Bac Nord, film de la controverse, de la polémique gratuite n'a rien au fond de si spécial dans son registre qui altère le débat, qui tranche avec une quelconque prise de position autre que celui dépeinte par ses quelques scènes explicites sur la situation de cet Etat qui fiche le camp. Des hommes, seuls, livré à eux-mêmes, dans le pire, comme dans le bon, ou la peur devient unique garantie. Peut-être le meilleur pari du film.
Cédric Jimenez, ne pond à aucun moment une altération politique par le biais de la métaphore ou de l'ancrage solide du clientélisme habituelle de la récup. Au contraire, il dépeint là un monde gris, ou tout le monde se côtoie, se regarde et s'observe par la jumelle dans la défiance systémique de cette situation au bord d'un précipice faisant signe mais ignoré depuis bien trop longtemps. Quand à la solution du film, il n'y en a tout simplement pas ! Alors non vraiment je ne comprends pas certaines de ces " polémiques ", au rabais et facile de surcroit.
Quand au film, parlons-en, enfin, il est au fond d'une certaine banalité ! Jimenez et ses comparses charge le dos de la mule, fonce dans le tas et s'immerge de code et de réf en la matière et carbure sur ces acquis. Il y'a du rythme, on ne s'ennui absolument pas mais la couche est quand même très lourde à certains endroits ... L'interprétation globale de son casting de star de cinéma en démonstration totale ne sert au fond pas vraiment le film, en comparaison avec Les Misérables de Ladj Ly, auquel il est sans contestes un pendant. Qu'on le veuille, ou non, on pense à l'énorme contribution de l'un dans la sensibilité dépeinte et le burinage de ce second. Après, tout n'est pas non plus à jeter pour autant. Lellouche et Civil ont par exemple une ou deux occas' ou ils réussissent des tours de forces assez entêtant.
Bac Nord est de ses longs métrages coriaces, avec des tripes si je n'ose le dire. Qui reprend à bras le corps son immersion et nous livre en y mettant les mains dans le cambouis toute la température de son sujet. A vive allure, ce film possède cette générosité qui gomme ses impairs, qui creuse là ou la température monte et gagne une certaine sympathie.
Bac Nord n'est pas de ses films qui nécessite autant de rancunes car plutôt lisse dans son manque de relief, mais qui y met du cœur, de l'ouvrage dans une entreprise qui ose et prend une déferlante injustifiée ! Un bon petit film en somme, qui relève le genre, se le permet tout du moins.