Cela fait désormais pas mal d'années que Thomas Vinterberg s'est détourné du dogme, pour mon plus grand plaisir. Néanmoins, « Drunk » est peut-être celui qui s'en rapproche le plus depuis « Festen » : lumière, photographie, caméra pas à l'épaule mais presque parfois, l'aspect technique m'ayant, à plusieurs reprises, paru vraiment limité. De façon générale, je trouve le film un peu surfait tant celui-ci bénéficie de critiques souvent dithyrambiques. C'est parfois légèrement bavard, ayant du mal à trouver son rythme de croisière, non sans quelques longueurs... Je trouve le scénario légèrement bancal par moments, notamment dans la manière qu'ont les quatre amis de se mettre de plus en plus en danger par rapport à la situation initiale sans que ce soit réellement justifié (du moins partiellement). Reste que sur la question de l'alcoolisme (même indirectement), le traitement est original, souvent intelligent, offrant quelques vraies bonnes scènes pour décrire les différentes étapes de l'engrenage avec éloquence, frôlant le moralisme pour finalement mieux s'en éloigner. L' œuvre pose en définitive de bonnes questions : certes,
un membre de la bande perdra la vie et tous se mettront plus ou moins en danger, mais ils regoûteront aussi à un plaisir et une « ivresse » de la vie qu'ils avaient perdu depuis longtemps, le héros se « retrouvera » avec son épouse, deviendra un professeur infiniment plus intéressant
. La fin est totalement dans cet esprit : ouverte et ambiguë à souhait, pouvant être aussi bien interprétée comme
une sorte de baroud d'honneur avant le retour à la normale comme une perdition définitive
: c'est, à mon sens, clairement elle qui fait basculer le film du bon côté. Excellente interprétation, notamment d'un Mads Mikkelsen de retour au pays, en profitant pour nous faire découvrir des talents insoupçonnés de
danseur (oui, oui, il n'est pas doublé!)
. Bref, si j'attendais une forme plus aboutie de la part du « nouveau » (qui ne l'est plus tant que ça) Vinterberg et une durée moins excessive au vu du contenu, au moins « Drunk » a t-il le grand mérite de proposer sous un angle différent et inattendu un thème souvent rabattu sans nuances au cinéma : intrigant, à défaut d'être enthousiasmant.