Troisième Kubrick que je regarde, deuxième déception. A vrai dire, j’ai du mal à cerner en quoi ce Fullmetal Jacket est considéré comme un chef d’œuvre, à la différence de 2001. Déjà, le projet en lui-même est scindé en deux parties très, voire trop distinctes. La première partie se concentre sur l’entraînement des soldats, avant qu’ils soient envoyés au front. La mise en scène est assez brute. Le spectateur assiste à un enchaînement d’actions dont le seul intérêt semble être de montrer la dureté de caractère nécessaire pour survivre à la guerre. Le commandant cherche à créer de nouveaux hommes, des hommes qui soient « Né(s) pour tuer », comme il est stipulé sur le casque d’un des personnages principaux. L’approche proposée par Kubrick dans cette première partie est louable car elle est différente de ce que l’on nous montre d’habitude sur la guerre du Vietnam. Elle vaut le coup d’œil, rien que pour sa différence et pour le personnage du sergent instructeur (R. Lee Ermey). Fullmetal Jacket s’ouvre sur une scène très forte où ce dernier sermonne ses troupes à peine débarquées. Au début, le personnage fait rire et intrigue. Au bout de trente minutes, entendre les soldats gueuler sans répit devient fatiguant. Leur psychologie est survolée, certains comportements sont difficiles à comprendre. Pourquoi Guignol, publiquement agréable avec Baleine rejoint ses camarades pour lyncher le pauvre soldat dans la nuit ? À aucun moment, la haine de Guignol envers Baleine n’avait été suggérée, ce qui rend la scène assez surprenante. L’évolution de Baleine vers
son tragique dénouement
a en revanche été correctement amenée, mais là, ce sont les conséquences de l’acte qui sont éludées. Suite à cet évènement marquant, Kubrick entame sa deuxième partie, sans explication ni aucune transition. Alors que dans la phase d’entraînement, aucun personnage ne se détachait, ici, c’est le personnage de Guignol qui se tient sous les feux des projecteurs. Pas de chance, ce dernier est profondément antipathique. Oui, il peut nous parler de la dualité de l’homme à la Freud, il n’empêche que ces oppositions dans l’écriture du personnage sont étranges. Il arbore fièrement un symbole de paix tout en se targuant d’être né pour tuer. Il est difficile à cerner, c’est peut-être cela qui le rend peu appréciable. Les personnages retrouvés ou rencontrés dans cette deuxième partie sont, de la même façon, des personnages manquant de charisme. Cowboy est insignifiant, Brute épaisse est comme son nom l’indique un soldat stupide. Les autres sont tellement transparents (Blackboule, Rafterman, Crazy Earl...) qu’il n’y a rien à dire sur eux. Malgré tout, cette partie est un peu plus prenante que celle l’ayant précédée. De l’action, enfin. Guignol et Rafterman, en se rendant au front pour prendre des photos, se rendent enfin compte des horreurs de la guerre. Les villes ravagées semblent plus vraies que nature. Le principal reproche que j’adresserais à cette partie est qu’elle gomme tout ce qui faisait la différence du début du film. Elle présente une approche ultra-classique de cette guerre controversée, bien que présentée à travers les yeux d’un photographe de guerre. Pour résumer : la première partie est originale mais ennuyeuse, la seconde est pleine d’action mais horriblement classique. Un entre-deux aurait pu être bien Mr. Kubrick.