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Jonathan M
135 abonnés
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4,0
Publiée le 5 janvier 2023
Imaginer qu'en 2021, le poids d'une grossesse non désirée n'est pas encore un évènement que nous pouvons conjuguer au passé. Ce coup de rétroviseur cinquante années en arrière remet les pendules à l'heure. Il ne s'agit pas de contrainte mais de choix. Le libre arbitre et non le fatalisme d'une société normée. Les fracas de la religion se répercutent sur le bon-sens. Le vide abyssal de silence et le mépris social dans lequel se retrouve Anamaria Vartolomei remet les choses au point. La mise en scène nous happe, réveil nos consciences et balaye notre bien-pensance tout en étant clair dans son intention : aucune raison recevable de renoncer. Tour de force d'Audrey Diwan qui ne tombe absolument pas dans la morale pour un sujet aussi brûlant. Elle guide son actrice principale sur le ring face à ce conformisme abjecte. Une grande interprétation.
« L’Evènement » est porté par une incroyable actrice, Anamaria Vartolomei dans la peau d’Anne, 20 ans, étudiante en Lettres, à Angoulême. Anne, motivée et apparemment douée pour les études se retrouve enceinte et tout s’effondre. Elle est déterminée à avorter. En ce début des années 60, un mot tabou, interdit à prononcer pour qui que ce soit , femmes enceintes ou non, sous peine de se retrouver emprisonnée.
La caméra d’Audrey Diwan est à fleur de peau d’Anne ; soit la caméra se positionne derrière Anne pour suivre les réactions de ses interlocuteurs (trices), soit la caméra est derrière les interlocuteurs (trices) pour lire les expressions d’Anne. Ainsi Audrey Diwan ne s’embarrasse pas trop de champs contre-champs. Le spectateur que je suis peut suivre en continu les expressions d’Anne ou des autres personnages. Un peu comme à la manière de Rohmer, on peut suivre des personnages aux répliques hors champs.
Au-delà de cet aspect technique, Audrey Diwan ne m’épargne pas les scènes de douleurs très éprouvantes.
Plus que jamais, je pense à ces femmes qui, depuis la nuit des temps, accouchent et avortent seules dans la douleur. Plus que jamais la femme, à travers la détermination d’Anne, doit, dans sa rébellion, se réapproprier son corps. C’est un combat de tous les instants. Même si la loi Veil permet aux femmes de disposer de leur corps en toute liberté, sans menace, sans peur, il reste que c’est un combat de tous les instants car, encore de nos jours, elles se heurtent à des antagonistes donneurs de morale douteuse à l’empreinte carbone d’un autre temps. Pourtant, au U.S.A, il y a des Etats qui ont décidé de s’emparer du corps des femmes en les plongeant dans l'âge de la peur. A découvrir.
Adaptation du roman éponyme d’Annie Ernaux, prix Nobel de littérature en 2022, L’événement raconte l’histoire d’Anne, brillante étudiante en lettres dans la France du début des années 60. Lorsqu’elle découvre sa grossesse, son univers s’effondre, tout comme s’effondre la promesse d’une ascension sociale méritée. Nous sommes alors quatre ans avant la légalisation de la pilule et douze ans avant la loi Veil. Elle décide alors de se faire avorter, une pratique alors illégale et moralement réprouvée. Tourné en format académique (1,37:1) pour figurer l’extrême solitude dans laquelle s’enfonce alors Anne – formidable Anamaria Vartolomei – ce film à la puissance indéniable n’hésite pas à confronter le spectateur à la crudité de séquences particulièrement éprouvantes. Plus que les grands discours, un long-métrage qui s’appuie sur une histoire concrète pour mettre en lumière l’hypocrisie à tous les étages d’une société, et rappelle le droit fondamental pour les femmes à disposer de leur corps. Lion d’or à la Mostra de Venise en 2021.
Magnifiquement porté par sa jeune interprète, "L'événement" évoque un sujet très peu abordé dans le cinéma français, indissociable de la lutte des femmes pour leur indépendance, dans une société marquée par le politiquement correct. On reprochera cependant redites et longueurs à un film qui aurait gagné à être plus ramassé.
À l'heure où certains pays et certaines mentalités reviennent en arrière concernant le droit d'une femme à se réaliser sans répondre avant tout à l'injonction d'être mère, "l'événement" sonne comme un avertissement glacial.
Audrey Diwan filme sans détour une torture aussi bien physique que mentale, n'adoucit rien ni personne. Elle se contente de montrer, au plus près, la réalité loin d'être pleine d'humanité : rares sont ceux qui aident si l'époque s'y oppose.
Une mise en scène intimiste, froide malgré les beaux jours apparents, étouffante par les choix de cadrages (serrés) et de focale (profondeur de champ minime). Les actrices sont si convaincantes qu'elles nous font sincèrement oublier que c'est un film, et la quasi absence de musique le rend extrêmement réaliste. C'est douloureux à regarder, en tant que femme, j'en ai eu des sueurs (et pourtant je suis habituée à voir des films gores depuis très jeune, et ni Cronenberg ni Ducournau ne me font jamais fermer un seul œil).
Bravo à l'équipe d'avoir su faire exploser le sujet en une réelle œuvre de cinéma.
