Le premier Kubrick que je vois, et je ne m’attendais absolument pas à adorer ce genre de films.
C’est le film le plus étrange que j’ai vu mais dès que le générique de fin a retenti, je savais que j’avais adoré mais je ne comprenais pas pourquoi. Et c’est parce que ce film touche surtout notre subconscient.
« 2001 : L’odyssée de l’espace » est un film de science-fiction philosophique devenu culte et ayant inspiré beaucoup d’autres films du genre.
Parlons d’abord de la mise en scène qui est incroyable, avec la présence de quatre actes retraçant l’évolution de l’homme avec pour point commun l’apparition de cet étrange monolithe qu’on peut voir comme une conscience divine ou extraterrestre ou plutôt comme le symbole de l’envie de l’homme sois de se dépasser sois de comprendre l’univers.
Kubrick utilise des jeux de forme : des cercles pour rappeler tout ce qui est cyclique, des rectangles pour rappeler la perfection et/ou la droiture des règles. Le film joue avec nos émotions nos pensées, il nous fait réfléchir, angoisser.
La BO est incroyable, le thème principal
« Also sprach Zarahoustra »
est bien choisi et on a des frissons chaque fois qu’on l’entend.
Le « beau danube bleu » fonctionne bien mais je vois absolument pas le rapport avec l’espace.
Les autres musiques je connaissais pas, c’était très angoissant et ça marchait bien.
Ce qu’on peut regretter c’est que ce film soit si lent, au jour d’aujourd’hui c’est le plus lent que j’ai vu, la moindre petite action banale est montrée, presque exagérément ralentie. Mais personnellement cette lenteur ne m’a absolument pas dérangé, je ne sais pas ça marchait bien, ou alors le spectacle visuelle était trop prenant.
Car oui encore dans ce domaine là, Kubrick était en avance sur tout le monde : des designs et décors atypiques mais très beaux, des effets spéciaux pas trop nombreux et qui sont plus beaux que ceux des premiers Star Wars sortis dix ans après. Une manière de filmer géniale qui donne le tournis à cause de l’apesanteur. Des plans cultes.
Décortiquons maintenant le film par parties :
La première partie,
l’aube de l’humanité, dans laquelle on peut assister à l’invention de la technologie et à l’évolution de l’animal à l’homme,
est parfaitement réussie, sur tous les plans, c’est d’une intelligence rare. On reprochera seulement que les singes font très marionnettes.
La deuxième partie,
qui montre la technologie qui dépasse l’homme,
est parfaitement inutile je suis bien d’accord.
On nous montre déjà que l’homme est prisonnier et dépendant de la technologie dans la troisième partie et la découverte du monolithe extraterrestre conduisant à la mission Jupiter est de toute façon révélée plus tard aussi dans la troisième partie lors du message vocal de la destruction de Hal.
Néanmoins cette partie reste aussi réussie sur tout les plans mais on aurait quand même pu éviter ses trente minutes, ça aurait amené le film à faire deux heures plutôt que deux heures trente.
La troisième partie effectivement est la meilleure car la plus efficace,
c’est la partie dans laquelle l’homme dépasse la machine.
Encore une fois une prouesse technique. On notera l’absence de musique durant cette partie, on a plutôt des bruitages stressants pour souligner la tension.
Moment de frayeur énorme lorsque Hal prononce sa célèbre phrase « Je regrette Dave, cela m’est malheureusement impossible » et lorsqu’il assassine l’équipage on se prend à le détester.
Beaucoup de répétitions de la deuxième partie mais en mieux, c’est pour ça qu’il aurait fallu supprimer la deuxième partie.
La dernière partie,
celle de l’homme devenant un surhomme
est absolument déconcertante. Je ne m’attendais absolument pas à ça. Toutes ses couleurs et décors sont absolument magnifiques, les jeux de couleur avec l’œil de Dave aussi, la fin très étrange mais la pièce dans laquelle il atterrit fait partie des décors mémorables et le montage, la façon de filmer c’est du génie.
L’interprétation, la morale, maintenant. Il n’y a pas qu’une seule interprétation possible au film « 2001 : l’odyssée de l’espace ». Il y a beaucoup d’interprétations différentes.
Kubrick nous montre notre évolution mais qu’en fin de compte nous sommes restés comme les singes de la première partie, nous utilisons la technologie au service de la destruction et du conflit.
J’y vois une autre interprétation possible, qui s’appuie sur les scènes dans lesquels les personnages sont en visio avec leur famille (dont Christopher Nolan s’inspirera pour son film « Interstellar » !) qui fêtent leurs anniversaires sans eux, et aussi sur la scène de fin : ce film pourrait bien nous dire que nos progrès technologiques et nos désirs scientifiques avancent de façon exponentielles et que nous ferions mieux de vivre nos vies et d’arrêter de chercher toujours plus de confort et d’explications scientifiques, mais plutôt de profiter de la vie. La preuve à la fin, Dave qui se voit vieillir si vite et se retrouve devant la mort.
Mais comment chercher une seule interprétation à un film aussi complexe qui nous parle d’IA, d’extraterrestres, de technologie, de religion, de métaphysique, de progrès scientifiques et de renaissance ? C’est un film qui aborde bien des sujets.
Rappelons aussi le contexte de sortie pendant la guerre froide : le film y est fait beaucoup référence notamment avec la conquête de l’espace opposant américains et soviétiques.
Bon par contre en 2001 les choses ne se sont absolument pas passées ainsi Kubrick a été trop ambitieux.
La fin peut avoir bien des interprétations, « chacun peut y voir ce qu’il veut » a dit Kubrick. Personnellement j’y vois une idée de cycle.
Sûrement un des films les plus géniaux que j’ai vu. Une claque visuelle, musicale et intellectuelle. Une expérience cinématographique unique.