Il s’agit encore d’une bande dessinée adaptée à l’écran par son propre auteur...sauf que celle-ci, je ne la connais pas, aussi célèbre qu’elle puisse être auprès des amateurs. A l’écran, ‘5 est le numéro parfait’ déroule une dramaturgie fort basique, à base d’imperméables et de sulfateuses...mais quand même pas aussi basique que ça car on y parle aussi de transmission, de vengeance et de regrets. Il y a visiblement eu peu de moyens injectés dans ce projet, les décors sont simples et nus, j’ai le sentiment diffus qu’on est presque dans de la transposition case-par-case et que l’auteur/réalisateur ne cherche pas à s’en cacher et pourtant, le rythme est là et le film fonctionne au-delà de toute espérance. Est-ce la prothèse nasale de Toni Servillo qui confère un repère physique instantané à ce vieil homme qui médite sur sa carrière du mauvais côté de la loi ? Est-ce la pluie torrentielle qui semble ne jamais vouloir s’arrêter de tremper les rues de Naples, ville où le soleil ne se lève apparemment plus ? Ou peut-être ces néons criards, qui annoncent forcément les lieux où se terre la canaille ? Avec sa parfaite obéissance à tous ses codes obligatoires, ‘5 est le numéro parfait’ est un pur Film Noir à la mode d’autrefois. Avec son esthétique criarde et consciemment artificielle, il évoque également une version italienne de ‘Sin city’, tandis que son goût pour l’exagération, la violence libératrice et démonstrative et les digressions interminables lui donnent des airs de cousinage avec le cinéma de Tarantino. C’est sûr, le résultat est un peu plus vulgos que les grands Classiques d’autrefois, qu’il est aussi moins frontal et moins novateur visuellement que ne l’avait été ‘Sin city’, et fatalement moins audacieux et percutant, notamment dans ses dialogues, que les oeuvres de Kwintine. Mais enfin, la conjonction, même partiellement menée à son terme, de ces trois sources d’inspiration ne peut fatalement pas donner de mauvais résultats.