Réalisatrice, scénariste, productrice, Anja Kreis, de son vrai nom Anna Kruglova, est née en 1988 à Angarsk, région d’Irkutsk, et a grandi à Kineshma, région d’Ivanovo. En 2010, elle est diplômée de la Faculté de littérature et philologie allemande d’Ivanovo, avec une thèse sur l’oeuvre d’Elfriede Jelinek. Elle part alors pour l’Allemagne, à Hildesheim, où elle passe une année de volontariat dans une école pour enfants handicapés. La même année, elle intègre l’Académie des Arts & Medias de Cologne, dont elle sort diplômée en 2016 avec une subvention de la Fondation pour le cinéma allemand. Elle réalise alors son long-métrage de fin d’études, Folle Nuit Russe, qui reçoit plusieurs prix dans des festivals internationaux.
Les personnages et les situations décrites dans le film sont inspirées de faits réels. Il s’agit de trois histoires vraies qui se sont déroulées dans la ville d’Ivanovo entre 2000 et 2010. "Lors de l’écriture du scénario, j’ai mixé ces trois histoires pour en faire une seule. Une histoire qui montre bien cette période où tout s’écroulait, mais aussi qui interpelle le spectateur et le choque par sa structure dramatique. Folle Nuit Russe est, sans aucun doute, mon projet le plus important. C’est mon épreuve du feu en tant que scénariste et réalisateur. Et ce qui est encore plus important pour moi dans la réalisation de ce projet, c'est l'opportunité de prendre position contre l'éventuelle guerre avec l'Ukraine", explique Anja Kreis.
Ivanovo est devenu le centre de l’industrie textile en Russie avant la révolution. Des femmes venant de tout le pays sont arrivées à Ivanovo pour trouver du travail. Ce qui a crée un déséquilibre démographique avec deux fois plus de femmes que d’hommes. Après la Seconde Guerre mondiale, cela s’est encore accentué car beaucoup d’hommes ont été tués au combat. Donc depuis très longtemps maintenant les femmes dominent à Ivanovo. C’est pourquoi, un homme même si c’est un simple ouvrier qui gagne peu, est plus précieux pour les femmes d’Ivanovo que Brad Pitt. Elle sont prêtes à se battre pour cet homme. Les femmes ici sont donc devenues impertinentes, culottées, fortes. Et les hommes vaniteux et fainéants.