ouvre un bouquin, je tombe PILE sur l'inscription qui m'incite à aller chercher Mjolnir, oh en fait je suis l'élue de Mjolnir, oh en fait n'importe qui peut utiliser les artefacts, même le méchant et un groupe de gamins, en fait la règle de la dignité on s'en tamponne..."
), le méchant qui n'est rien d'autre qu'un punching-ball à capuche (à part s'en prendre plein la tête, il ne fait pas grand-chose, ni effrayant ni charismatique, un méchant de pacotilles malgré Christian Bale qui est dessous), le noir et blanc qui est immonde à regarder (peut-on expliquer à Waititi que simplement décolorer une image n'est pas un vrai "Noir et Blanc" ? On ne tourne pas du tout de la même façon, en prévoyant les ombres et les nuances de couleurs qui feront un clair-obscur élégant, ici on sait qu'un amateur de cinéma aurait fait mieux), des effets spéciaux ratés (le bébé Thor nous a brûlé les rétines, les bébés Evian étaient ultra réalistes, en fin de compte) ou écœurants (les monstres de l'ombre sont simplement des masses informes auxquelles on ne comprend rien lors des combats), les Gardiens de la galaxie qui ne sont que des faire-valoir (le temps de prendre le chèque, et hop ils disparaissent), et un plongeon infini dans la niaiserie la plus pure (pour justifier le "Love" du titre : allons-y gaiment sur les affaires de cœur entre Thor et Jane, entre Thor et Mjolnir, entre Thor et Stormbreaker, le twist final cucul... Les feux de l'Amour, le retour) dont le petit speech final sur la force de l'amour nous a fait soupirer. A l'inverse, peu de "Thunder" dans ce film (où est l'ambiance déjantée et rock n' roll promise ? Ce n'est pas dégainer Welcome to the Jungle au début et un peu à la fin qui nous a trompé : le film se vautre sur son côté fun, au profit du "Love" surabondant et sirupeux. Ensuite, on ne sait pas trop quoi penser de certains choix scénaristiques frôlant la misogynie (
outre chaque scène où Thor éclipse les filles qui veulent en caser une, pourquoi écarter les deux héroïnes du combat final sur des blessures bidons, et faire mourir Jane après avoir tant ramé pour introduire son personnage de héros ? A voir les immenses forceps utilisés, on pensait qu'on allait garder son personnage, mais non, Marvel préfère liquider cette héroïne et sauver - sur une pirouette balourde - le personnage secondaire totalement inintéressant de Korg...
On n'a pas fini de manger des vannes de maternelle. On ne comprend pas ces choix, vraiment). Et avec Waititi aux commandes, qui excelle dans les relations parents-enfants portées à l'écran, on est attérré devant l'absence totale d'approfondissement du méchant, un père devenu fou par la perte de son enfant, qui enlève des gamins... Il y avait de quoi faire, dans tous les registres possibles (cruel : il se venge sur eux, et l'on est surpris de sa méchanceté osée ; tragique : il doute, on perçoit un personnage plus blessé que vilain, et on aurait d'ailleurs mieux compris
son changement de choix final, car le mini-discours cucul de Thor est peu convaincant
...), mais Waititi expédie cela en une petite phrase (le père évoque sa fille, et hop la scène coupe, on passe à autre chose), ce qui est aussi incompréhensible que Chloé Zhao qui rate ses plans larges dans Les Eternels. Waititi signe ici (on vous le parie) le flop de sa carrière, et c'est bien triste, malgré toutes les vannes Carambar de ce Thor : Love and Thunder.