De Russie vient d'arriver sur nos écrans, « Folle nuit russe », premier film d’une jeune réalisatrice, Anja Kreis, dont on devrait reparler.
D’une durée assez courte, 1 heure 17, ce qui n’est plus très fréquent aujourd’hui quand ceux qui dépassent les deux heures deviennent presque la norme, il met en scène toute une série de personnages dont on ne devine pas au début les liens qui les relient, quelque part en Russie juste avant l’an 2000, c'est-à-dire à la fin de l’ère Eltsine, la guerre en Tchétchénie, période où tout partait à vau l’eau dans cet immense pays.
Les scènes où une certaine violence apparaît, alternent avec celles où l’humour, russe évidemment, transparaît au travers de personnages parfois haut en couleurs, et bien sûr buveurs et buveuses de vodka, cul sec cela va sans dire !
Puis tout s’emboîte ! Deux familles : l’une d’elle retrouve Anton, un fils parti en Tchétchénie, l’autre est mort là-bas, le troisième, épileptique, qui tient le garage du frère mort, se fait virer du garage par la mafia, la police fermant les yeux. L’autre famille : une jolie jeune fille brune, Vika, espère partir en Allemagne poursuivre ses études, mais est tombée amoureuse d’Anton qui revient de la guerre dans un état psychologique inquiétant.
Il y a aussi deux femmes, témoins de Jéhovah, qui cherchent à recruter en frappant aux portes, les réactions sont particulièrement vives et délicieuses. Puis cet autre, peut-être un type recruté par les témoins, qui vient se faire nourrir chez la mère de Vika, chômeur depuis longtemps quand on a fermé toutes les usines de la ville, et qui exècre le maître du Kremlin.
Portraits de petites gens de la Russie à l’aube du XXI ème siècle. C’est joyeux, mais triste aussi, le comique et le tragique se faisant face tout en s’imbriquant l’un dans l’autre. Anja Kreis s’est entourée d’un groupe d’acteurs inconnus, débutants sans doute, mais à la fraîcheur intacte. C’est remarquablement bien filmé, rafraîchissant, on passe un moment fort agréable avec cet humour russe qui en dit beaucoup sur le ressentiment des gens vis-à-vis de la société.