Quatre professeurs de lycées quarantenaires se morfondent dans un ennui déprimant. Ils semblent avoir perdu le contact avec leurs élèves et leur famille. Ils décident donc de tester une théorie saugrenue, censée améliorer les performances du corps : boire en permanence pour garder un taux minimal d’alcool dans le sang… Il se murmure que le film devait initialement aborder de manière assez légère le thème de l’alcool dans la société danoise. Mais le décès accidentel de sa fille Ida, au début de tournage, aurait incité Thomas Vinterberg à réécrire le scénario, pour aboutir à quelque chose de plus profond et plus amer. Car contrairement à ce que peuvent laisser entendre les premières minutes, ce n’est pas de l’alcool festif dont il est question ici, mais bien de l’alcoolisme. Ou comment l’alcool, présent à tous les étages dans notre société, peut passer d’un plaisir ponctuel, à un remède récurrent, puis à un fléau. Bien évidemment, l’alcool n’est qu’un symptôme, exprimé ici à la suite de la morosité d’adulte déjà dépressifs. Un portrait peu glorieux de la société danoise, dressé avec une certaine intelligence et de la finesse. Par contre, il faut bien avouer que le film est un brin longuet. Ceci à cause d’une structure globalement prévisible, et de longueurs qui auraient gagné à être coupées. Heureusement, il est porté par des comédiens talentueux (Mads Mikkelsen et Thomas Bo Larsen en tête). Tandis que la mise en scène se la joue documentaire, avec une caméra à l’épaule et des éclairages sobres (bon, on n’est pas non plus au niveau rude du Dogme 95, co-lancé à l’époque par le même Thomas Vinterberg). Signalons également la fin, plus ambigüe qu’elle n’y parait.
Outre le fait de monter les talents de danseurs de Mads Mikkelsen (et oui, il a été danseur avant d’être acteur, et a épousé une chorégraphe !), elle livre un constat mélancolique sur les protagonistes. Sont-ils désormais capables de renouer avec la jeunesse, avec une consommation ponctuelle d’alcool, ou vont-ils suivre le chemin d’excès de leur ami disparu ?