Ce type de comédies conceptuelles a déjà été vue mille fois au cinéma et si le concept est bon, il peut accoucher de comédies inoubliables (« Un jour sans fin », « Big », …). On en trouvait beaucoup lors des belles heures de la comédie américaine du siècle passé, notamment avec Jim Carrey. Celui-ci se montrait particulièrement habile dans ce genre comme dans « Bruce Tout Puissant » ou « Menteur, menteur », qui rappelle justement un peu le pitch de ce film québécois qui est annoncé comme LA grosse production estivale chez nos cousins canadiens. Mâtinée de fantastique et perclus d’une morale prompte à satisfaire une production calibrée pour la famille, ce « Menteur » est cependant loin de tenir toutes ces promesses. Cet avis et cette notation est peut-être à relativiser un tantinet tout de même car pour un français, avec certaines expressions du français québécois et l’accent, il n’est pas toujours aisé de saisir tous les dialogues parfaitement et peut-être que certaines nuances et traits d’humour nous échappent. En l’état cela n’est tout de même pas la comédie du siècle, loin de là, et elle s’approche parfois des grosses comédies françaises formatées et calibrées à l’extrême dans la façon qu’elle a de vouloir plaire au plus grand nombre et de ratisser large.
C’est surtout le premier tiers qui est calamiteux lorsque le personnage de Simon ment à tous et toutes comme un arracheur de dents. C’est poussif et excessif à tel point que le personnage nous est clairement insupportable et que les situations nous paraissent tout à fait improbables et lourdes. Lorsqu’intervient une pointe de fantastique, que tous les mensonges du personnage principal se réalisent et qu’il doit les défaire un à un, le film trouve son rythme de croisière et parvient à nous arracher quelques sourires et même à nous faire rire, à l’occasion de deux ou trois gags bien sentis (celui avec les parents atroces avec leur progéniture vaut de l’or). Mais on s’attendait vraiment à rire beaucoup plus avec un tel postulat. Si le personnage de la patronne de Simon interprété par une Geneviève Schmidt haute en couleurs et celui de la traductrice, délicieusement écrit, incarné par Catherine Chabot sont bien campés, d’autres sont sous-employés ou excessifs comme celui d’Anne-Elizabeth Bossé.
De plus, « Menteur » a de gros problèmes de rythme, à tel point que parfois il nous apparaît longuet et que paradoxalement à d’autres moments il s’emballe frénétiquement comme sur la fin à l’usine. Et cela vire à l’hystérie des pires vaudevilles du genre type « Ma femme s’appelle Maurice ». En outre, certains gags sont répétitifs : voire Antoine Bertrand (vu dans « Demain tout commence ») se prendre sur la tête tout un tas d’objets fonctionne un moment mais à force c’est lourdingue. Bref, « Menteur » n’est pas la comédie du siècle mais on peut lui reconnaître de vouloir innover au Québec en apportant budget et fantastique dans une cinématographie qui s’aventure rarement dans ces domaines. Mais la réalisation anodine, des problèmes d’écriture et un humour répétitif empêchent de passer un vrai bon moment comique. C’est donc une petite déception sans pour autant que la vision du film soit désagréable, au contraire, si l’on excepte la première demi-heure.
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