Ainsi, l’homme serait mal constitué ?! Il lui manquerait 0,5g/ml d’alcool dans le sang !? Que l’on se rassure, Thomas Vinterberg, le réalisateur, a la réponse pour compenser cette tare : boire, tout simplement boire ! Et boire juste. Ce que font Martin (Mads Mikkelsen), Peter (Lars Ranthe), Nicolaj (Magnus Millang) et Tommy (Thomas Bo Larsen) ; quatre personnages qui, de la trentaine à la cinquantaine, vont boire avec le souci d’une démarche scientifique. Ainsi, ces pseudo-cobayes ingurgiteront un alcool jusqu’à 20h, sauf le week-end, seulement en semaine pour étudier leur comportement. Constater combien ce déficit d’alcool dans le sang manque pour appréhender leur vie professionnelle, sentimentale avec plus de légèreté, d’enthousiasme, d’optimisme, d’énergie. Tout ce qui leur faisait défaut jusqu’à présent. Le postulat est sympa et donne des séquences amusantes et rafraîchissantes. Si Vinterberg ne porte aucun jugement sur ses personnages (contrairement à moi qui suis tenté) si les personnages eux-mêmes ne jugent pas, si tout semble bienveillant, Vinterberg ne manque pas de les faire déraper en les poussant à outrepasser la dose prescrite. Mais trois des protagonistes sauront être conscients des limites dépassées… quoique… la fin ne m’a pas vraiment rassuré. Je soupçonne le réalisateur d’être un brin moraliste ; l’alcool se révèle être un artifice au même titre que la drogue. Sous couvert de légèreté, cette pseudo expérience scientifique est un prétexte pour boire, pour fuir un quotidien qui ternit la vie des quatre pseudo-cobayes. Vinterberg nous peint quatre hommes insatisfaits de leur vie, prédisposés à la déprime, incapables de se remettre en question car enfoncés sous le poids des responsabilités qui nécessite une vie dite sérieuse. Seul l’alcool leur permet de retrouver leur insouciance, une pseudo seconde jeunesse disparue, à défaut enfouie qui ne demande qu’à se libérer. Pour moi, c’est un film pessimiste. J’ai peut-être tort. Comme c’est un récit relativement léger, on peut penser l’inverse. Mais tout ça n’est que façade. L’alcool est une façade pour masquer ce mal de vivre. Nos quatre personnages ne sont pas heureux. Ils ne sont pas à proprement malheureux, mais leur recherche du bonheur passe par un artifice : l’alcool. Et à terme, ça fait des dégâts ! Martin veut retrouver sa femme.
Au café, il lui demande (il se retient de la supplier) de revenir à la maison. Elle choisit la fuite car elle n’est pas prête à l’entendre. Cependant, elle finira par lui envoyer un message quelques jours plus tard pour lui avouer à son tour que son Martin lui manque. Le message est lu le jour où Martin enterre son ami Tommy, le jour où les étudiants fêtent leur réussite à leur examen. Martin et ses trois potes se mêlent à cette fête. Au lieu de la retrouver illico presto, que choisit-il ? Poursuivre la fête en se saoulant. Retrouver sa femme, c’est s’abstenir de boire, c’est ne plus lâcher prise.
Voilà pourquoi je ne suis pas rassuré par la fin. Je salue la distribution, Vinterberg a su ne pas centrer son film que sur Mads Mikkelsen, sa direction empêche la star internationale de cabotiner. Enfin, au milieu de cette beuverie masculine, Maria Bonnevie, un des rôles féminins quelque peu consistants. A voir en V.O si possible…