Un film familial qui rappelle fortement Deux Frères (oui, le film avec les deux tigres qui nous a brisé le cœur en mille morceaux), mais qui ne sort jamais les griffes. Évidemment, on adore les messages écolos du film : non au cirque "traditionnel" (les animaux sont mieux libres dans la nature plutôt qu'à faire les guignols pour un public bruyant et vivre en cages itinérantes) et oui au cirque "humain" (très beau montage de scènes qui montrent les enfants s'émerveiller face aux alternatives : acrobates, clowns, jongleurs, trapézistes, cracheur de flammes...), et non à l'Homme qui adopte les animaux sauvages comme une portée de chiots (la jeune fille reconnaît son erreur - forcée par les circonstances - à ne pas répéter : un loup n'est pas un toutou, et encore moins en lion). Cette dernière idée pourrait nous sembler farfelue (adopter un lion...), si seulement on n'avait pas lu récemment qu'il existe maintenant plus de tigres détenus par des propriétaires privés que de tigres en liberté... Ça fait mal. D'ailleurs, certainement plus mal que Le Loup et le Lion, qui effleure du bout de la griffe son sujet pourtant engagé. Gorgé de bons sentiments à l'extrême (le dompteur qui
laisse tomber son lion
qui vaut son pesant d'argent - simplement parce que le fiston a dit "c'est pas bien, papa"... Intellectuellement, on ne s'en remet pas), avec la mise en scène qui va avec (les ralentis quand ils se courent après, ou les gros plans sur les visages des bébés sur fond de musique doucereuse), avec des scènes que l'on devine faites au forcing : le making-of nous a révélé que les deux animaux n'ont pas particulièrement d'affinités, ce qu'il était inutile de préciser, cela se voit à l'écran. On ne sent pas vraiment d'alchimie entre les versions adultes, à tel point que l'on essaie de surinterpréter les regards "tristes" du loup (dès qu'il regarde au loin, la caméra fait un gros plan et balance la musique larmoyante à fond, et hop : le voilà qui pense à son ami, le lion, très mélancolique et nostalgique... Mais oui bien sûr). On reste aussi un peu sur la réserve quant au paradoxe moral de ce genre de film animalier : pour dénoncer l'exploitation animale, on utilise quand même des animaux (qui seraient, encore une fois, mieux à courir librement, plutôt que de faire l'acteur), même s'ils sont bien traités (on n'en doute pas une seconde). On espère que d'ici peu, on puisse avoir des effets spéciaux suffisamment crédibles pour se passer d'animaux, et continuer à faire passer le très beau message écolo. Clairement, Le Loup et le Lion s'adresse à un public familial qu'il ravira certainement le temps d'une sortie, mais plonge trop souvent dans le gros sentimentalisme qui atténue sa crédibilité, dommage.