Comédie romantique et fantastique, réalisée par Edward Hall et adaptée de la pièce de théâtre éponyme de Noël Coward, L'Esprit S'Amuse est un long-métrage très plaisant. L'histoire se déroule dans les années trente, et nous fait suivre Charles Condomine, un écrivain confronté au syndrome de la page blanche, ne parvenant pas à trouver l'inspiration pour son prochain livre. S'intéressant de près à la question de l'au-delà, il décide d'inviter chez lui Madame Arcati, une voyante, pour une séance de spiritisme afin de remédier à son blocage, entouré de sa femme Ruth et d'un couple d'amis. Malheureusement pour lui, la voyante entre en contact avec l'esprit de son ex-femme Elvira, décédée depuis quelque temps. Toujours amoureuse de lui, elle va alors tout faire pour saboter son mariage, alors que Charles est le seul à pouvoir la voir. Ce scénario est particulièrement appréciable à visionner tout du long de sa durée d'un peu plus d'une heure et demie. L'intrigue nous plonge au milieu d'un triangle amoureux savoureux ou règne la passion et la vengeance, en atteste les nombreux coups bas dus à la jalousie maladive de la revenante. Le récit évolue de façon surprenante. Ce qui, au début, ressemble à des retrouvailles inespérées et heureuses, vont au fil des minutes se transformer en véritable calvaire. La situation se retournant petit à petit contre celui que l'on prend pour un fou, hanté par le fantôme malveillant d'une muse utile mais encombrante qui jubile à faire le mal. L'humour vache et piquant est un véritable régal, décrochant de nombreux sourires de bout en bout à travers des scènes inspirées. Mais derrière cet humour acerbe se cache en réalité une réflexion questionnant sur la situation si une chose pareille pouvait arriver dans la réalité. Le film joue parfaitement avec son sujet via ses personnages hautement sympathiques et gracieux, interprétés par une distribution semblant prendre plaisir à jouer ces rôles entre Dan Stevens, Isla Fisher, Leslie Mann et Judi Dench, pour ne citer que les quatre principaux. Tous les comédiens sont tout simplement excellents, y compris les rôles plus secondaires. Les relations entretenues par ces individus donnent lieu à des échanges succulents, riche en malice, soutenus par des dialogues amusants très bien écrits et déclamés dans un phrasé distingué. Si le fond est un délice, la forme est pour sa part rayonnante à la faveur d'une esthétique ravissante. La réalisation d'Edward Hall se veut particulièrement soignée. De plus, sa mise en scène évolue dans des environnements resplendissants, notamment le domaine ou se déroule la majorité de l'action. De surcroît, le travail de reconstitution est remarquable, nous immergeant intégralement dans cette époque révolue. C'est visuellement très élégant, les couleurs sont éclatantes et la photographie lumineuse. Même les effets spéciaux sont font oublier tant ils sont imperceptibles. Ces images charmantes sont accompagnées par une b.o. aux airs entraînants franchement agréables, se mariant parfaitement au ton du propos. Ce ménage à trois farfelu s'achève sur une fin réjouissante, venant mettre un terme à L'Esprit S'Amuse, qui, en conclusion, porte bien son nom tant c'est un film divertissant méritant grandement d'être découvert.