Steven Soderbergh n'était pas un inconnu en 2001, lui qui avait déjà mis en scène une flopée de thrillers tous plus différents les uns que les autres. Mais c'est avec Erin Brokovich et surtout Traffic, tournés simultanément, que le réalisateur américain va exploser mondialement. Cette adaptation de la mini-série anglaise "Traffik : Le sang du pavot", datant de 1989 et peu connue de tous, est une œuvre incroyablement maîtrisée, passionnante, détaillée et portée par un casting de choc qui en fait sans aucun doute encore aujourd'hui l'un des meilleurs films de Soderbergh... Narrant trois histoires distinctes qui se rejoignent finalement dans un ensemble cohérent portant sur le même sujet (la drogue), le metteur en scène utilise un fil linéaire concis, basé sur de courtes scènes allant à 100/h, volontairement charcutées par un montage tout aussi précis, amenant le spectateur dans une spirale infernale violente et désespérée. Tournant de manière très réaliste, voire même de manière documentaliste, variant les filtres pour chaque histoire (celui se déroulant au Mexique, jaune et sale, est tout simplement hypnotisant), Soderbergh nous livre un drame puissant doublé d'enquêtes policières haletantes où courses-poursuites, fusillades, infiltrations, traitrises et autres problèmes familiaux intenses se mêlent à un même univers. L'interprétation est quant à elle au-delà des espérances, chaque acteur donnant le meilleur de lui-même à travers des prestations sincères, naturelles, sans exagérations et avec une certaine forme d'honnêteté. Quelques acteurs fidèles à Soderbergh comme Don Cheadle, Luis Guzman et Albert Finney sont encore une fois épatants tandis que d'autres figures connues ici soit sur le retour (Steven Bauer, Michael Douglas dans l'un de ses meilleurs rôles) soit en plein essor (Benicio Del Toro, Catherine Zeta-Jones, la jeune et brillante Erika Christensen) complétant un prestigieux casting pour un fabuleux film certes long et parfois complexe mais indéniablement réussi et terriblement addictif. Une perle rare.