Drunk, telle une coupe à moitié vide, se déverse dans nos esprits avides de sensations cinématographiques. Sous la houlette du talentueux réalisateur Thomas Vinterberg, cette œuvre tantôt captivante, tantôt décevante, tente d'explorer les méandres de l'alcoolisme à travers les vapeurs éthyliques d'un groupe d'enseignants. Malheureusement, cette expérience se transforme en un mélange aléatoire et dilué qui ne parvient pas à enivrer pleinement le spectateur.
Dès les premiers pas dans ce monde aux teintes ambrées, la mise en scène raffinée de Vinterberg captive l'œil, tel un verre de cristal étincelant. Les acteurs, à commencer par le brillant Mads Mikkelsen dans le rôle troublant de Martin, offrent des performances qui embrasent l'écran. Le réalisateur joue avec maestria sur les cordes émotionnelles, orchestrant des séquences enivrantes, oscillant entre euphorie et tourments. La caméra, telle une danseuse désinhibée, se faufile entre les convives, évoquant un état d'apesanteur troublant et délicieux.
Cependant, tel un verre aux saveurs aigres-douces, Drunk trébuche dans sa narration et échoue à insuffler une profondeur thématique. Si le film effleure des sujets complexes tels que la liberté, l'abandon des inhibitions et la perte de contrôle, il reste en surface, comme un reflet dilué dans un miroir. Le scénario, écrit d'une main hésitante par Vinterberg et Tobias Lindholm, manque cruellement de subtilité et se contente trop souvent de survoler les enjeux pourtant prometteurs.
Pire encore, Drunk délaisse avec une amertume palpable l'occasion de mettre en exergue les conséquences tragiques de l'alcoolisme. Au lieu de dresser un tableau saisissant des ravages psychologiques et physiques, le film semble se complaire dans l'exaltation éphémère des moments euphoriques et des excès. Une gorgée amère dans un océan d'opportunités perdues. Il aurait été plus qu'intéressant de voir une plongée plus audacieuse dans les dédales de la dépendance, une analyse tranchante des blessures profondes qu'elle inflige.
Drunk, dans sa quête éthérée, ne parvient donc pas à trouver l'équilibre subtil entre le vertige et la désillusion. Le film se noie dans un flot d'occasions manquées et de thèmes insuffisamment explorés, laissant le spectateur avec un arrière-goût d'inachevé. Comme une fête qui s'éteint trop tôt, Drunk laisse un sentiment d'amertume, contrastant avec les promesses initiales d'un cru potentiellement exceptionnel. À demi-rempli, ce film n'atteint malheureusement pas les sommets espérés et se contente de flotter dans les limbes
des déceptions passagères.