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Caine78
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3,0
Publiée le 26 juin 2015
Pendant un long moment, je n'accrochais pas. On sentait une volonté de donner de la personnalité et du charme à l'entreprise, mais « Voyages avec ma tante » sonnait faux, les dialogues surécrits et les situations sans éclat s'enchaînant avec constance. Et puis, presque d'un coup, George Cukor retrouve enfin un style, une émotion, une élégance, notamment lors des flashbacks où nous découvrons le passé de notre bouillonnante héroïne. Le film gagne ainsi en densité et en profondeur, offrant quelques très beaux moments et pouvant s'appuyer sur la magnifique musique de Tony Hatch, sans oublier un duo Maggie Smith - Alec McCowen tout à fait satisfaisant. Une œuvre mineure dans la carrière de son auteur, mais se bonifiant au fil des minutes pour nous laisser finalement sur une plaisante impression, à l'image d'une scène finale vraiment bien amenée : un petit Cukor vaudra toujours mieux que le tout-venant cinématographique.
Exceptionnel, merveilleux, un film pur comme le cristal. Depuis son passage à la télévision, je le revois chaque année pour un plaisir constamment présent. Les acteurs donnent le meilleur d'eux mêmes ce qui est tout dire, le metteur en scène est à l'apogée de sa mise en scène (restaurant de la gare de Lyon, démaquillage sous la fontaine, fausses excuses tendres et gentilles dans le jardin public...) L'héroïne est à elle seule toutes les femmes que Cukor a aimé diriger (Elles sont plus de 20 et quelles femmes!) Tout beigne dans la perfection. Quelle leçon d'amour et d'humour! Quelle leçon d'intelligence et de vie! Quelle leçon de cinéma! 5 étoiles ce n'est pas assez à mon goût, c'est un minimum. Six pour le film que je choisirais comme mon préféré entre les milliers que j'ai pu voir et revoir depuis mes 5 ans. Un DVD vient enfin de sortir en France en novembre 2014.
En 1972, quand il réalise son antépénultième film avec « Voyages avec ma tante » adapté du roman éponyme de Graham Green, George Cukor qui œuvre à Hollywood depuis 1930 est encore au sommet de sa carrière et de son art. Contrairement à beaucoup de vétérans de l’âge d’or des studios qui comme Billy Wilder, Raoul Walsh et quelques autres ne trouvèrent plus guère de producteurs pour financer leurs films. Il vient en effet de remporter trois ans plus tôt une moisson d’Oscars (huit au total) pour « My Fair Lady ». Pour incarner tante Augusta, l’héroïne du roman, le réalisateur songe bien sûr à Katharine Hepburn qui l’a accompagné sur dix des 53 films qu’il a déjà réalisés. La grande actrice alors âgée de 65 ans n’est tout d’abord que très moyennement intéressée par le roman qu’elle juge comme une suite de saynètes sans profondeur. Mais après relecture elle décide de s’investir dans le projet au point de proposer une version écrite pas ses soins du scénario une fois qu’elle aura repoussé le premier jet rédigé par Jet Presson Alley. La MGM trouve le travail de Miss Hepburn trop terne et surtout la juge trop âgée pour être crédible lors des nombreux flash-backs qui doivent montrer Augusta dans toute la splendeur de son statut de « cocotte » adulée. Hepburn prend très mal ce refus qu’elle estime déloyal au point d’ester en justice. Finalement elle de ne sera pas créditée à l’écriture du scénario et remplacée dans le rôle par Maggie Smith, grande actrice de théâtre anglaise, plutôt rare au cinéma mais qui vient de gagner une renommée mondiale en décrochant l’Oscar pour « Les belles années de Miss Brodie » (Ronald Neame en 1969). Ce voyage initiatique est le lointain cousin féminin des folles aventures de Phileas Fog, le héros du « Tour du monde en 80 jours » de Jules Verne où une demi-mondaine sur le retour se pique d’aller débaucher son neveu, directeur de succursale bancaire réservé et très conventionnel dont la seule passion semble être l’entretien minutieux de sa plantation de dahlias rouges. Ainsi l’extirper de sa routine pour un périple loufoque à travers toute l’Europe, empruntant même le Trans-Europ-Express jusqu’à Istanbul dans le but de réunir 100.000 $ pour payer la rançon du grand amour de la vie d’Augusta. Inutile d’exiger trop de cohérence de cette histoire qui n’a pour but que de laisser libre cours au tempérament volcanique d’une Augusta bousculant tout sur son passage. Maggie Smith seulement âgée de 38 ans et grimée pour interpréter la demi-mondaine en fin de parcours, cabotine sans retenue frôlant par instant un trop plein qui pourrait lasser voire agacer le spectateur. Heureusement le malin Cukor a subtilement contrebalancé la furie d’Augusta avec la candeur parfois lunaire de son neveu formidablement incarné par Alec McCowen. Finalement l’alliance de l’eau et du feu fonctionne, donnant à voir ce célibataire endurci et casanier s’accommoder avec gourmandise de toutes les situations ubuesques où il se trouve embarqué après avoir honni sa tante pour avoir osé même les imaginer. George Cukor qui n’est alors plus un débutant, marche comme il l’a souvent fait au cours de sa prestigieuse carrière sur un fil sans jamais tomber dans le vide. Cette fois-ci, il était tout de même « moins une » comme on dit. Le film foisonnant et tourbillonnant s’avère un peu répétitif par instant donnant ainsi crédit aux craintes initiales de Katharine Hepburn faute d’une intrigue charpentée. Le public de l’époque n’a pas complétement adhéré même si « Voyages avec ma tante » a aujourd’hui acquis aux yeux de certains le statut de film culte.
