On pensait avoir vu la caméra d'un personnage de "Paranormal Activity" tomber à terre pour la dernière fois avec "Ghost Dimension", ultime opus médiocre d'une saga alors en pleine dégringolade commerciale après avoir atteint des records de rentabilité et que beaucoup considèrent comme une des plus vides du cinéma d'épouvante contemporain. On ne leur donnera pas tort mais, au-delà du phénomène indiscutable qu'à représenter le premier volet, celui-là même qui a imposé le retour en force du found footage sur les écrans en 2007 et un schéma narratif général qui ne bougera pas d'un iota au cours des épisodes suivants (du "rien" où nous sont présentés des personnages sans consistance, une montée en puissance de phénomènes surnaturels et un dernier quart d'heure se voulant explosif tant en termes de rythme que de révélations), il faut tout de même souligner la qualité plus notable de quelques suites, le troisième et "The Marked Ones", qui ont tenté d'élever le niveau grâce à quelques idées un peu plus inventives face à la pauvreté répétitive des autres films de la franchise.
En tout cas, préparez-vous à soupirer de désespoir ou à danser nu(e) de joie selon votre amour de la marque mais "Paranormal Activity" fait bel et bien son grand retour en 2021, ressuscité par Paramount pour sa plateforme de streaming maison, avec la complicité de William Eubank à la réalisation (qui, pour le coup, est vraiment tombé dans les abysses après "Underwater") et Christopher Landon à l'écriture, histoire de voir s'il y a encore moyen de grappiller de belles poignées de dollars sur le souvenir de son succès !
Au vu de la gêne qu'avait occasionné le final de la saga en révélant la platitude complète de sa mythologie devant une caméra magique (oui, oui, c'était bien le cas), "Next of Kin" a au moins la bonne idée de repartir sur les bases d'une nouvelle histoire -et même d'environnements très différents des précédents films- pour nous immerger au sein d'une petite communauté Amish où une jeune femme, accompagnée de son petit ami et d'un ingénieur du son gentiment benêt, vient enquêter sur le passé de sa mère biologique disparue. Pas la peine de vous faire un dessin, ces Amish s'adonnent bien entendu à des activités pas très normales que nos héros, parfois à la limite de kamikazes, vont se faire un plaisir de découvrir...
Sur le fond, la nouvelle mythologie mise en place ne prend pas de très grands risques en reprenant certains éléments fondamentaux de la franchise (démon, culte louche, un rôle important réservé aux femmes) pour les passer simplement au shaker et aboutir sur des bases aussi faciles et peu recherchées que les précédentes, on en serait presque déjà à prier que d'autres suites ne voient pas le jour pour exploiter un si faible potentiel. Cela dit, ne nous voilons pas la face, on savait par avance que ce "Paranormal Activity" ne réinventerait pas la poudre paranormale quant à son intrigue mais, là où le bât blesse le plus, c'est que "Next of Kin" va chercher à se renouveler sur la forme de sa narration et de sa mise en scène en dénaturant finalement tout ce qui faisait le peu de sel de l'identité de la franchise.
Le found footage est bien évidemment toujours là, toutefois, "Next of Kin" s'apparente de plus en plus à une forme bâtarde où une approche cinématographique conventionnelle vient s'immiscer grâce au prétexte de nouvelles technologies plus poussées en termes d'images (on est bien loin des plans fixes de surveillance de mauvaise qualité de l'original) ou... eh bien... du n'importe quoi basé sur un complet non-respect du format avec des plans de l'équipe de William Eubank qui se mêlent à ceux des personnages. Il y aura bien les phases d'explorations nocturnes (dont le final), les plus réussies niveau tension véhiculée d'ailleurs, cherchant heureusement à privilégier le point de vue complet à la première personne pour favoriser l'immersion tant recherchée par les amateurs du found footage mais, comme le procédé n'est pas utilisé de façon jusqu'au-boutiste en permanence, cela amène le film sur un terrain bien plus banal que l'habituelle forme signature d'un "Paranormal Activity".
De plus, "Next of Kin" cherche également à briser le carcan narratif figé de la saga que l'on évoquait plus haut pour adopter un caractère plus hybride entre ses différentes phases. Les grandes lignes du schéma sont encore là mais les moments les plus anecdotiques d'habitude laissés en amont viennent ici s'étendre de plus en plus sur la montée en puissance des événements pour faire office de respirations comme dans n'importe quel film d'épouvante lambda. Et même lorsque cette initiative de changement aurait pu aller dans l'intérêt du spectateur afin de lui en délivrer plus qu'à l'accoutumée avec, pour une fois, un final se voulant à la fois spectaculaire, démonstratif et qui s'étend sur une demi-heure de surcroît, cela se retourne contre le film, lui donnant une identité complètement quelconque où la marque "Paranormal Activity" n'est plus qu'une ombre au milieu d'une course-poursuite rythmée par des clins d'oeil appuyés à "Blair Witch" ou à "Resident Evil".
En somme, malgré quelques passages qui sortent du lot (une représentation de la folie assez dantesque... mais qui dure à peine une minute), la volonté de faire évoluer les racines originelles de la franchise "Paranormal Activity" a ici pour conséquence étonnante de lui soustraire le peu de substance bien identifiable qu'on lui avait attribué. De fait, ce "Next of Kin" s'apparente à un simili-found footage utilisant certains incontournables de la franchise mais pour un résultat qui réussit l'exploit d'être aussi vide et même encore plus lambda.