à un bout de la palette cinématographique se trouve le blockbuster holywoodien: stéréotypé, prévisible et superificel, exemple de film dont les salles obscures on de tous temps abondées; le genre de films qui cherche à plaire au grand public, sans se soucier de sa propre qualité. à l'autre bout du spectre, on trouve le film d'auteur ultra personnel, plus rare celui-là, et qui ne sert qu'à une chose: exprimer ce que veut dire le réalisateur, sans se soucier le moins du monde du spectateur. Poussés à leur extrême, le blocbkuter et le film d'auteur sont tous les deux des navets. 2001 serait à classer dans la seconde catégorie. Bien sûr, j'éprouve trop de respect envers Stanley Kubrick pour qualifier son film de grosse merde; pourtant, lors du générique de fin, bon nombre de termes scatologiques auraient été à même de traduire mon ressenti envers 2001. Il faut avant tout reconnaître une chose à ce film: il est unique. Jamais dans toute l'histoire du cinéma nous n'avons eu ni n'aurons jamais plus une oeuvre comme celle-là (et je ne vais certainement pas m'en plaindre...). Que dire? Certes, c'est parfois très beau. Certains plans font preuve d'un talent artistique certain, comme ceux, magnifques, dans lesquels Kubrick défie la gravité; ou les première images, d'une faune disparue et de paysages paradisiaques; ou encore ces plans multicolores parfois à la limite du kish mais qui parviennent à suggérer avec succès le caratère infini et inconnaissable de l'espace; bref, c'est parfois très beau, très poétique, onirique, même, et on ne peut qu'être admiratif quand on sait que ça a été tourné en 1969. Tout cela est sur fond de musique classique, dont je ne rafole pas particulièrement, mais passons. Ajoutons que Kubrick ébauche dans 2001 un univers de Science Fiction extrêmement intéressant, abordant les thèmes de la conquête de l'espace et surtot de l'Intellignce Artificelle, avec le personnage de Hal qui est plutôt réussi. Avec de telles images et un tel univers, on aurait pu avoir une oeuvre d'exception. Mais on ne fait pas un film qu'avec des images et des sons, que diable. Si si, pourrait-on répondre: voyez 2001, qui fait lanterner le spectateur pendant plus de deux heures sans scénario, et qui est pourtant un film. La question qui se pose est donc la suivante: faut-il vraiment appeler cela un film? En effet, 2001 se retrouve épuré de tout fil donducteur scénaristique, à tel point que tout le génie de Kubrick, sensible dans le film, ne trouve aucune ossature sur laquelle se poser, et reste donc dans un état de latence, un peu comme un spermatozoïde qui ne trouverait pas d'ovule à féconder. L'extrême rareté des dialogues minimise l'impact de la psychologie humaine dans l'histoire, laquelle tient toute entière sur une succession d'images toutes plus abstraites les unes que les autres: des singes qui s'affollent autour d'un monolithe noir, des images spatiales à la chaîne, des plans interminables sur l'intérieur de vaisseaux spatiaux...Kubrick a poussé à son paroxysme l'abstraction cinématographique: des images et des sons, presque sans scénario, presque sans personnages. Et tout ça est supposé avoir un "message philosophique" de la plus haute pertinence, transmis par Kubrick au spectateur par une succession de "symboles" cachés dans le film...par exemple, le fait d'utiliser une symphonie nommée "Ainsi parlait Zarathustra" dans la B.O., en référence à l'oeuvre de Nietzsche, est sensé symboliser le dépassement de l'espèce humaine (merci wikipédia). Mais qu'advient-il de ceux qui n'ont pas lu Nietzsche et qui ne connaissaient pas le titre de la symphonie? Ils sombrent dans un état de léthargie de plus en plus profond et commencent à voir en le film de Kubrick un véritable instrument de torture mentale. Ce langage de soi-disant "symboles" cinématographiques serait donc accessible à un certain nombre "d'initiés", qui constituent 0.001% de la popluation, et qui seraient capables de décrypter le "sens profond" du film et d'accéder à son "savoir philosophique". Pour les 99.999% autres, 2001 est certainement l'une des oeuvres les plus pénibles que puisse avoir à regarder un cinéphile durant sa vie. Dommage: avec un tel talent esthétique, avec un univers aussi étendu, Kubrick avait de quoi faire. L'infini de l'espace et du temps sont des thèmes absolument fascinants, qui ont inspiré des générations d'auteurs de Science Fiction, et ce n'est certainement pas Kubrick qui est le plus remaquable. Cette "Odyssée" se révèle être une plongée métaphysico-abstraite dans l'ennui sans fond plutôt que dans l'infinité de l'espace...