Prenez garde à ne pas vous y tromper : bien que ce soit George Cukor qui pilote tout ça, ce "Voyages avec ma tante" est typiquement anglais jusqu'au bout des ongles. Ce film, comme beaucoup d'autres comédies finalement, n'est pas du genre à vous faire hurler de rire mais il fait encore mieux que ça : il vous fait voyager ça et là (en Angleterre, en France, en Italie, en Turquie et en Espagne) sans que vous ayez besoin d'aller plus loin que votre salon, il vous colle un sourire malicieux sur la tronche pendant 1h45 et il vous commande presque de vivre à 200 à l'heure sans jamais vous soucier des risques et des emmerdements qui peuvent en découler. Et, pour vous accompagner pendant le voyage, il vous offre une équipe de comédiens explosive et cosmopolite qui s'en donne à coeur joie, emmenée par Maggie Smith qui cabotine à mort, pour son plus grand plaisir, ainsi que pour le nôtre. Ça vaut tous les éclats de rire au monde.
Voyage avec ma tante est un des dernirs films de George Cukor. Pourtant, on y retrouve une énergie de chaque instant. C'est incroyable cette folie qui traverse complètement le film, j'ai vu juste un autre film de Cukor (Indiscrétions) et j'ai l'impression que c'est un peu une marque de fabrique du réalisateur. Après faut adhérer, je pense que ça peut déplaire à certains car c'est proche de l'hystérie par moment, le personnage de Maggie Smith est vraiment très excentrique et pourra en agacer certains à mon avis. Ce que j'aime dans le film c'est donc ça, cette énergie de chaque instant, complètement débordante. J'aime moins ce qu'il en fait par moment. Le film se perd parfois, c'est pas complètement maitrisé, ça part dans tous les sens, ça fait un peu brouillon pour ne pas dire bordélique. D'ailleurs, cela se ressent dans le scénario qui est un foutoir un peu complet. Ca pénalise un peu le film par moment car on a l'impression que les rebondissements sont assez superficiels et juste destinés à faire progresser les personnages vers un autre lieu. Bref, Voyage avec ma tante est un film sympathique et plaisant mais pas non plus inoubliable notamment à cause de l'aspect bordélique qui s'en dégage.
Lors du tournage Cukor était âgé de 72 ans, pourtant il livre ici un film d'une jeunesse incroyable ou justement les personnes les pus âgées ont une jeunesse que n'ont plus les pus jeunes. La mise en scène est remarquable et Maggie Smith étourdissante. Un Cukor moins connue, à découvrir.
Un film de Cukor assez surprenant qui va a 200 a l'heure, on ne s'ennuie pas une seule seconde grâce nottament a l'interprétation des acteurs (nottament Maggie Smith). Le seul "hic" provient des couleurs criardes de cette époque mais qui finalement collent assez bien a l'ambiance du film!
George Cukor signe, pour ce qui est l'un de ses derniers films, dans des années 70 qui ne sont plus vraiment de son "époque", une assez réjouissante comédie mettant en présance une vieille femme à qui on ne donnerait pas le Bon Dieu sans confession (Maggie Smith) et son neveu, terne sous directeur de banque, qu'elle entend entrainer dans des aventures rocambolesques pour, le croit on , se servir de sa naïveté et de son air innocent à des fins malhonnêtes. Mais l'intéressé, d'abord choqué, autant qu'on peut l'être, par un comportement si peu orthodoxe, finira par devenir le confident, le complice, et pour tout dire, le fils (car le film est aussi un mélodrame familial) de sa charmante tantine. Entre film d'espionnage à la Chapeau melon et bottes de cuir, et chronique d'une relation plus humaine qu'il n'y parrait entre deux personnalités opposées, Cukor réussit son coup et nous séduit moins par la fantaisie de l'histoire que par le charme de sa mise en scène.