C'est un film fort sur l'avortement et le status quo de cette époque. Il y a de bons acteurs dans ce film qui semblent être là uniquement parce que c'est un sujet et un film émouvant et pas pour être en tête d'affiche uniquement. Aujourd'hui ces situations, ces critiques que recevaient ces jeunes femmes, semblent plutôt loin, et au moment où est remis en question l'avortement, c'est un film important et il est judicieux de le voir. Car on n'imagine pas les risques, pour la santé et aussi les risques légaux, la prison, auxquels ces jeunes femmes devaient faire face.
Un drame fort, brillamment interprété, mais trop glacial pour susciter véritablement l'empathie. Pas certain que ce film fasse progresser la cause du droit à l'avortement.
C'est effectivement un film fort, dur et éprouvant qui vise l'immersion douloureuse du spectateur, faire vivre à celui-ci le chemin de croix de cette jeune femme bien décidée à avorter à tout prix. Ce qui diffère de l'empathie, habituellement recherchée. Ici, en-dehors du calvaire enduré, tout est glacial, l'alter ego d'Annie Ernaux autant que ses relations. A l'exception de quelques secondes, peut-être, les seule émotions consenties par la réalisatrice sont l'effroi et l'angoisse, la solitude, la tension, lesquelles finissent par rendre le film un peu sordide. Car le film se vit comme un survival impitoyable en Antarctique, totalement deshumanisé et insensible.... Une expérience immersive et désagréable donc, sans sentimentalisme aucun, qu'il n'est pas interdit de ne pas vouloir se farcir.
Le sujet semble évident aujourd'hui : Que le choix l'emporte sur tout le reste.
Mais rappeler que dans les années 1960 ça ne l'était pas est pertinent.
Le film dénonce avec un jeu d'acteur globalement bon, de bonnes idées de mise en scène et globalement il n'y a que quelques longueurs qui gâchent l'expérience.
Excellent film historique et touchant, qui rappelle la phobie et la souffrance des femmes pendant des siècles, alors que les lois étaient faites par les hommes et la religion...
Il faut se souvenir que dans les années 60, avorter était un crime passible de la prison. Dans son roman l’événement paru en 2000, Annie Ernaux raconte le parcours d’une étudiante désireuse de poursuivre ses études et prête à tout pour ne pas devenir une mère au foyer à 23 ans.
Audrey Diwan adapte ce roman, ce récit tiré de son histoire personnelle dans une mise en scène sobre, avec une caméra ne quitte jamais ou presque Anamaria Vartolomei, incarnant avec force et détermination le personnage d’Anne. Malgré son désespoir, le mur d’incompréhension autour d’elle, la jeune femme ira jusqu’à mettre en péril son existence pour sauver sa vie. Audrey Diwan filme les corps des jeunes femmes au plus près, montrant la réalité d’un avortement clandestin sans fausse pudeur, sans tourner autour du pot, pour confronter de manière brutale le spectateur à ce qui était une réalité il n’y a pas si longtemps que ça en France et qu’il est toujours encore dans certains pays. Malgré tout il manque peut-être une patte, un point de vue fort de cinéaste à ce film. On pensera évidemment au film 4 mois, 3 semaines, 2 jours de Cristian Mungiu, qui lui nous emportait, nous submergeât littéralement grâce à à sa densité et à un style moins conventionnel que celui d’Audrey Diwan qui nous laisse un peu à l’écart malgré la pertinence du propos.
L'action se situe en 1963 dans un pensionnat de jeunes filles où Anne, brillante élève en Lettres et jeune fille libre, apprend qu'elle est enceinte. Audrey Diwan fait le choix de suivre la grossesse de celle-ci semaine après semaine. Film poignant restituant à merveille l'ambiance de l'époque, Anamaria Vartolemi est formidable dans des scènes parfois très dures. L'avortement clandestin traité dans cette oeuvre adaptée d'un roman autobiographique d'Annie Ernaux est tout bonnement inhumain. Au final, ce film constitue un plaidoyer en faveur de la loi Veil de 1975 ainsi qu'aux moyens contraceptifs pour ne pas devoir sacrifier sa vie comme beaucoup de femmes dans le passé . A voir absolument!
L'événement est un excellent film d'Audrey Diwan autour du sujet sensible de l'avortement. Le film (ou plutôt le livre dont il est l'adaptation) situe son action dans les années 60, époque où l'avortement tout comme la contraception d'ailleurs sont choses interdites et on suit le parcours particulièrement difficile de la jeune Anne, promise à un brillant avenir de femme indépendante et qui se retrouve enceinte malgré elle et qui doit trouver un moyen de se faire avorter. Les jugements moralisateurs ne manquent pas et font systématiquement porter le chapeau à la femme. La jeune Anamaria Vartolomei est très bien. Très bon film, qui rappelle que le combat pour la liberté d'avorter est essentiel.
Dans les années 60 faire des études longues pour une femme est une manière de sortir du schéma traditionnel pour s'émanciper. Quand Anne tombe malade, de "cette maladie qui transforme les filles en femmes au foyer" elle décide de prendre les choses en main. Film fort (qui n'a pas peur d'aborder sa thématique de front dans des scènes parfois très dures) avec une mise en scène intime qui isole l'héroïne du monde qui l'entoure par un jeu subtil sur la focale de la caméra. L'interprétation de la jeune Anamaria Vartolomei est pure et exceptionnelle.