Soit un équipage d'une BAC, quelque part en France.
Voici "Greg" (Gilles Lellouche), la cinquantaine esseulée et déjà bien cabossée, avec comme unique repère "son officier" (et ami, pense-t-il), "Jérôme" (Cyril Lecomte), "Yass(ine)", en couple avec une fliquette affectée au standard du "17" et bientôt père de famille (Karim Leklou/Adèle Exarchopoulos) et "Antoine" (François Civil), dont le seul compagnon semble être son chien - deux trentenaires.
La BAC est à Marseille, avec comme terrain de chasse les fameux "Quartiers Nord" de la métropole, quartiers de danger, avec un "d", comme "drogue".
Nous sommes en 2012, Manuel Valls est à Beauvau, et le scénario, cosigné Jimenez et Diwan (sa compagne journaliste), s'inspire de faits réels, ayant à l'époque "défrayé la chronique", comme on dit dans les gazettes
: pour mener à bien une opération visant à démanteler une grosse filière de vente de cannabis, leur "tôlier" ayant refusé de prendre dans les saisies de quoi satisfaire l'indic d'Antoine, les trois compères (aidés par toute la brigade, en fait) vont se lancer, en urgence, dans la "collecte" de la drogue nécessaire, directement auprès des clients pris en flagrant délit d'achat ! Jusqu'à réunir les 5 kg requis par "Amel" - c'est une indicatrice.
Le film est, la mise en place faite, grosso modo en deux temps. Crescendo, on pourrait parler de "L'Euphorie" (montée d'adrénaline,
jusqu'à la réussite de l'opération - totale, ce qui change du quotidien d'humiliations des "baqueux", dont la hiérarchie ne veut "pas de vagues", et les envoie au casse-pipe dans ce genre de "quartier perdu de la République", sans états d'âme)
. Suivra, decrescendo, "La Chute" : les trois équipiers
sont accusés d'avoir "racketté" les consommateurs d'herbe, aux fins de revente pour leur profit ; ne pouvant "balancer" à l'IGPN son indic, qu'il est seul à connaître, Antoine se retrouve en préventive, entraînant avec lui Greg et Yass.
La première partie, survitaminée, n'a aucune autre vertu qu'une immersion documentée dans l'univers frelaté, sordide et ultra violent des Quartiers Nord marseillais - déjà fait ailleurs.
La deuxième partie, pré-judiciaire, est plus intéressante.
Le casting est convaincant, le rythme soutenu, la mise en scène efficace (signée Cédric Jimenez - le Marseillais avait déjà pris sa ville natale comme décor de "La French", en 2014 - quand le milieu avait une toute autre consistance dans la cité phocéenne, à l'époque de Gaëtan Zampa, et de la French Connection), mais elle ne va jamais plus loin que celle d'une bonne série télé... sans personnalité marquante.